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hébraïque (langue)


vœux pour le bien-être de celui qu’on salue. Bien plus, soit parce que celui qui salue s’attire les faveurs du supérieur ou de Dieu, soit parce qu’on a simplement transporté au supérieur (en leur faisant subir les modifications nécessaires) les actes et les sentiments de l’inférieur, ce même mot s’appliquera à Dieu qui « bénit », qui « honore » un inférieur d’une façon quelconque. Enfin par contraste le mot bârâk exprimera la malédiction. Ni le mot latin benedicere ni le mot français « bénir » (qui est plus riche en acceptions que la plupart de nos autres mots) ne peuvent exprimer toutes ces multiples significations. Voir Bénédiction, t. i, col. 1580hébreu rendent la traduction des livres bibliques très difficile, plus difficile que la traduction de tous les autres auteurs anciens, et expliquent pourquoi les textes et les versions de l’Écriture ont particulièrement besoin d’être accompagnés de notes et de commentaires.

VII. Rapports de la langue hébraïque avec les autres langues sémitiques. — La comparaison doit s’établir aux divers points de vue que nous avons précédemment considérés pour l’hébreu.

I. ÉCRITURE.

Alphabet.

Pour la comparaison

des alphabets, voir les tables des Alphabets sémitiques, t. i, col. 405-414 et l’article Assyrienne (Langue) t. i, col. 1169-1174. — 2° Voyelles. — Le système des pointsvoyelles usité dans la Bible, avec la combinaison du point et du trait comme caractère principal, est apparenté avec les systèmes adoptés par les Syriens orientaux et les Arabes ; il se distingue nettement des procédés usités dans l’assyrien (écriture syllabique), dans l’éthiopien (voyelles indiquées par diverses modifications des lettres elles-mêmes), et le dialecte des Syriens occidentaux (emploi des lettres grecques).

II. phonétique..-* 1° Consonnes. — i. Nombre des consonnes. — En dehors des autres langues sémitiques du groupe intermédiaire, la langue syriaque est la seule qui ait exactement le même nombre de consonnes que l’hébreu ; encore ne dédouble-t-elle pas le v en deux lettres. L’hébreu possède plus d’articulations que l’assyrien, mais il est inférieur aux langues sémitiques du Sud pour la distinction des dentales (l’arabe compte deux lettres pour chacune des dentales i, ts, n), des labiales (l’éthiopien a trois lettres pour le s), des sifflantes aspirées (l’arabe et l’éthiopien décomposent le s en deux articulations secondaires). Les gutturales paraissent plus nombreuses en hébreu qu’en assyrien (il semble que l’assyrien ne distingue guère ii, n et y) ; mais le n et le y fournissent chacun deux gutturales en arabe (_ et z ;

s. et à ; le n en fournit pareillement deux en éthiopien,

  • h et " ?). On peut se demander si chacune des lettres

hébraïques n et y ne représente pas elle-même deux sons. II est en effet curieux de constater, pour le y en particulier, que, dans la transcription des noms propres, les Septante le rendent tantôt par y (équivalent assez exact du arabe), Tonoppapour mby, tantôt par l’esprit rude, ’HXf pour iby, ou même l’esprit doux, ’AtiaXVjx pour

  • pboy. Voir Heth, col. 668. Il est d’autre part intéressant

de remarquer que certaines racines hébraïques renfermant la lettre n ont deux sens très différents, correspondant en arabe à deux mots, l’un avec _,

l’autre avec ^ : bsn, « lier » (ar. ^3-j^-) et « prêter » ’/cî

{ar. ^J^^.1). Il est donc probable que pour plusieurs <le ces lettres l’écriture hébraïque ne reproduit pas toutes les nuances de la prononciation.

