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HÉTHÉENS


vision, construit des forteresses sur chacun des gués qui mènent de la rive syrienne à la rive mésopotamienne, Tourméda ou Thapsaque, Charcamis, au gué central. Movers, Die Phônizier, t. ii, part. ii, p. 164. Cette dernière ville était le passage préféré, l’entrepôt des caravanes et l’une des Tilles principales des Héthéens, qui subirent tant d’oscillations et de bouleversements. La situation géographique explique fort bien la vie agitée de ce peuple si énergique.

II. Caractères physiques et coutumes.

Type.


Les Héthéens présentent sur les monuments des traits tout à fait particuliers, qui les distinguent des populations sémitico-chananéennes : « Leur type les distingue nettement des nations auxquelles ils confinaient vers le sud. Les dessinateurs les représentent brefs et épais de taille mais vigoureux, bien membrus, larges d'épaules et d’encolure pendant la jeunesse, souvent obèses avec l'âge. Leur tête est longue, lourde, front déprimé, menton moyen, nez proéminent, sourcils et pommettes saillants, yeux petits, obliques, enfoncés sous l’arcade ; bouche charnue encadrée à l’ordinaire entre deux sillons profonds, car nation d’un blanc jaunâtre ou rougeâtre, plus claire que

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142. — Types héthéens du temps de Ramsès II.

celle des Phéniciens ou des gens d’Amaourou. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 353 (Voir fig. 142). Cf. aussi SayceMénant, Les Héthéens, Histoire d’un empire oublié, in-12, Paris, 1891, p. 6, et Sayce, TheRaces of the Old Testament, in-12, Londres, 1891, p. 132-140 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. iii, , p. 279-286 ; Max Mûller, Asien und Europa, p. 331 ; de Lantsheere, De la race et de la langue des Hittites dans le Compte rendu du congrès scientifique international des catholiques, 1891, vi « section, p. 171, où sont énumérés, d’après les photographies prises en Egypte par M. Flinders Pétrie, Racial plwtographies from the egyptian monuments, les types des deux groupes bien distincts : le groupe sémiticô-chananéen et le groupe héthéen. — D’après certains savants, des populations de type semblable subsisteraient aujourd’hui encore en Cœlésyrie : Conder, Heth and Moab, p. 16, 22 ; et en Anatolie : Wilson, Récent biblical research in Palestine, Syria and Asia Minor, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1884, p. 49. — 2° Coutumes et manière de vivre. « Leur vêlement journalier consistait tantôt en une chemise à manches courtes, tantôt en une sorte de pagne, plus ou moins ample selon le rang de l’individu qui le portait, et retenu aux reins par une ceinture ; ils y joignaient un manteau étroit, rouge ou bleu, garni de franges comme celui des Ckaldéens, qui leur passait sur l'épaule gauche et sous l’aisselle droite, de manière à leur dégarnir une seule épaule. Voir t. ii, fig. 203, col. 585. Ils se chaus saient de mocassins a semelle forte, recourbés sensiblement de la pointe, et ils s’enfermaient les mains dans des gants qui leur montaient à mi-bras. Ils se rasaient la moustache et la barbe, mais ils épargnaient leur chevelure. Voir t. ii, fig. 218, col. 619 ; ils la divisaient seulement en deux ou trois mèches qui leur retombaient sur le dos et sur la poitrine. Le roi coiffait comme insigne un haut bonnet pointu, qui rappelle d’assez loin la couronne blanche des Pharaons. Leur costume était, dans son ensemble, mieux étoffé et pjus pesant que celui des Syriens ou des Égyptiens. » Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 353-354 ; Cf. Osburn, Egypt, her testvmony to the truth, in-8°, Londres, 1846, p. 130-132 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. iii, p. 297299, 303-305 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 562-564 ; Max Mûller, Asien und Europa, p. 324330. — « Ce qu'étaient les villes et la vie privée du menu peuple et des grands, nous ne l’imaginons guère. Une partie au moins des paysans devaient s’abriter dans des villages à demi souterrains, semblables à ceux qu’on nous signale encore de ces côtés (Perrot, Hist. de l’Art, t. iv, p. 587) ; les citadins et les nobles avaient adopté la plupart des coutumes et des modes chaldéennes ou égyptiennes en usage chez les Sémites de Syrie. » Maspero, Hist. anc., t. ii, p. 354.

III. Organisation politique, sociale et militaire. — On ne possède que très peu de renseignements sur ce sujet ; les textes seuls eussent pu nous instruire, et les textes sont extrêmement rares. Nous emprunterons au même historien tout ce qu’il est permis d’affirmer actuellement sur cette matière : « Nous devinons qu’elle (l’organisation politique) était féodale, èl que chacun des clans avait son prince héréditaire, comme il avait ses dieux : l’ensemble obéissait à un roi commun, et il agissait avec plus ou moins d’efficacité, _ selon le tempérament et l'âge de ce souverain. Les contingents particuliers, tant qu’ils furent convoqués ou menés avec mollesse par un chef incapable de les fondre en une masse unique, ne pouvaient pas produire une impression sérieuse sur les vieux régiments égyptiens bien dirigés par des généraux vigoureux : ils contenaient néanmoins les éléments d’une armée excellente, supérieure pour la quantité et la qualité des soldats à toutes celles que la Syrie avait mises en ligne jusqu’alors. L’infanterie ne comptait qu’un nombre restreint d’archers ou de frondeurs. Elle ne portait à l’ordinaire ni bouclier, ni cuirasse, mais seulement un bonnet rembourré, orné d’une floche et servant de casque. Le gros en était armé de la demi-pique et de l'épée en couperet, ou plus souvent du glaive court à poignée grêle, à lame plate et de tranchant double, très large vers la base et très pointue ; elle combattait en phalanges épaisses, dont le choc devait être rude à affronter, car elle se recrutait pour une part au moins parmi les montagnards du Taurus, robustes et âpres à la peine. Max Mûller, Asien und Europa, p. 321-329. La charrerie comprenait la noblesse et l'élite des guerriers, elle possédait un matériel et une tactique assez différente de ceux des Égyptiens. Ses chariots pesaient plus, et la caisse, au lieu de s'évider, avait sur les côtés des panneaux pleins, dont le rebord supérieur tantôt se coupait presque en carré, tantôt se raccordait au plancher par une courbe disgracieuse. Elle était frappée sur le devant de deux disques en métal, consolidés de lames en cuivre ou en bronze parfois dorées ou argentées ; on n’y voyait point les étuis et les carquois qui ne manquent jamais aux chars égyptiens, car les soldats qui la montaient recouraient rarement à l’arc et aux flèches. Ds étaient trois, le cocher, l'écuyer, chargé de protéger ses compagnons au moyen d’un petit bouclier carré ou rond, à double échançrure latérale, le gendarme enfin, qui maniait l'épée et la lance, » Maspero, Hist. anc., t. ii, p. 356-357. Voir, fig. 143, un char héthéen d’après le basrelief de la bataille de Qodsou(Cédès), reproduit dans Cham-