Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

€69

HETH — HÉTHËENS

.670

mot hébreu, tantôt d’une façon, tantôt d’une autre, par exemple Amatlixus et Hatnatheeus =’nnn ; Ammon

et Hamon = fian ; Chusai et Huai = >*m ; etc. Il est

donc impossible de reconstituer les noms propres hébreux d’après l’orthographe de la Bible latine sans recourir au texte original, d’autant plus que la Vulgate a employé aussi quelquefois la lettre h pour transcrire le hé et même l’aleph, comme on le verra un peu plus bas, et plus souvent encore pour transcrire le aïn hébreu, dont il est nécessaire de dire ici quelques mots pour compléter ce qui concerne la transcription du heth et des autres gutturales dans les Septante et dans la Vulgate.

Le aïn, y, est une autre gutturale forte, également inconnue à nos langues. Une prononciation double a existé pour le ot » comme pour le heth, à en juger par les transcriptions des Septante et par la langue arabe. Celle-ci distingue le aïn faible, c, et le ghaïn, à, ou aïn fort. Le ghaïn des Arabes est un son rauque provenant du fond de la gorge et approchant de celui de la lettre r. Les Hébreux prononçaient aussi le aïn fort du fond de la gorge en l’accompagnant d’un certain nasillement. En somme, la aîn a beaucoup d’affinité avec le heth. Les Septante ont rendu le aïn faible, qui était le plus commun, comme le heth faible, tantôt pour un esprit doux : ’AjiocXéx = p^DT ; tantôt par un esprit fort : ’Eëpaîoç =

na » ; tantôt, à la fin des mots, par une sorte da voyelle furtive : ’ûai]l = yurtn ; TeXêoué = v’zhi. Le aïn dur est Tendu en grec par f : TâÇa = ïwï ; rô[to^a = rnby ; VtêiX = bs>y ; Sôyopa = "irtt. — La Vulgate, qui a généralement conservé les noms propres tels qu’ils étaient transcrits dans les Septante, parce que leur prononciation « tait déjà en. usage dans l’Eglise latine, a aussi Gaza, Gomorrha, Gebal, Segor. Quant au aïn faible, la Vulgate l’a rendu quelquefois, comme le heth, par un ii, d’autres fois elle n’en a tenu aucun compte dans ses transcriptions. Ainsi elle écrit Hebrœus = nay ; He man = p>n et Ebal = Sa » ?, (quoique les Septante écrivent r<xiëâX et Josèphe, riëiXoç) ; Enan = p>y, etc.

T "

Enfin elle n’est pas toujours conséquente dans son orthographe et nny devient Hadaia, II (IV) Reg., xxii, 1 ;

TT- :

Adaïas, I Par., ix, 12, etc.

Nous devons enfin remarquer que la lettre h ne sert pas seulement à représenter dans la Vulgate le heth et le aïn ; elle représente aussi quelquefois le hé : Haccus = Yipn, I Par., vii, 90, Hod =-rirt, I Par., vii, 37, et même, quoique très rarement, l’aleph : Huzal = Stw, IPar., i, 21 ;.HeKswr=Tix>S », Num., x, 18.— C’est faute s d’avoir ignoré ces particularités orthographiques des Septante et de la Vulgate que certains commentateurs ont fait deux personnages d’une même personne, par exemple de >nHn, écrit Husi, III Reg., iv, 16, et Chusaï,

II Reg., xv, 32 ; ou bien une seule personne de deux personnages différents, comme Dtay, le prophète, et

vira », père d’Isaïe, dont les noms sont transcrits également par Amos dans la Vulgate. Voir Amos, 1. 1, col. 512.

F. Vigouroux.

    1. HÉTHALON##

HÉTHALON (hébreu : Hè(lôn), ville inconnue nommée dans Ézéchiel, xlvii, 15, et xlviii, 1, comme située sur la frontière septentrionale de la nouvelle Terre Promise, en partant de la mer Méditerranée et en se dirigeant vers Sédada et Émath. Les Septante ont traduit Héthalon, dans le premier passage du prophète, par TCptaXiîqû<jr, ç, et dans le second, par 7tepi<j^iÇovTO ;, « coupant. » On ne peut faire que des hypothèses sur la situation de cette ville. Certains géographes pensent que « la

route d’Héthalon » est celle qui conduit du rivage de la Méditerranée, en passant par l’extrémité septentrionale du Liban, à la grande plaine d’Émath. J. L. Porter, Five years in Damascus, 2 in-12, Londres, 1855, t. ii, p. 356. D’après Furrer, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstinfi Vereins, t. viii, p. 27, Héthalon est la moderne Heitéla, située à deux heures environ de la Méditerranée, entre le Nahr elr-Kebir et le Nahr’A kkâr. D’après le P. J. van Kasteren, c’est la moderne Adloun, à une lieue et demie au nord du Qâsimîyéh, sur la route de Tyr à Sidon. Voir Chanaan 2, t. ii, col. 535.

