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HÉRODE ANTIPAS — HÉRODE AGRIPPA I"


Arabes, qu’il épousa la fille de leur roi Ârétas. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1. Antipas eut aussi comme son père le goût des constructions grandioses. Il bâtit la ville de Tibériade sur la rive occidentale du lac de Génésareth. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 1-3 ; Bell, jud., II, ix, 1. Pendant le gouvernement de Pilate, 26-36 après J.-C, Antipas se fit l’interprète des doléances des Juifs contre le procurateur, notamment lorsque celui-ci plaça un bouclier votif sur la tour Antonia. Philon, Légat, ad Caium, 30. Cette attitude fut la cause de l’inimitié qui exista entre ces deux personnages jusqu’au moment où Pilate envoya Jésus devant Hérode, durant la passion. Luc, xxiii, 12.

Pendant les dix dernières années de sa vie, Antipas fut sous la domination d’Hérodiade. Il avait conçu pour elle une violente passion, [lors d’une visite qu’il fit à son frère Hérode Philippe I er. Les deux complices convinrent qu’Antipas abandonnerait la fille d’Arétas et épouserait Hérodiade, ce qui fut fait. Voir Hérodiade. Nous avons dit plus haut comment saint Jean-Baptiste reprocha ce crime à Hérode et périt martyr de son zèle. Le roi Arétas vengea par une guerre l’abandon de sa fille et détruisit l’armée d’Antipas. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1. Tibère donna à Vitellius, gouverneur de Syrie, l’ordre de s’emparer d’Arétas mort ou vif, mais la mort de l’empereur survint peu après, Vitellius se crut dispensé d’exécuter Tordre qu’il avait reçu et la défaite d’Antipas resta impunie. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1-3. L’ambition d’Hérodiade fit perdre à Antipas son gouvernement et sa liberté. Lorsque Caligula eut donné à Hérode Agrippa I er la tétrarchie de Philippe et le titre de roi, Hérodiade, sœur d’Agrippa, en conçut une vive jalousie et excita son mari à demander, lui aussi, la dignité royale. Antipas était peu disposé à cette démarche, mais il céda à sa femme et vint à Rome, accompagné par elle. Voir HÉ-RODE 6. Agrippa envoya immédiatement un représentant qui accusa Anlipas de complot avec Séjan et avec le roi des Parthes Artaban ; il en donnait comme preuve les approvisionnements d’armes faits par Antipas. Celui-ci ne parvint pas à se justifier, fut déposé de sa tétrarchie et exilé en Gaule où il mourut. Josèphe, Ant. jud., XVIII, vii, 1-2 ; Bell, jud., II, ix, 6 ; Dion Cassius, lix, 8. Lorsque saint Marc, vi, 14, donne à Hérode le titre de roi, il se sert du langage populaire ; ce prince n’a jamais porté que le titre de tétrarque qui lui est donné Matth., xiv, 1 ; Luc, iii, 19 ; Act., xiii, 1, etc. Cf. Corpus inscriptionum grsec, n » 2502 ; Bulletin de correspondance hellénique, 1879, p. 365 ; Madden, Coins of theJews, in-4°, Londres, 1881, p. 118-122. Voir E. Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes itn Zeitalter Jesu Christi, in-8°, Leipzig, t. i, 1890, p. 306, 337, 342-344, 347, 358-374, 460-462. E. Beurlier.

4. HÉRODE PHILIPPE l" ( « ÊtXimro ;), fils d’Hérode le <ïrand. Hérode Philippe eut pour mère la seconde Mariamne, fille du grand-prêtre Simon. Josèphe, Ant. jud., XV, IX, 3. Son père le désigna pour son héritier, au cas où Antipater viendrait à décéder avant lui. Josèphe, Ant. jud., XVII, iii, 2 ; Bell, jud., i, xxix, 2. Il fut le premier mari d’Hérodiade et en eut pour fille Salomé. Il n’est mentionné qu’à ce titre dans les Évangiles. Matth., xiv, 3 ; Marc, vi, 17 ; Luc, iii, 19. Ces trois éyaiî-" gélistes l’appellent simplement « Philippe ». Envoyé à Rome par Hérode Antipas, il divorça à son retour, suivant ce qui avait été décidé entre les deux frères. Voir Hérodiade. On ne sait rien du reste de sa vie. On doit le distinguer avec soin du tétrarque Philippe ou Hérode Philippe II. Voir Hérode 5. E. Beuruer.

