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HEXAPLES


pandre, des exemplaires de cette édition séparée des Septante. C’est de ce mouvement que sortirent ces manuscrits de l’Écriture Sainte, que les critiques appellent ujourd’hui la « recension palestinienne ». XI. Versions grecques contenues dans les Hexaples. — Pour les versions des Septante, d’Âquila, de Symmaque et de Théodotion, voir les articles spéciaux. Quant aux versions qu’on a appelées « anonymes », parce que leur auteur est inconnu, la Quinta, la Sexta et la Septima, voici ce qu’on en sait. Eusèbe nous dit qu’Origène, outre les versions d’Âquila, de Symmaque et de Théodotion, en trouva deux autres inconnues, lesquelles étaient restées longtemps cachées. Pour les Psaumes il employa une troisième version trouvée de la même façon. H. E., VI, 16, t. xx, col. 553, 556. — Saint Épiphane et, à sa suite, l’auteur de la lettre en tête de la version arabe d’Aréthas, ne mentionnent que la Quinta et la Sexta. De mens, et pond., 19, t. xliii, col. 268. Cf. S. Jérôme, De viris illustr., c. liv, t. xxiii, col. 665 ; Comment, in Tit., c. iii, t. xxvi, col. 597. Leurs auteurs sont donc inconnus.

1. La Quinta.

1° Lieu où elle fut découverte.. — Les auteurs ne sont pas d’accord sur ce point. D’après Eusèbe, H. E., vi, 16, t. xx, col. 556, on peut conclure avec la plus grande probabilité que la Quinta fut découverte à Nicopolis, sur le rivage d’Actium, et la Sexto dans un autre-endroit non nommé. — Saint Jérôme parait avoir interprété ainsi les paroles d’Eusèbe ; il dit, Prsef. in Hom. Origenis in Cantic. Cantic, qu’Origène a écrit qu’il avait trouvé la Quinta sur le rivage d’Actium, t. xxiii, col. 1117. — Saint Épiphane au contraire soutient que la Quinta fut trouvée à Jéricho, cachée dans un tonneau, sous le règne d’Antonin Caracalla, fils de Sévère, et.la Sexta à Nicopolis, sur le rivage d’Actium. De mens, et pond., 18, t. xliii, col. 265, 268. — 2° Restes de cette version. — On doit regarder comme une chose absolument certaine que la Quinta — et cela est vrai des deux autres versions anonymes — n’embrassait pas tout l’Ancien Testament, mais seulement quelques livres très peu nombreux. Voir Hody, De Bibliorum textibus originalibus, p. 590. Que reste-t-il aujourd’hui de la Quinta f D’après Field, on trouve des vestiges, quoique très faibles, de la Quinta dans Genèse, vi, 3 ; xxxiv, 15 ; xxxv, 19 ; Lev., xi, 31. — Pour le IV Reg., qui était le texte heptaplaire, la version syro-hexaplaire a fait connaître de nombreuses leçons de la Quinta, inconnues auparavant. — Pour ce qui regarde Job, la version syro-hexaplaire ne contient qu’un passage, xi, 4.

— Dans les Psaumes la Quinta est louée à diverses reprises, ainsi que la Sexta. Dans les Proverbes la version syro-hexaplaire cite la’Quinta toute seule notamment dans xxiii, 24 ; xxv, 7 ; xxvi, 17 ; xxx, 31, et montre dans d’autres endroits qu’elle s’accorde avec les autres versions. — Pour le Cantique des Cantiques, Montfaucon avait déjà cité plusieurs leçons du texte grec. Field en a ajouté d’autres de la syro-hexaplaire. — Dans l’Ecclésiastique, la Quinta n’est pas citée. — Dans les petits Prophètes, et spécialement dans Osée, la Quinta joue un rôle assez considérable. Field, Prolegomena, t. i, p. xliii, 2, xliv. — 3° Caractère de cette version.

— Le style de la Quinta est très pur et très élégant. L’auteur peut soutenir la comparaison avec les meilleurs écrivains de son temps. Quant à sa traduction, elle est quelquefois libre ; tantôt il expliquela pensée du texte qu’il traduit, par exemple, Ps. cxl, 7 ; Ose., VI, 2 ; vil, 1, 4, 9 ; tantôt il paraphrase, par exemple, Ps. lvii, 28 ; Ose., vi, 14.

2. La Sexta.

1° Lieu où elle fut découverte. — Nous avons vu que saint Épiphane dit que la Sexta fut trouvée à Nicopolis. — D’après Eusèbe, H. E., vi, 16, t. xx, col. 556, une des versions des Hexaples fut trouvée à Jéricho dans un tonneau sous le règne d’Antonin fils de Sévère. Mais est-ce la Sexta, Ixtijv, ou la

Septima, 1$&6>.if>, dont il venait d’être question dans cet auteur ? Il ne le dit pas. — 2° L’auteur de cette version.

