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HÉTHÉENS


des proto-Arméniens faisait partie du même groupe. » De la race, p. 173-176. Enfin, c’est aussi dans le groupe proto-arménien que Jensen cherche la souche de la langue héthéenne. Le mystère n’est pas encore éclairci.

VI. Religion.

On n’a que de très vagues notions sur la religion des Héthéens. Jensen résume la question dans ce qu’on pourrait appeler }e canon suivant : Les noms Tpoxo (et ses variantes) Pio-, la-, A-, TsSi-, Nevet Oua, qu’on rencontre comme préfixes dans certains noms propres, sont des noms de dieux ; par exemple : TpoxoÇapii-a-c, Pu-ïap(j,-a-{, Ia-ïap|i-a-ç, A-Çap(j,-a-c, TeSi-ap-i ;, Nev-ap-i-c, Oua-a-t-ç. Hittiter, p. 150. D’après les travaux d’E. de Rougé, Leçons professées au collège de France, dans les Mélanges d’archéologie égyptienne et assyrienne, t. ii, p. 274-275, 278-280 ; de Fr. Lenormant, Les Origines de thistoire, t, iii, p. 305-313 ; de Wright, Theempire of the Hittiles, i n édit., p. 73-78 ; de Max Millier, Asien und Europa, p. 330-331 ; de Maspero, Hist. anc., X. ii, p. 354-356, qui s’appuient tous sur le traité de Aamsès II avec Khatousarou, dont les dernières clauses (lig. 26-32, 36-37) invoquent les dieux de l’Egypte et ceux des Khîti, cf. le texte dans Bouriant, Notes de voyage, dans le Recueil de travaux, t. xiii, p. 157-160, les Héthéens reconnaissaient une multitude de génies secondaires, lesquels hantaient la tempête, la mer, les nues, les fleuves, les sources, les bois, les montagnes ; au-dessus de cette foule de génies secondaires^ régnaient des dieux souverains de la foudre ou de l’air, des dieux Soleil, des dieux Lune, dont le principal, regardé comme le Père de la nation, s’appelait Khati. Les Égyptiens, à partir du moment où ils furent en contact avec les Héthéens, se représentèrent certains de ces dieux sous la forme de leur Râ, d’autres sous celles de Slt ou Soutkhou, le patron des Hiksôs ; chaque ville possédait son dieu titulaire, son Soutkhou : on avait ainsi Soutkhou de Palipa, Soutkhou de Kissapa, Soutkhou de Sarsou, Soutkhou de Salpina. De même, à leurs yeux, leurs déesses devenaient des Astarthés, semblables aux Aslarthés chananéennes ou phéniciennes. — Les principaux dieux étaient : M aourou, Qaoui, déduits de Maourousarou et Qaouisarou, noms portés par certains Héthéens ; Targou, Targa, Targanou, Khéba, Khépa, Khipa, Tishoubou, Shaousbi.-rTargou, Targa, s’assimile au dieu Tarkhou, contenu dans certains noms propres, par exemple : Targanounasa, Targazatas, des inscriptions assyriennes et grecques. Sayce, The monuments of the Hittites, dans les Transactions of the Society of biblical Arch&ology, t. vii, p. 284-286 ; Jensen, Vorstudien' zur Enlzifferung, desMitanni, dans la Zeitschrift fur ~Assyriologie, t. vi, p. 70 ; Sachau, Bemerkungen zu CiliscJien Eigennamen, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, tlvii, p. 90-94. Ce dieu a été rapproché du dieu cosséen Tourgou. — Khéba, Khépa, est contenu dans certains noms de princesses, par exemple : TadouftAîpo, Gioûkhîpa, Pouoiikhipa ; pour certains savants Khéba serait une dénomination de Ramman. Boissier, Notes sur les lettres de Tell-eUAmarna, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. vil, p. 348. — Tischoubou serait identique au Tessoupas, mentionné dans la lettre de DouSratta, écrite en mitanien, Sayce, The language of Mîtanni, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. v, p. 269-270 ; Jensen, VorÇtudien zur Entzifferung des Mîtanni, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. vi, p. 59-60, 65-66, 68, et au TouSoupou d’une autre lettre du même, Bezold-Budge, The Tell el-Amarna tablets, n° 8, p. 18, 2, lig. 15, 75 ; Zimmern, Briefe aus dem Funde in El-Amarna, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. v, p. 154-155, 162-163, et d’une dépêche de Tarkoudaradous. Abel-Winckler, Der Thontafelfund von El-Amarna, n » 10, lig. 22. Ce dieu était le maître de l’air et de l’orage ; c’est le Rammân des Assyriens ; cette identification résulte d’une tablette assyrienne publiée par Bezold dans les Proceedings of the Society of biblical Archxology, 1886-1887, t. ix, p. 377,

et À cuneiform List of gods, ibid., 1838-1889, t. xi, pi. i, lig. 18. Sayce, The Language of Mîtanni, dans 1° Zeitschrift fur Assyriologie, t. v, p. 269-270, et Jensen, Vorstudien zur Entzifferung des Mîtanni, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. vi, p. 59-60, ont déterminé la nature de ce dieu. — Shaousbi (Abel-Winckler, Der Thontafelfund von El-Amarna, pl. xxxiii, lig. 98) a été identifié avec IStar ou Shala par Jensen, Vorstudien zur Entzifferung des Mîtanni, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. v, p. 202, note 1, t. vi, p. 71. — On ne connaît pas bien la nature et les attributs de ces dieux. La plupart paraissent être des hommes ou des femmes de taille gigantesque, parés comme des princes ou des princesses. Ils brandissaient soit leurs armes, soit les insignes de leur autorité : une fleur, une grappe de raisin ; ils recevaient les offrandes assis sur un siège devant un autel, ou debout sur un animal qui leur était consacré : lion, cerf, bouquetin. Perrot, Histoire de l’art, t. iv, p. 525-526, 549-550, 767. — Le culte s’exerçait surtout sur le sommet des montagnes, auprès des sources, dans des grottes mystérieuses, où la divinité se révélait et accueillait ses dévots au jour des fêtes solennelles. Ces fêtes et cités religieuses, telles qu’elles étaient à l'époque grecque, sont décrites dans Strabon, XII, ii, 3, 6, 7, p. 535, 536, 537. Si l’on excepte certains rites, l’institution en remonte aux Héthéens eux-mêmes. Ramsay-Hogarth, Pre-liellenic monuments of Cappadocia, dans le Recueil de travaux, t. xiv, p. 77.

.VII. Monuments. — Les monuments que nous ont laissés les Héthéens consistent principalement en inscriptions. Ces inscriptions se divisent en deux groupes : les unes ont été recueillies dans le pays même, qui servit de centre aux Héthéens ; ce sont les inscriptions in situ ; les autres ont été trouvées dans différentes contrées où émigrèrent les Héthéens ; ce sont les inscriptions de la dispersion. De plus, au point de vue de leur nature, les unes sont de simples inscriptions, les autres sont des inscriptions gravées sur un monument, un sceau, une dalle, une statue, etc. Eh voici la liste ?

1° Inscriptions trouvées sur place (in situ). — Elles sont groupées sous 25 étiquettes. — 1. Cinq inscriptions trouvées' à ffamath, l’actuelle Hama en Syrie ; elles ont été publiées par Rylands dans les Transactions of the Society of biblical Archœology, t. vii, p. 432, et de là par Wright, The empire of the Hittites, 2e édit., 1886, pl. i etsuiy. — 2. Une inscription trouvée à Alep, Haleb, dans le nord de la Syrie ; publiée par Wright, ibid., pl. v. — 3. Une inscription trouvée sur un torse, au milieu d’un amas de décombres, à 'Amk, non loin de l’ancienne Gindarus sur l’Afrin ; actuellement au musée de Berlin. — 4. Une inscription trouvée près à'iskenderun (Alexandrette) ; publiée par Menant, dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1890, p. 241, 243. — 5. Un grand nombre d’inscriptions trouvées à Djérabîs sur l’Euphrate ; les principales ont été publiées dans les Transactions of the Society of biblical Archœology, loc. cit. ; complété par Wright, op. cit., pl. vin et suiv., et xixetsuiv.— 6. Inscriptions trouvées àMar’ai, dans l’ancienne Commagène ; transcrites en grande partie par Humann et Puchstein, Reisen in Kleinasien, Atlas, pl. xlviii. L’inscription dite du lion a été transcrite par Rylands, dans les Proceedings of tlie Society of biblical Archxology, 1887, p. 374 et suiv. ; une autre a été publiée, d’après la copie de Munro, par Ramsay et Hogarth dans le Recueil de travaux, t. xv, pi. il. — 7. Une inscription trouvée à Samsat sur l’Euphrate ; publiée par Humann et Puchstein, op. cit., pi. XLix. — 8. Une inscription trouvée à Izgin, au nordouest d’Albistan ; publiée par Ramsay et Hogarth, dans le Recueil de travaux, t. xv, pl. i-ii. — 9. Une inscription trouvée à Palanga, publiée par Ramsay et Hogarth, ibid., t. xv, pl. m. — 10. Deux inscriptions trouvées près d’Ordosu, au nord-ouest de Malatya ; publiées par