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HÉRODE LE GRAND


le dictateur romain lui fit don, non seulement du district de Jéricho, mais encore de Gadara, d’Hippos de Samarie, de Gaza, d’Anthedon, de Joppé et de la Tour de Straton. Josèphe, Ant. jud., XV, vil, 3 ; Bell, jud., I, zx, 3. Depuis lors Hérode fut assuré du trône, mais au même moment, commença une série de malheurs domestiques et de crimes. En partant pour Rhodes il avait confié Mariamne à Soémus, à qui, comme précédemment à Joseph, il avait donné l’ordre de la tuer si lui-même, Hérode, ne revenait pas. Mariamne, cette fois comme la première, fut informée de l’ordre reçu et, au retour de son mari, elle lui donna des preuves de sa haine. Cypros et Salomé, irritées de la fierté de Mariamne à leur égard, heureuses de la mésintelligence qui régnait entre les époux, calomnièrent gravement la reine. Ils l’accusèrent même d’avoir cherché à empoisonner son mari. Hérode fit exécuter Soémus et Mariamne. Josèphe, Ant. jud., XV, vi, 6 ; vii, 6. Cf. Derenbourg, Essai sur l’histoire de la Palestine, p. 151. Accablé de remords à la suite de ce meurtre, il tomba malade et Alexandra conçut l’espoir de s’emparer du trône. Hérode, instruit de ses desseins, la fit exécuter en 28. Josèphe, Ant. jud., XV, vil, 7-8. Revenu à la santé il donna un nouveau cours à ses instincts sanguinaires. Après la mort de Joseph, il avait donné pour mari à Salomé le gouverneur de l’Idumée, Costobar. Celle-ci, fatiguée de son mari, la dénonça comme conspirateur ; il fut exécuté en 25. Josèphe, Ant. jud., XV, vii, 10. Avec lui périrent deux enfants, parents éloignés des princes asmonéens. La dernière période du règne d’Hérode fut glorieuse, malgré quelques heures troublées. Il fit construire de magnifiques monuments. À Jérusalem, il bâtit un théâtre, dans la vallée voisine, un amphithéâtre, Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 1, et un hippodrome, Josèphe, Ant. jud., XVII, x, 2 ; Bell, jud., II, iii, 1 ; peu après, il éleva des monuments semblables à Jéricho. Josèphe, Ant. jud., XVII, iii, 2 ; vi, 3, 5 ; Bell, jud., i, xxxiii, 6, 8. Il se construisit à Jérusalem un palais où il répandit à profusion le marbre et l’or ; il fortifia la ville et bâtit une forteresse dans la partie haute. Josèphe, Ant. jud., XV, ix, 3 ; Bell, jud., i, xxi, 1 ; cf. V, iv, 34. Une tour du palais d’Hérode existe encore et porte vulgairement le nom de tour de David. Cf. Schick, dan ? la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, t. i, 1878, p. 226-237. Déjà précédemment il avait restauré la citadelle nord du temple qu’il avait appelée Antonia. Voir Antonia, t. i, col. 712. Dans les villes grecques de son royaume il éleva des temples à Auguste et les orna de statues et d’inscriptions. Josèphe, Ant. jud., XV, ix, 5 ; x, 3 ; Bell, jud., i, xxi, 3, 4. Cf. de Vogué, Syrie centrale, Architecture civile et religieuse, in-4°, Paris, 1865-1877, pl. 2, 3 ; Lebas et Waddington, Voyage archéologique, t. iii, 1870, n° 2364. Nombreuses furent les cités réédifiées ou construites par lui ; Samarie qui reçut le nom de Sébaste, Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 5 ; Bell, jud., i, xxi, 2 ; Césarée, sur l’emplacement de la tour de Straton, Josèphe, Ant. jud., XV, ix, 6 ; XVI, v, 1 ; Bell, jud., i, xxi, 5-8 ; Antipatris, à la place ou était Capharsaba ; à Jéricho, la citadelle appelée Cypros ; Phasælis, au nord de Jéricho, Josèphe, Ant. jud., XVI, v, 2 ; Bell, jud., i, XXI, 9 ; Agrippæum à la place où était Anthédon, Josèphe, Bell, tud., i, xxi, 8 ; cf. Ant. jud., XIII, xiii, 3 ; Bell, jud., i, nr, 2 ; deux citadelles du nom d’Hérodium, une dans les montagnes situées en face de l’Arabie, l’autre au sud de Jérusalem, dans laquelle se trouvait un palais. Josèphe, Bell, jud., i, xxi, 10 ; cf. Ant. jud., XIV, xiii, 9 ; XV, ix, 4 ; Bell, jud., i, xiii, 18, etc. Il restaura Alexandrium et Hyrcania bâties par les Arméniens et détruites par Gabinius, Josèphe, Ant. jud., XVI, ii, 1 ; il agit de même pour Machéronte et Massada, où il construisit des palais, Josèphe, Bell, jud., VII, vi, 2 ; pour Gaba en Galilée et pour Esbon en Pérée. Josèphe,

Ant. jud., XV, viii, 5 ; Bell, jud., III, iii, 1. Voir FortincTieNS, t. ii, col. 2321.