— D’après saint Jérôme, la Quinta et la Sexta furent faites par des auteurs juifs. Adv. Ruf., 34, t. xxiir, col. 455. On peut dire cependant presque sans crainte de se tromper que l’auteur de la Sexta fut un chrétien. Cela ressort de son interprétation de la prophétie d’Habacuc, m, 13 : « Tu es sorti pour délivrer ton peuple, pour délivrer ton Oint. » Saint Jérôme lui-même en a fait la remarque dans son Commentaire : « La sixième version, expliquant le mystère, traduit ainsi d’après l’hébreu : Tu es sorti pour sauver ton peuple par Jésus ton Christ, ce qui en grec se dit : ’EÇîjXBsç toO albaai tôv Xadv <xou 8 ; à’It)<to0v tov Xpiurôv <rou. » T. XXV, col. 1326. — 3° Restes de cette version. — Très nombreuses leçons dans les Psaumes et le Cantique des Cantiques. Il en existe aussi des indices, quoique un peu plus obscurs, dans d’autres Livres. On peut citer comme des leçons certaines, Exod., vii, 9 ; III Reg., xiv, 23, connues pour la première fois par la version syrohexaplaire ; Job, v, 7 ; xxx, 16 ; Amos, i, Il de la syrohexaplaire. — À propos de la prophétie d’Habacuc, iii, 13, dont il a été déjà question, saint Jérôme mentionne, outre la Sexta, deux autres versions anonymes. Comm. in Hab., i, c. ii, t. xxv, col. 1296. Selon toutes les vraisemblances, ces deux autres versions sont la Sexta et la Septima. Field, Prolegomena, 1. 1, p. xlv, 3.

— 4° Caractère de cette version. — Montfaucon serait allé trop loin en affirmant que l’auteur de la Sexta se plaît dans la paraphrase. Il est vrai que ses traductions sont parfois assez singulières, par exemple Ps. x, 2 ; cxxvi, 4 ; Hab., iii, 13 ; mais on ne peut pas dire’qu’il paraphrase toujours. Un seul texte de ceux qui nous restent, Ps. xxxvi, 35, est une vraie paraphrase, et encore très exagérée. À noter aussi dans cette version un mot qui lui est particulier, veavexÔT7|ç. Ps. ix, 1 ; cix, 3. Field, Prolegomena, 1. 1, p. xlv, 4.

3. La Septima.

1° Historique de cette version. — Cette version, au point de vue historique, est la moins connue. On n’a presque aucun renseignement. Saint Épiphane et ceux qui l’ont suivi ne la connaissent pas. Comme nous l’avons déjà remarqué, le mot Ennéaples lui-même, dont cette version occuperait la dernière colonne, n’est ni usité, ni connu. — Eusèbe pourtant connaissait cette version, éêSi(x, r|v. H. E., vi, 16, t* xx, . col. 556. — 2° Restes de cette version. — Saint Jérôme, t. xxvi, col. 597, dit que la Quinta, la Sexta et la Sep~ tima embrassaient surtout les livres poétiques, c’est-à-dire, comme il nous l’explique dans la préface au livre de Job : la plus grande partie de Job lui-même, le Psautier, les Lamentations, et le Cantique des Cantiques. Cependant aucun commentateur ne cite la Septima dans, ces livres. D’autre (part nous avons déjà vu que, à propos d’Habacuc, iii, 13, outre la Quinta, saint Jérôme cite deux autres versions qu’il ne désigne pas explicitement. — Montfaucon avait cru trouver des traces de la Septima dans quatre passages des Psaumes : xxi, 30 ; xlix, 3, 21 ; l, 1. Mais Field montre que de ces quatre passages un seul, xlix, 3, est authentique, et encore ce n’est qu’une répétition de Théodotion. En effet sur ce passage la note de Nobili est : ©. et VII [Walton : Th. et Septima] xazai-(i<jf)-t). Montfaucon note©. Z’. xxcou < i îo’6t). Field conclut sa discussion en disant qu’il n’est nullement absurde de soutenir ou que la Septima n’a jamais existé, ou qu’elle a totalement disparu. Prolegoni., t. i, p. xlvi. Nous nous refusons, quant à nous, à regarder comme possible la première alternative du savant auteur. Eusèbe mentionne explicitement la Septima ; elle a donc dû exister. Si l’on n’en trouve plu§ aujourd’hui aucune trace, c’est qu’elle a disparu. C’est la seconde alternative qui est la plus plausible.

XII. Bibliographie. — Pou r les éditions des fragments des Hexaples, cf. Bernard de Montfaucon, Origenis-