2. Propriétés des consonnes.

Les phénomènes géné-Taux, tels que la commutation, l’assimilation, la transposition et le redoublement se présentent dans les autres langues sémitiques comme dans l’hébreu. Il faut

noter toutefois : que la transposition est moins fréquente dans la conjugaison hébraïque que dans l’assyrien et les langues sémitiques du Sud (la métathèse du n dans la huitième conjugaison arabe a lieu avec toutes les lettres et pas seulement avec les sifflantes), que l’hébreu a conservé le redoublement avec beaucoup plus d’exactitude que certaines langues du groupe araméen, par exemple, les dialectes des Syriens occidentaux (ils ne font presque jamais entendre le redoublement qui, dans les textes ponctués, n’est indiqué par aucun signe spécial ).— On peut dire, d’une façon générale, que l’hébreu est une des langues sémitiques dans lesquelles les consonnes ont gardé avec le plus d’exactitude leurs articulations primitives, et qu’en dehors de quelques exceptions elle est à cet égard comparable à l’assyrien et à l’arabe.

Quant aux propriétés particulières à certains groupes de consonnes, on peut faire les remarques suivantes : — La double prononciation des labiales ne se retrouve guère que dans l’araméen. — Les gutturales ont moins souffert en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques : tandis que l’assyrien les confond, que l’éthiopien les a si souvent confondues et dénaturées, l’arabe est la seule langue sémitique.qui les distingue avec plus de précision que l’hébreu. D’ailleurs la loi d’euphonie qui empêche en hébreu le redoublement des gutturales ne se retrouve qu’en araméen ; l’affinité pour le son a ne paraît pas non plus s’exercer d’une façon constante dans la conjugaison et la déclinaison arabes. — L’aphérèse et l’assimilation du 3, communes à l’hébreu et à l’araméen, ne se produisent pas dans les langues sémitiques du Sud. — L’hébreu est seul à connaître le n lettre faible dans les verbes nb ; en revanche IV est plus stable encore dans l’hébreu que dans le syriaque (où parfois il perd sa valeur de consonne non seulement à la fin des syllabes mais même au début). Quant au 1 et à 1’», l’hébreu et le syriaque sont les principaux dialectes qui les confondent si constamment au début des mots ; l’assyrien et surtout les langues du Sud distinguent des verbes is et des verbes » s. L’arabe et l’éthiopien connaissent pareillement des verbes ib et >b, dans lesquels ces lettres faibles sont loin d’être aussi altérées qu’en hébreu ou en syriaque ; en revanche le n et l'> subissent à peu près partout les mêmes modifications, quand ils sont dans le corps des mots.

Voyelles.

1. Nombre des voyelles, — Si l’on regarde

le système massorétique comme la représentation suffisamment exacte des voyelles de l’hébreu biblique, on constatera que l’hébreu est l’une des langues sémitiques dont la vocalisation est la plus variée. Il a gardé les trois voyelles principales a, i, ii, sous leur double forme de voyelles brèves et de voyelles longues ; il a pareillement distingué avec précision les voyelles secondaires é et o en longues et en brèves. Seul l’arabe peut à cet égard être comparé à l’hébreu ; l’arabe en effet distingue très nettement les voyelles primitives en longues et en brèves et, bien qu’il no les indique pas par des signes spéciaux, il admet autour de ces trois sons principaux des prononciations tout à fait semblables aux voyelles secondaires de l’hébreu. Les imperfections du système d’écriture cunéiforme ne permettent guère de Vavoir jusqu’à quel point les Assyriens distinguaient les longues et les brèves. On sait en revanche que si cotte distinction existe chez les Syriens orientaux (qui ont les cinq voyelles de l’hébreu), elle manque assez souvent de précision chez les occidentaux ; quant à l’éthiopien, en dehors de l’a bref et d’un é bref qui se confond avec e muet, il ne signale, dans son écriture, que des voyelles longues (â, ê, i, ô, û) ; c’est la preuve que la distinction en brèves et en longues n’était pas très sensible pour les Abyssins. Il faut noter enfin que la précision des demi-voyelles par des signes spéciaux (schevas simples et composés) est particulière à l’hébreu.