    1. HÉTHÉENS##

HÉTHÉENS (hébreu : Hiffi ; ptur. : Hiftim ; fém. : Hitfif ; ptur. : Hiffôt /Septante : Xettœîoi ; Vulgate : Hethsei), descendants de Heth, Gen., xv, 20, une des nombreuses populations qui occupèrent le nord de la Syrie. Sur les monuments égyptiens, ils portent le nom de

Khtti, ® ; c’est ainsi que dans le récit de la bataille de

QodSou [voir Cédés, t. ii, col. 367], Ramsès II nous parle du « vil prince des Khlti », des « vils » ou plus exactement des « vaincus », des « tombés des Khlti » ; les textes cunéiformes classiques les nomment : f ï< tz^ *~~*J <> Ha-at-ti ; dans les Inscriptions de Tell el-Amarna ils sont appelés : g|" ►— « J <, ffat-ti, ou f J < >— >[ <, Ha-ti ; leur pays est désigné dans les textes assyriens par mât Hâfti : -^ f J (, t^ » — ] i, mat Ha-at-ti. Ge senius, Thésaurus, p. 541, fait dériver Héthéen du mot hébreu haf, t crainte. » Il est plus communément admis aujourd’hui que ce nom n’est pas d’origine sémitique. D’après Jensen, Hittiter und Arménien, in-8°, Strasbourg, 1898, les Héthéens appartiennent, au point de vue ethnographique, à la race arménienne et H’tti veut dire « Arménien ». On ne sait pas actuellement si les KrJTetoi d’Homère, Odyss., xi, 521, sont les mêmes que les Héthéens de la Bible et des textes égypto-assyriens. Quoi qu’il en soit, le nom héthéen, hittite, paraît s’être

conservé dans les villages actuels : Hatta (UÎ& » ) et Kefr Hatta en Palestine, et Tell Hatta, non loin de Kadés sur l’Oronte.

I. Géographie.

Il n’est pas possible de tracer d’une manière uniforme la géographie des Héthéens. Ce peuple mena en effet, pendant une grande partie de son existence, une vie nomade et vagabonde ; dans cette période de son histoire, ses limites géographiques se déplaçaient continuellement. Nous ne pouvons donc qu’esquisser la géographie des Héthéens à l’époque de leur vie stationnaire, alors qu’ils occupaient la contrée où les rencontrèrent les expéditions égyptiennes et assyriennes. Les Héthéens vécurent, personne ne peut dire pendant combien de siècles, derrière les Araméens, au delà du Naharalna, dans les replis de l’Amanus et les profondes vallées du Taurus ; vers le xvie siècle avant J.-C, Thotmès III nous les montre établis entre l’Afrin et l’Euphrate. Le mât Hatti était donc situé au nord de la Syrie ; il était limité au sud par le Naharalna, le pays d’Amourou [la Samarie] et le Zahi ; à l’est, par le Mitani et le Schoubarti ; au nord, par le Hanigalbat, le Kummuh et le Tabal ; à l’ouest enfin, par le Kui et les monts Âmanus et Taurus. Leurs principales villes furent tour à tour Charcamis, t. ii, col. 584 ; Cédés, t. ii, col. 367, une de leurs capitales, et Alep, t. i, col. 343. Une foule d’autres peuplades gravitaient dans ce milieu : tels étaient les peuples de Gangum, Patin, Milid, Tabal, Kummuh, Kasku et de la Cilicie. Situé entre les deux principaux États du monde antique, le pays des Héthéens ne tarda pas à devenir un des marchés les plus importants et les plus riches de l’Orient. Les caravanes, au lieu de traverser directement le désert, remontaient la vallée du Nazana et de l’Oronte, pour aller rejoindre le Cours de l’Euphrate et, de là, redescendre à Babylone. Les Héthéens avaient, par pré-