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HÉBRAÏQUE (LANGUE)


rapproche des nôtres et a été souvent imprimée aux xvi° et xviie siècles ; — au xiiie siècle, David Kimchi, le plus célèbre de la famille, auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire qui devaient être les deux parties d’un grand ouvrage appelé Miklol, « la perfection ; » de fait, ce nom a été réservé à la grammaire. Ces ouvrages sont les chefs-d’œuvre de la philologie juive au moyen âge ; — au xv 6 siècle, Profiat Duran (Isaac ben Moses ha-Levi Efodi, vers 1400), qui combat souvent Kimchi ; — au xvie siècle, Élie Levita (Eliah ben Ascher ha-Levi, surnommé Ashkenazi ou l’Allemand, 1472-1549) ; disciple, éditeur, commentateur des Kimchi et héritier de leur gloire, il a composé un dictionnaire chaldaïque, un lexique intitulé Thishbi et un ouvrage sur la massore.

Des juifs, l’étude de l’hébreu passa au xvie siècle aux mains des chrétiens ; les protestants poussés à l’étude de l’hébreu par le principe qui faisait de la Bible le seul document de la foi, contribuèrent beaucoup au progrès de cette science. Dès avant la réforme, Jean Reuschlin (1455-1522) et le dominicain Santés Pagninus (1471-1541) préparaient la voie aux célèbres Buxtorf (Jean Buxtorf, le père, mourut en 1629). Toutefois ces auteurs si justement célèbres suivaient les principes des grammairiens juifs. Il faut arriver au xviiie siècle, à Albert Schultens de Leyde (1686-1750), et à Schrœder, de Marbourg (1721-1798), pour voir inaugurer de nouvelles méthodes, celle par exemple de la comparaison de l’hébreu avec l’arabe.

Le dix-neuvième siècle marque une époque de renouvellement pour les études hébraïques. Le mouvement a été donné par Gesenius, puis entretenu par Ewald, Olshaùsen, Stade et Konig. Chacun de ces savants, s’efforçant d’introduire dans l’étude de l’hébreu une méthode rigoureusement scientifique, a employé des moyens spéciaux que M. Kônig caractérise avec beaucoup de iustesse. W. Gesenius (-ꝟ. 1842 ; voir col. 415 ; méthode analytique-particularité) explique d’ordinaire l’hébreu par l’hébreu, observe avec soin la formation et la flexion des mots et les diverses particularités qu’ils peuvent présenter, pour résumer ensuite ses observations dans des règles claires et précises ; il a été suivi par Bôttcher († 1863). Ewald († 1875 ; voir t. ii, col. 2131 ; méthode synthétique spéculative) recourt à un certain nombre de principes philosophiques puisés dans les lois générales du développement linguistique ; dans la phonétique, il observe surtout les influences que les consonnes et les voyelles exercent les unes sur les autres ; dans la morphologie, il considère les lois qui président au développement du langage pour les appliquer aux diverses espèces de racines, aux flexions des noms et des verbes ; il a été suivi par Seffer et Herman Gelbe. Justus Olshaùsen (méthode comparative et historique), en partant des mêmes principes qu’Ewald, remonte à une langue hébraïque primitive, sœur de l’arabe, de laquelle il déduit les formes actuelles ; il est suivi par G. Bickell et

A. Mùller. Les méthodes de Gesenius et d’Ewald ont été synthétisées par C. W. Ed. Nâgelsbach († 1880) ; celles de Gésénius et d’Olshausen l’ont été, dans les plus récentes éditions de la Gesenius’hebrâischer Granu matik, par Rédiger († 1874) et surtout E. Kautzsch. Enfin

B. Stade a suivi, en combinant leurs méthodes, Ewald et Olshaùsen. M. Kônig (méthode analylique-historiquephonétique-physiologique ) étudie à part chaque élément de la langue (noms, verbe), puis met en relief les formes les plus proches de l’arabe comme étant les plus anciennes, et cherche à expliquer les déviations par la phonétique et la physiologie.

Autour de ces grands auteurs, qui marquent les étapes de l’étude de la langue hébraïque depuis le xvie siècle, gravitent une foule d’auteurs secondaires : nous indiquerons les noms et les œuvres de nombre d’entre eux dans la Bibliographie.