La munificence d’Hérode dépassa les limites de la Palestine. Il rebâtit le temple d’Apollon Pythien à Rhodes, il aida Nicopolis à élever ses monuments publics ; à Antioche il fit placer des colonnades le long de la rue principale. Voir Antioche, t. i, col. 679. À Chio, il contribua à la restauration de l’agora. Ascalon lui dut des bains et des fontaines. Tyr, Sidon, Byblos, Béryte, Tripoli, Ptolémaïde, Damas, Athènes même et Lacédémone le comptèrent parmi leurs bienfaiteurs. Josèphe, Ant. jud., XVI, v, 3 ; Bell, jud., i, xxi, 11 ; Corpus inscriptionum atticarum, t. iii, p. 1, n. 556 et peut-être 550. L’œuvre principale de son règne fut la restauration du Temple de Jérusalem, qui commença la seizième année de son règne (20 ou 19 avant J.-C.) et qui ne fut terminée qu’après sa mort en 62-64 après J.-C. Cf. Hirt, Ueber die Baue Herodes des Grossen ûberhaupt und ûber seinen Tempelbau zu Jérusalem insbesondere, dans les Abhandlungen der histor.-philolog. Klasse der Berliner Akadetnie, 1816-1817, p. 1-24 ; G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, t. iv, 1887, p. 205-211. Voir Temple.

Hérode célébra avec magnificence des jeux à la manière des Grecs, non seulement à Césarée, mais même à Jérusalem, ce qui causa un grand scandale parmi les Juifs, Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 1 ; XVI, v, 1 ; Bell, jud., i, xxi, 8 ; il contribua en outre très largement à la célébration des jeux Olympiques. Josèphe, Ant. jud., XVI, v, 3 ; Bell, jud., i, xxi, 12. Voir Jeux. Hérode se préoccupa de garantir la sécurité de la Palestine en établissant des colonies à l’ouest du lac de Génézareth. Josèphe, Ant. jud., XVI, ix, 2 ; XVII, ii, 1-3. Il orna Jérusalem de parcs, de jardins, de fontaines, près desquelles il établit des colombiers où étaient abrités des pigeons apprivoisés ; ce qui ne s’était pas fait avant lui en Judée. Josèphe, Bell, jud., V, iv, 4. Le roi des Juifs attira à sa cour un certain nombre de Grecs cultivés à qui il confia les plus hauts emplois. Les plus célèbres sont l’historien Nicolas de Damas, Ptolémée son frère, et un autre Ptolémée qui fut chargé des finances ; Andromachus, Gemellus, Irénée et le Lacédémonien Euryclès qui fomenta la discorde entre le roi et ses fils. Josèphe, Ant. jud., XVI, ii, 4 ; XVII, viii, 2 ; XVI, viii, 3 ; XVII, ix, 4 ; XVI, x, 1 ; Bell, jud., i, xxvi, 1-4 ; II, ii, 3. Sous la direction de Nicolas de Damas, il étudia la philosophie et la rhétorique grecques. Josèphe, Ant. jud., XIX, vii, 3 ; cf. C. Miiller, Fragmenta historicorum Grsecorum, t. iii, p. 350. Cependant il respecta les lois judaïques, c’est ainsi qu’il s’abstint de faire représenter desfigures humaines sur ses monnaies. Jamais il n’entra dans la partie du temple réservée aux prêtres. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5-6. Il fit enlever les trophées romains qui offusquaient les Juifs. Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 1-2. Mais il enleva au sanhédrin toute sa puissance, Josèphe, Ant. jud., XV, vi, 2. Les grands-prêtres qu’il nomma et révoqua à sa guise furent presque tous des Alexandrins. Josèphe, Ant. jud., XV, ii, 4 ; iii, 1, 3 ; ix, 3 ; XVII, iv, 2 ; vi, 4.

Sous le régne d’Hérode, le peuple fut accablé d’impôts et plusieurs fois un certain nombre de Pharisiens refusèrent au roi le serment d’obéissance qu’il demandait pour lui et pour l’empereur. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 4 ; XVII, II, 4. Il y eut même une conspiration dans le dessein de le tuer au théâtre, les conjurés furent saisis et condamnés à mort. Josèphe, Ant. jud., XV, viii, 3-4. Irrité de ces tentatives de rébellion, Hérode se montra plus despotique encore dans son gouvernement. Les forteresses qu’il avait élevées partout lui servirent à se défendre contre tout essai de révolte. Il déporta à Hyrcania, ses ennemis politiques. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 4. Il enrôla des mercenaires thraces, germains et gaulois. Josèphe, Ant. jud., XVII, viii, 3 ; Bell, jud., i, xxxiii,