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. HETHEENS — HETTHIM


raient jamais se résigner à vivre en paix dans les limites d’un certain rayon. À plusieurs reprises, les généraux des Pharaons égyptiens avaient été obligés de châtier l’une ou l’autre de ces bandes envahissantes et d’arrêter leurs trop fréquentes incursions. Les tablettes d’elvmarna font très souvent allusion aux incursions des bandes héthéennes. Cf. les lettres d’Azirou, Wincklervbel, Der Thontafelfund von El-Amarna, p. 38, lig. 2129 ; p. 39, lig. 20-27 ; p. 40, lig. 37-40 ; p. 43, lig. 27-32 ; p. 45, lig. 13-26, et celles d’Aktzi, Bezold-Budge, The Tell eUAmarna tablets, n » 36, p. 75, lig. 32-37, et n° 37, p. 76, lig. 9. Ils s’avançaient toujours de plus en plus vers le sud. Déjà sous Aménothep III ils avaient voulu implanter leur suprématie dans le Mîtani, mais ils avaient été repoussés par Dousratta. Sous la xixe dynastie, un prince plus habile que ses prédécesseurs, Sapaloulou, leur donna une puissante cohésion. À ce moment, ils sont définitivement installés entre la Méditerranée, le Liban et l’Euphrate. Le Naharaina entier leur était soumis ; le Zahi, l’Alasia, l’Amourou avaient échappé à l’Egypte pour passer sous la suzeraineté de Sapaloulou ; Charcamis, Tounipa, Nti, Êmath figurent sur la liste des cités de ce prince. Cédés défendait sa frontière au sud. Du côté de l’est, le Mitanni, l’Arzapi, les principautés de l’Euphrate lui rendaient hommage jusqu'à Balikh, peut-être même jusqu’au Khabour. Aussi le Pharaon contemporain, Harmhabl, n’osa-t-il pas se mesurer avec un prince si puissant. Il préféra conclure avec lui un traite qui consacrait la déchéance momentanée de l’Egypte et le renoncement à une partie des conquêtes de Thothmès III. — Il était réservé à Ramsès II de relever la gloire de l’Egypte momentanément éclipsée et de reprendre la lutte contre les Khtti. La campagne de l’an V (vers 1318 av. J.-C.) se termina par la bataille de QodSou ou Cédés, dans laquelle l’armée héthéenne fut mise en déroute. Le roi héthéen Khâtousarou demanda la paix à Bamsès II et elle lui fut accordée. Ramsès retourna triomphant en Egypte et perpétua le souvenir de sa victoire. Il fit retracer sur les pylônes ou les murs des temples les principaux épisodes dé la campagne. Un poème, en strophes rythmées, accompagne partout les tableaux et les représentations, à Louxor, au Ramesséum, dans le Memnonium d’Abydos, à Ibsamboul au cœur même de la Nubie. Voir t. ii, fig. 114, col. 367. C’est le Poème de Pentaour, dont l’auteur est inconnu.

La victoire de QodSou ne découragea pas les Héthéens. Remis de la première émotion, ils reprirent les armes. Ramsès leur disputa pied à pied la vallée du haut Litany et du haut Oronte : il n’osait plus les combattre dans une grande bataille. Après une série de campagnes, il prit la forteresse de Tounipa, ce qui fut une défaite pour les Héthéens et leurs alliés. Les Héthéens toutefois ne se tinrent pas pour battus, et ce ne fut qu’après quinze campagnes qu’ils consentirent à traiter. Un traité fut conclu entre Ramsès II et Khâtousarou, l’an xxi, le 21 du mois de Tybi, dont les clauses principales étaient : égalité et réciprocité parfaite entre les deux souverains, alliance offensive et défensive, extradition des criminels et des transfuges. Cf. Rosellini, M onumenti storici, t. iii, pe 3°, p. 268-282 ; Brugsch, Reiseberichte aus Aegyptens, p. 117-121, et Histoire d’Egypte, p. 146-148 ; E. de Rougé, dans Egger, Étude sur les traités d’un Égyptien, p. 322340 ; Revue archéologique, 2e série, t. xiii, p. 268 ; Chabas, Voyage d’un Égyptien, p. 322-340 ; Goodwin, Treaty of peace between Ramesses II and the Hittites, dans les Records of the past, v sér., t. iv, p. 25-32 ; Wiedemann, Aegyptische Geschichte, p. 432-440. Enfin les liens d’amitié entre les deux souverains et les deux pays se resserrèrent encore davantage par le mariage, en l’an xxxiv, de Ramsès avec la fille aînée de Khâtousarou. Le souvenir de cet événement fut gravé sur la façade du rocher d’IbsambouL

Documents assyriens.

1. Thégïathphalâsar I « r

(vers 1100 av. J.-C.) nous parle dans ses inscriptions de ses campagnes. On voit qu’il vainquit plusieurs peuples. A différentes reprises il est fait mention dès Héthéens. Voici les principaux passages : « 44. Sadiantiru, fils de Hatti, roi — 45. d’Urartinas, vint devant moi. — 46. Dans son pays il saisit mes pieds. » Prisme, col. n. Cf. Schrader, Keilinschriftliche Ribliotheh, Berlin, 1889, t. i, p. 20, 21. Un peu plus loin nous lisons : « 100. 4000 Kaski. — 101. Et les Urumi, soldats des Hatti. » Prisme, col. H. Cf. Schrader, ibid., p. 22, 23. — Dans une autre expédition il est aussi question des Hatti : « 48. J’allai au pays du Suhi — 49. Jusqu'à Charcamis de Hatti. s Prisme, col. v. Cf. Schrader, ibid., p. 32, 33. — Dans une autre expédition qui eut pour théâtre le pays qui s'étend entre le Zab et l’Euphrate, nous rencontrons de nouveau les Hatti : « 43. (Jusqu’au pays) de Hatti et la mer supérieure. » Prisme, col. vi. Cf. Schrader, ibid., p. 36, 37. — 2. Assurnasirpal (885-860 av. J.-C.) dans ses Annales, en racontant ses expéditions contre les peuples de la Syrie, fait également mention des Hatti : « 56. Dans le mois d’Aiar, le 8° jour, je partis de Kalhi, je traversai, — 57. le Tigre, et me dirigeai vers Charcamis, de Hatti. » Annales, col. m. Cf. Schrader, ibid., p. 104, 105. — Plus loin les Hatti sont encore nommés : « 97. Je descendis dans les villes d’ASsa et de Kirhi, situées devant [le pays de] Hatti, Umalia, Hiran. » Annales, col. m. Cf. Schrader, ibid., p. 110, 111. — 3. Sargon (722-705 av. J.-C.) eut encore affaire aux Hatti. Depuis quelque temps les Héthéens avaient perdu leur indépendance. En 717, leur roi Pisiris intrigua auprès de Mita, chef des Moushki, et se proclama indépendant. Sargon marcha contre lui avant que Mita eût eu le temps de le secourir ; il le fit prisonnier, et les pays qui lui obéissaient furent incorporés à Assur. Sargon plaça à Charcamis un gouverneur assyrien qui reçut le titre et les attributions de limmou. Ce fut la fin de la puissance des Héthéens ; leur nom même ne tarda pas à disparaître de l’histoire. Annales de Sargon, lig. 46 50. Cf. Oppert, The Annals of Sargon, dans les Records of the past, i » sér., t. vii, p. 30-31 ; Winckler, Die Keilschrifttextè Sargons, t. i, p. 10-11.

Inscriptions de Van.

Ces inscriptions datent

du IXe et du vin » siècle avant J.-C. Elles nous font connaître les démêlés que les rois proto-arméniens de Van eurent avec les Héthéens. Menuas, roi de Van, s’empare sur la rive gauche de l’Euphrate de plusieurs villes héthéennes et fait prisonniers des soldats du pays d’Alzi. Sayce, The cuneiform inscriptions of Van, dans le Jouitial of the asiatic Society, 1882, xiv, 3 ; 1888, xx, 1, n. xxxii, lig. 5 et suiv., et les Records of the past, nouv. sér., t. i, p. 166. — Dans une autre expédition, dont la stèle de Palu nous a conservé le souvenir, le même roi bat le roi de Gùpas et les Héthéens, puis le roi de Mélitène, dans les environs de Palu. Sayce, ibid., n » xxxiii, lig.2. Argistis I er, fils de Menuas nous apprend qu’en marchant vers le pays des Héthéens, il conquit le pays de Niriba et la Mélitène. Sayce, ibid., n » xxxviii, lig. 5, 12 ; Records of the past, nouv. série, t. iv, p. 118.

Bibliographie. — Outre les ouvrages déjà cités, voir C. de Cara, Gli Hethei-Pelasgi, in-8°, Rome, 1894 ; L. de Lantsheere, Hittites et Omorites, Bruxelles, 1887 ; Halévy, Introduction au déchiffrement des inscriptions pseudohittites ou anatoliennes dans la Revue sémitique, t. i, p. 55-62, 126-137 ; Jensen, Grundlagen fur eine Entzifferung der Hatischen oder Cilicischen Inschriften, dans la Zeitschrift der deutschen Morgent . Gesellschaft, t. xlviii ; F. Vigouroux, Les Héthéens de la Rible, leur histoire et leurs monuments, dans les Mélanges bibliques, 2e édit., 1889, p. 329431. V. Ehmonj.

    1. HETTHIM##

HETTHIM (hébreu : ha-Hittim ; Septante : XettCv)