5. HÉRODE PHILIPPE II (4>&tmroî), fils d’Hérode le Grand et de Cléopâtre de Jérusalem (fig. 136). Josèphe, Ant. jud., XVII, J, 3 ; BelL jud., 1, xxviii, 4. flans le testament qu’Hérode le Grand ût quelques jours avant s » mort,

il lui laissa la tétrarchie de Trachonitide et d’Iturée. Saint Luc, iii, 1, mentionne Philippe comme étant tétrarque de ces deux régions lorsque Jésus-Christ commença sa vie publique. Josèphe, Ant. jud., XVII, VIII, 1 ; XI, 4 ; XVIII, VI 6 ; Bell, jud., II, vi, 3, désigne en détail les territoires qui lui étaient soumis sous les noms d’Auranitide, de Trachonitide, de Gaulanitide, de Batanée et de Panéas. C’étaient des districts récemment annexés au royaume juif et habités par une population où dominait l’élément gréco-syrien. Le gouvernement de Philippe, contrairement à celui des autres princes de la famille des Hérodes, fut doux, juste et pacifique. Il n’imita son père que dans le faste de ses constructions. Il rebâtit l’ancienne Panéas, au nord du lac de Génézareth, près d’une des sourees du Jourdain, et lui donna le nom de Césarée.

136. — Monnaie de Philippe le Tétrarque, trappée en 33 à l’effigie de Tibère.

SEBASTOT | KAISAPO[Sl. Buste de Tibère César, à

droite. — 1 ?. $IA | [TE1TPA || PXOT. Temple tétrastylo.

Entre les colonnes : T | À | T

C’est la ville désignée dans les Évangiles sous le nom de Césarée de Philippe pour la distinguer de Césarée au bord de la mer. Matth., xvi, 13 ; Marc, viii, 27. Ces deux évangélistes né le nomment que comme fondateur de cette ville. Il reconstruisit également Bethsaïde, à l’endroit où le Jourdain entre dans le lac de Génézareth, et la nomma Julias en l’honneur de la fille d’Auguste. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 1 ; Bell, jud., II, ix, 1. Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 6, en mentionnant sa mort, en 34 après J.-C., fait de lui un grand éloge. Il avait épousé Salomé, fille d’Hérode Philippe I er et d’Hérodiade, Josèphe, Ant. jud., xviii, v, 4. Durant toute sa vie il fut l’ami des Romains et le premier il fit frapper des monnaies où l’on voyait les images des empereurs Auguste et Tibère. Echkel, Doctrina num., t. iii, p. 490 ; Mionnet, Description des médailles, t. v, p. 566 ; Madden, Coins of the Jews, in-4°, Londres, 1881, p. 123-127 ; de Saulcy, Notes sur les monnaies de Philippe le tétrarque, dans l’Annuaire de la Société française de numismatique, t. iii, 1868-1873, p. 262-265. Cf. E. Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 349-358. E. Beurlier.

6. HÉRODE AGRIPPA I" (’Hp<J8ï] « ), fils d’Aristobule et deBérénice et petit-fils d’Hérode le Grand (fig. 137). Josèphe, Ant. jud., XVII, 1, 2 ; Bell.jud., 1, xxviii, 1. Les Actes des Apôtres le mentionnent sous le nom d’Hérode. Il persécuta l’église de Jérusalem et fit périr par l’épée Jacques, frère de Jean, c’est-à-dire saint Jacques le Majeur, et emprisonner saint Pierre. Act., xii, 1, 6, 11, 19. Lorsque le chef des apôtres eut été délivré par l’ange, le roi fit conduire au supplice les soldats qui gardaient la prison. Act., xii, 18-16. Il se rendit ensuite de la Judée à Césarée où il séjourna. Hérode Agrippa était animé de dispositions hostiles à l’égard des Tyriens et des Sidoniens. Ceux-ci vinrent le trouver et après avoir gagné Blaste, son chambellan, ils sollicitèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance de celui du roi. Au jour fixé pour l’audience, Hérode les reçut dans le théâtre (Voir Césarée 2, t. ii, col. 463-466), revêtu de ses habits royaux et assis sur son trône. Le peuple, en le voyant et en l’entendant parler, s’écria : « C’est la voix d’un dieu et non d’un homme ! » Au même instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire