Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/316

Cette page n’a pas encore été corrigée

601

HERBES AMÈRES — HERCULE

G02

principes narcotiques qui seraient vénéneux à haute dose. Les principales espèces employées pour l’usage alimentaire appartiennent aux genres Cichorium et Lactuca. — 1° Les Cichorium ont des fleurs bleues ou roses avec des fruits dépourvus d’aigrette plumeuse, mais seulement couronnés par des écailles courtes. — 1. Le Cichorium Intybus Linné, ou chicorée sauvage (fig. 127), est une herbe vivace à tige rude, dressée et flexueuse, sillonnée dans sa longueur et divisée en rameaux raideset allongés. Les feuilles sont hérissées surtout en dessous sur la côte médiane. Les capitules floraux, solitaires et pédoncules au sommet des branches, sont rapprochés par petits groupes et sessiles le long des axes principaux. Elle croit abondamment le long des chemins et dans les lieux incultes. — 2. Le Cichorium Endivia Linné est l’espèce cultivée sous le nom d’endive ou de chicorée et originaire, dit-on, de l’Inde. Mais à l’exemple de Boissier et d’A. de Candblle il faut plutôt y voir la forme améliorée par la culture d’une espèce indigène de la région méditerranéenne, le Cichorium divaricalum Schousboë (Cichorium pumilum Jacquin),

[[File: [Image à insérer] |300px]]
128. — Lactuca orientalis.

qui diffère de la chicorée sauvage surtout par sa tige annuelle et ses feuilles beaucoup moins velues. — 2° Le groupe des laitues (Lactuca) renferme de nombreuses espèces caractérisées par leur fruit comprimé, aminci en bec au-dessous d’une aigrette poilue, molle et blanche. On trouve en Palestine le Lactuca tuberosa Jacquin qui se reconnaît à sa souche renflée en tubercule parfois Tameux, ainsi qu’à ses capitules larges et multiflores ; les Lactuca scariola et saligna, plantes communes dans toute l’Europe, à racine verticale, grêle en forme de fuseau ; enfin les Lactuca orientalis (fig. 128) et triquetra qui ont une tige vivace, presque ligneuse, et diffèrent en outre de toutes les précédentes par leurs fruits à peine comprimés. La variété cultivée du Scariola, c’est-à-dire le Lactuca sativa, entre dans l’alimentation de temps immémorial. Enfin, certains genres voisins, tels que les Picris et les Crépis, renferment un grand nombre d’herbes douées de propriétés analogues aux précédentes, et dont les rosettes foliaires ont dû être récoltées jadis pour les mêmes usages. F. Hy.

II. Exégèse.

Meraj-im signifie « amertumes », choses

amères, et désigne un certain nombre de plantes amères, que l’on devrait manger dans le repas pascal. Exod., xir, 8 ; Num., ix, 11. Ce que comprend ce terme vague ne peut être déterminé que par la tradition. Malheureusement sur ce point les traditions ne sont pas trèsprécises ; l’usage du reste a pu varier avec les temps. La Mischna, Pesahim, ii, 6, indique cinq espèces de plantes : rnTn, hâzéréf, T » wViy, ’ûlSîn, nsdii, (amkd’, xaiamn, harhabînâ’, et ina, mdrôr. Bartenora et Maimonide entendent par là la laitue, les endives, la chicorée, la plante que les Arabes appellent qarsa’na (c’est-à-dire Véryngium, espèce de panicaut) et une variété très amère de coriandre. G. Surenhusius, Mischna, sive totius Hebrxorum juris, rituum, antiquitatum systema, in-f°, Amsterdam, 1698, part, ii, p. 141. — Si l’on en croit J. Lightfoot, Ministerium templi, dans Ugolinus, Thésaurus antiquit. sacrar., t. ix, col. dccccxxxviii, d’après un commentaire de R. Salomon sur Exod., xii, 8, les cinq espèces de plantes désignées par la Mischna seraient la laitue, les endives, la chicorée, la bette et la marrube. Mais les deux dernières plantes indiquées par R. Salomon, pas plus que les deux dernières de Maimonide, ne sont à proprement parler des plantes amères. Très vraisemblablement les herbes amères comprises sous le terme merôrim de la loi de Moïse sont les trois premières indiquées par ces deux commentateurs juifs, c’est-à-dire les laitues, les endives, la chicorée, qui se ramènent à deux, la laitue et la chicorée. Quant aux autres plantes, soit le panicaut, soit la marrube, soit la graine de coriandre, soit encore le cresson et le persil, comme l’indique Maimonide, De fermente et azymo, vii, 13, dans Crenius, Opuscula, in-18, 1696, fasc. vii, p. 889, elles devaient seulement tenir lieu d’assaisonnement et varier avec les temps et les lieux.

Les traducteurs grecs du Pentateuque qui connaissaient les usages juifs et la propriété des termes grecs ont rendu merôrim par icixpfôeç. Or icixpîç, d’après Aristote, Hist. anim., ix, 6, et Pline, H. N., viii, 41, désigne la laitue sauvage. Dioscoride, ii, 160, comprend sous ce nom la chicorée sauvage, Yintubus des Latins. La Vulgate a traduit le mot hébreu par lactuese agrestes. Ces termes généraux et populaires comprennent les laitues et les chicorées, communes en Egypte et en Palestine. On les trouve en abondance extraordinaire dans le Delta où elles croissent spontanément. — D’après l’usage, durant le repas pascal, on trempait ces herbes amères avec le pain azyme dans le charoseth, sorte de bouillie formée de figues, de dattes, d’amandes et de vinaigre ; on en mangeait aussi sans cet assaisonnement. Selon l’interprétation commune, elles étaient destinées à rappeler l’amertume de la servitude d’Egypte. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 227 ; Bochart, Hierozoicon, in-f°, 1692, t. i, p. 603 ; I. Lôw, Aramaïsche Pflanzennamen, in-#>, Leipzig, 1881, p. 173, 253. E. Levesque.

    1. HERCULE##

HERCULE (grec : ’HpaxXîjî ; Vulgate : Hercules), nom du dieu tyrien Melqart. Il est question de ce dieu dans II Mach., iv, 19-20. « Tandis qu’on célébrait les jeux quinquennaux de Tyr, en présence du roi, c’est-à-dire d’Antiochus IV Épiphane, l’impie Jason envoya de Jérusalem des hommes pervers qui portaient trois cents drachmes d’argent pour un sacrifice à Hercule. Ceux qui les apportaient demandèrent qu’elles ne fussent pas employées à ces sacrifices, parce que cela ne devait pas être, mais qu’on s’en servit pour d’autres dépenses. Ainsi elles furent offertes pour le sacrifice d’Hercule par celui qui les avait envoyées, mais à cause de ceux qui les apportaient, on s’en servit pour la construction de navires à trois rangs de rames. »

Melqart, « le roi de la cité, » était le dieu principal de Tyr, fondateur et seigneur de la ville, « le dieu fort qui parcourt la terre domptant les fauves et civilisant