Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée
567
568
HÉLEPH — HÉLI


point d’où Josué fait partir les frontières de la tribu. Gn la trouve également citée dans le Talmud. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 224. Mais son emplacement n’est pas connu d’une façon certaine. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 320, propose de l’identifier avec Beit-Lîf, dans la Haute Galilée, au sud-est de Tyr. Voir la carte de Nephthali, ou celle d’AsER, t. i, col. 1084. Si le rapprochement onomastique laisse à désirer, la situation convient à la ville frontière. « Le village de Beit-Lîf est situé sur une colline, dont les pentes sont couvertes d’oliviers et de figuiers ; il en occupe lui-même le sommet et est très.grossièrement bâti. Sa population ne dépasse pas 80 Métualis. Au-dessus de la porte d’une petite mosquée on remarque un linteau antique brisé, sur lequel un lièvre a été sculpté. Cet animal est représenté sur d’autres anciens monuments de la Galilée. La bourgade à laquelle a succédé Beit-Lîf, dont le nom est très certainement antérieur à l’invasion arabe, s'étendait également sur une autre colline voisine, vers l’ouest, et appelée 'Azibéh, qui est maintenant couverte d’oliviers. » V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 415.

A. Legendre.
    1. HÉLÈS##

HÉLÈS (hébreu : Béléf, II Reg., xxiii, 26 ; et #êfc>?, I Par., xi, 57 ; xxvii, 10 ; Septante : XaXXiç, XsXXï]î), un des vaillants guerriers de David, II Reg., xxiii, 26 ; appelé Hellés, dans I Par., xi t 27, et xxvii, 10. Autre variante pour son lieu d’origine : dans II Reg., xxiii, 16, il est dit de Phalti (ou Bethphelet) ; hébreu : kap-Paltî ; dans I Par., xi, 27, et xxvii, 10, il est dit /lap-PeMni (Phalonite). Le nom de hap-Palti a sans doute été défiguré en celui de fiap-Pelônî. Il était Ephraïmite et chef de la 7° division de l’armée. I Par., xxvii, 10.

HÉLI, nom de deux personnages.

_, 1. HÉLI (hébreu : 'Êlî ; Septante : 'HXt'), juge d’Israël et grand-prêtre, descendant d’Aaron par Ithamar. I Reg., xiv, 3, comparé avec I Par., xiv, 3. Sa judicature fut l’avant-dernière de toutes, du moins si l’on s’en tient à l’ordre chronologique qui paraît indiqué par la Bible ; elle dura quarante ans. I Reg., iv, 18. Les Septante disent vingt ans, mais à tort. Elle dut, pour une partie de son cours, être contemporaine de celles de Jephté, d’Abesan, d’Ahialon et d’Abdon à l’est du Jourdain, et des commencements de celle de Samson au sud de la Palestine. Voir Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., t. ii, n° 450, p. 461. Le P. Hummelauer place dans la même année la mort d’Héli et l’inauguration' de la judicature de Samson, Comment, in librum Jud., Paris, 1888, p. 11. Héli se distingue des autres juges d’Israël par deux traits caractéristiques : il est d’abord le seul en qui se trouvent réunis le titre de juge et la dignité sacrée de grand-prêtre ; et c’est sans doute à raison de sa charge de souverain prêtre qu’il résidait à Silo, dans la localité où le tabernacle était établi, ce que n’avait (ait jusque-là aucun des autres juges. Nous savons d’ailleurs par

I Reg., iii, 2-16, qu’il habitait dans le sanctuaire même ou dans un appartement contigu et communiquant avec le lieu saint. En outre, il est le seul aussi qu’on ne nous montre pas comme libérateur du peuple de Dieu ; il ne prend même aucune part à l’unique guerre qui soit mentionnée pendant son administration et qui se termina par la double déroute d’Aphec. I Reg., iv, 1-11.

II est permis toutefois de conjecturer, pour expliquer son autorité en Israël et son titre de juge, qu’il avait dû se distinguer par quelque grand service rendu au peuple d’Israël et dont l’Histoire sainte ne nous a pas laissé le souvenir comme elle l’a fait pour tant d’autres faits. Cela expliquerait peut-être en même temps comment la souveraine sacriflcature avait pu passer de la lignée d’Eléazar, qui n'était pas éteinte, dans celle d’Ithamar en la personne d’Héli, car on croit que c’est lui qui fut

le premier pontife de la branche cadette de la famille d’Aaron.