IX. Bibliographie.

i. grammaire. — 1° Grammai riens juifs du moyen âge. — Jehudah ibn Koreisch (x » s.), Risalah, édit. Barges et Goldberg, Paris, 1842 (1857). Dounasch ibn Labrat (xe s.), traité contre Saadiah (Teshubhah), édit. R. Schrôter, Breslau, 1866 (cf. S. G. Stern, Liber Responsionum, Vienne, 1870) ; traité contre Ben Sarouk, édit. Filipowski, 1855. Ben Ascher de Tibériade (xe s.), Dikdukê ha-leamim, édit. Baër et Strack, Leipzig, 1879. R. Jonah (xie s.), Harrikmah, édit. Goldberg, Francfort, 1856 (1861) ; Opuscules arabes et trad. française, édit. J.-H. Derenbourg, 1880. Abr. Aben Ezra (xii » s.), Mozne lesôn haqqodesh, édité en 1546, etc., et en dernier lieu par Heidenheim, Offenbach, 1791 ; Sèfer Sahuth, édit. Lippmann, Fûrth, 1827 ; Safah Berurah, édit. Lippmann, Fûrth, 1839 ; autres traités, édit. Lippmann, 1843, et Halberstamm, 1874. Moïse Kimchi, Grammaire hébraïque, édit. Const. L’Empereur, Leyde, 1631 ; traduite en latin, Otôoitopioc ad scientiam, par Seb. Munster. David Kimchi, Miklol, l re édition à Constantinople, 1534 (Venise, 1545, etc. ; trad. latine de Guidacerio, 1540 ; édit. à Fûrth, 1793 ; édit. Rittenberg, Lyck, 1862). Profiat (Peripot) Duran, Grammaire hébraïque, rmrya nsx, édit. J. Friedlânder et J. Cohn, Vienne, 1865. 2° Grammaires antérieures au XIXe s. — 1. ïW s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. d’Elias Levita ; grammaires d’Abraham de Balmès (Miqneh Abram ; Venise, 1523), de Moïse Provençale (composée en vers à Mantoue, 1535, publiée à Venise, 1597), d’Emmanuel de Bénévent (Mantoue, 1557), etc. — 6) Chez les chrétiens : C. Pellican, De modo legendi et intellig. Hebrsea (Bêle, 1503) ; J. Reuchlin, Rudim. hebr. (Pforzheim, 1506), les grammaires de F. Tissard (Paris, 1508), de A. Giustiniani (Paris, 1520) ; Santés Pagninus, Institut, hebr, lib. JF(Lyon, 1526) ; Séb. Munster, Opus grammat. ex variis Elianis libris concinn. (Bâle, 1542) ; les travaux grammat. de Cinqarbres (Paris, 1546), R. Chevallier (Genève, , 1560), Martinez (Paris, 1567), Bonav. Com. Bertram (Comparât, gram. hebr. et aram., Genève, 1574), F. du Jon (Junius ; Francfort, 1586), etc. — 2. xviie s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de Sam. Archivolti (Padoue, 1602), d’Is. B. Sam. ha-Lévi (Prague, 1628), de R. Is. Ouziel, Manassé b. Israël, de Aguibar, Sal. di Oliveyra, etc. ; Spinoza (Compend. gram. ling. Aefcr., , Amsterd., 1677), J. L. Neumark (Francfort, 1693).

— b) Chez les chrétiens : Buxtorf, Epitomegram. hebr. (î(fâ>), Thesaur. gramm. (1609) ; les œuvres grammat.de Schickard (Horolog. hebr., Tubingue, 1623) ; Ph. d’Aquin (Paris, 1620), Th. du Four (Paris, 1642) ; J. Le Vasseur, (Sedan, 1649) ; Erpénius (1621, 1659), Dilherr (1659 et 1660), Jac. Alting (Fundam. punctat. ling. sanct. sive gramm. hebr., Groningue, 1654, 1687) ; J. A. Danî (Nucifrangibulum, Iéna, 1686 ; Compend. gram. hebr., 1694) ; les grammaires de Math. Walmuth (Kiel, 1666), Chrétien Reinecke, Cellarius, etc. — 3. xviii « s. — a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de AI. Sûsskind (Côthen, 1718), Salom. Cohen Hanau (divers traités), Aaron Moïse (Lemberg, 1763). — 6) Chez les chrétiens : œuvres grammat. d’Abr.Ruchat (Leyde, 1707), F. Masclef (Paris, 1716), P. Guarin (Paris, 1724), Ch. Houbigant (Paris, 1732), Schultens (Institut, ad fundam. ling. hebr., Leyde, 1737), J. D. Michaëlis (Hebrâische Gramm., Halle, 1744), J. B.Ladvocat (Paris, 1755), B. Giraudeau (La Rochelle, 1757, 1758), Simonis, Schrôder (Institut., etc., 1766), Robertson (Edimbourg, 1783), S. S. Vater (Hebrâische Sprachlehre, Leipzig, 1797), C. C. F. Weckherlin (Stuttgart, 1797), Hartmann (Anfangsgrûnde der Hebr. Sprache, Marbourg, 1798), G. P. Hetzel, etc.

3. Grammairiens du XIXe siècle. — Jahn, Gramm. ling. hebr., 1809 ; W. Gesenius, voir col. 415 ; Ewald, voir t. ii, col. 2131 ; J.-E. Cellérier, Eléments de la gramm. hébr. trad. librement de Gesenius, Genève, 1820 ; 2e édit., 1824 ; Ph. Sarchi, Gramm. hébr. raisonnée et comparée, Paris, 1828 ; J.-B. Glaire, Princip. de gramm. hébr. et chald., Paris, 1832, 3e édit.,