L'écrivain inspiré ne nous signale aucun acte important de sa judicature, et ce qu’il nous dit de lui touche surtout à sa charge de grand-prêtre. Du reste les chapitres du premier livre des Rois dans lesquels il est parlé d’Héli sont évidemment écrits pour nous faire connaître les commencements de Samuel, dont ce pontife fut le maître religieux. Aussi les faits auxquels le grand-prêtre est mêlé sont-ils pour la plupart racontés comme des épisodes de l’histoire de son pupille. Ainsi c’est à l’occasion des prières d’Anne pour obtenir de Dieu la cessation de sa stérilité que nous voyons paraître Héli pour la première fois. Il est assis sur un siège placé à la porte du tabernacle, alors fixé à Silo, sans doute pour recevoir les réclamations des Israélites et juger leurs différends. I Reg., i, 9. C’est encore à propos de Samuel qu’il est fait mention d’Héli une seconde et une troisième fois : d’abord lorsque le futur libérateur d’Israël est présenté tout petit enfant au grand-prêtre, I Reg., i, 24-28 ; et plus tard, lorsque Héli bénit Elcana et sa femme et leur souhaite que Dieu leur accorde d’autres enfants en récompense de la générosité avec laquelle ils lui ont offert Samuel. I Reg., ii, 20.

L’unique point exclusivement personnel à Héli dans le récit sacré, c’est ce qui est dit de sa coupable faiblesse à réprimer les crimes de ses deux fils Ophni et Phinées, des avertissements sévères que Dieu lui adressa à ce sujet et du châtiment terrible qu’elle lui attira. Ophni et Phinées abusaient en effet de la manière la plus scandaleuse de leurs fonctions sacerdotales et du respect que les Israélites devaient naturellement avoir pour les enfants du juge et du pontife. 1 Reg., ii, 12-17. Non contents de profaner la sainteté du culte et de déshonorer les sacrifices, ils étalaient dans le sanctuaire même l’immoralité la plus révoltante. I Reg., ii, 23. Ces scandales affligeaient le peuple et soulevaient son indignation. Ce fut à la fin une clameur générale qui parvint jusqu’aux oreilles d’Héli. I Reg., ii, 23. Il adressa aux coupables des reproches appuyés sur des considérations inspirées par sa foi et sa piété ; mais quel succès pouvaient avoir des exhortations et des réprimandes auprès d’hommes dont la perversité lassait la patience morne de Dieu ? I Reg., Il, 23-25. Ce n'étaient pas des remontrances, mais des actes qui pouvaient porter remède au mal ; il aurait fallu sévir avec force et recourir à des mesures de rigueur pour réprimer de tels désordres et y mettre fin ; Héli n’eut pas le courage de les employer, I Reg., iii, 13, et cette coupable faiblesse fut la cause de sa propre perte et de la ruine de sa maison.

Le Seigneur résolut de punir à la fois les prêtres scandaleux et leur père, dont la nonchalance l’avait rendu leur complice. Mais il voulut faire connaître d’avance à celui-ci cette punition ; il lui fit entendre en conséquence deux avertissements solennels, l’un par l’intermédiaire d’un envoyé qui n’est pas nommé, l’autre par la bouche de Samuel. Le premier messager est appelé dans l’hébreu et les Septante « l’homme de Dieu », avec l’article, ce qui indiquerait un personnage connu pour être favorisé de communications divines et rendrait sa démarche d’autant plus remarquable ; car « en ces jours, la parole de Dieu était rare, et il n’y avait guère de visions manifestes ». 1 Reg., iii, 1. Dieu rappelle à Héli, par l’organe de son envoyé, la gloire qu’il a répandue sur Aaron et sa famille en leur confiant, à l’exclusion des autres membres de la tribu de Lévi, le pouvoir et les fonctions du sacerdoce ; il lui reproche l’abus que ses enfants ont fait de cette dignité et la préférence qu’il leur a donnée sur le Seigneur en les laissant l’outrager si criminellement. En punition de ce désordre, le dessein divin de conserver le souverain pontificat dans la famille d’Héli n’aura pas son effet. Cette famille va être affaiblie, humiliée ; Ophni et Phinées périront le même jour, la béoé-