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HAUTS-LIEUX


sont : — 4.Bethléhem oùl’ontientdesréunionsreligieuses régulières, aux néoménies, avec sacrifices publics. I Reg., X2, 24-29 ; xvi, 2-5. — 5. Galgala. Josué y avait érigé les douze pierres commémora tives, Jos., iv, 19-25, circoncis les hébreux, Jos., v, 2-9 ; c’était une des trois places où Samuel se transportait périodiquement pour juger Israël et que les Septante appellent des lieux sanctifiés :

  • Ev toîc r, fca<r(iévot ;. I Reg., vii, 16. Samuel y convoque

le peuple pour le sacrifice. I Reg., x, 8. Ce devait être une habitude qui subsista après la construction du Temple. Ose., iv, 15 ; cf. ix, 15 ; xii, 11. —6. Ophra possédait l’autel érigé par Gédéon à Jéhovah sur les ruines de l’autel deBaal, Jud., vi, 26, et appelé par lui Yehôvâh sàlôm. Cet autel existait encore à l’époque où écrivait l’auteur du livre des Juges. Jud., VI, 24. Après sa victoire, Gédéon y mit un éphod fait avec l’or et la pourpre du butin. Jud., viii, 27. — 7. Hébron avait comme Bethléhem ses sacrifices de famille. On y acquittait des vœux faits à Jéhovah. II Reg., xv, 7-9, 12. Il est évident par le récit que c’était une coutume reçue dont les plus pieux, comme David, ne se formalisaient pas. — 8. Silo fut le grand Haut-Lieu au même titre que Gabaon tant que le tabernacle y resta. — 9. Il faut en dire autant de Nob, I Reg., xxi, 1-9, qui eut quelque temps le privilège de posséder le tabernacle, le grand-prêtre et l’éphod.

On ne saurait appeler Hauts-Lieux les endroits témoins d’un sacrifice isolé, offert à Jéhovah pour un motif exceptionnel, théophanie, victoire éclatante, etc., tels que Bochim, le locus flentium de la Vulgate, Jud., ii, 5, et Saraa. Jud., xiii, 8-23. L’autel de Saül après sa victoire contre les Philistins, I Reg., xiv, 35, n’a même absolument rien d’exceptionnel. L’arche est dans le camp et le grand-prêtre Achias aussi. I Reg., xiv, 18. Au contraire il est vraisemblable, sans qu’on puisse le démontrer, que Béthel, Dan, Masphath, le mont des Oliviers, le Carmel, étaient des lieux consacrés au culte de Jéhovah. Pour Béthel et Masphath nous avons le mot des Septante cité plus haut. I Reg., vii, 16. Pour le mont des Oliviers le choix qu’en fait David pour y adorer Jéhovah. II Reg., xv, 30-32. Le mari de la Sunamite s’étonne qu’elle veuille aller au Carmel un jour ordinaire qui n’est ni sabbat, ni néoménie. IV Reg., iv, 23. Il est certain que le culte étrange de Micha, transféré ensuite à Dan, avait pour objet Jéhovah, Jud., xvii, 3 ; le lévite qui fait fonction de prêtre consulte Jéhovah. Jud., xviii, 5-6. À Dan c’est un descendant de Moïse, Jonathan, qui est prêtre, et ce culte dure jusqu’à la captivité, ibid., 30 ; mais il est mêlé à tant de pratiques idolâtriques qu’on ne peut, de bonne foi, le considérer comme un culte rendu au vrai Dieu. Il en est de même de Béthel, quelle que fût l’intention secrète dé Jéroboam. Le culte qu’il établit à Béthel et à Dan est non seulement schismatique et illégitime, mais formellement idolâtrique, III Reg., xii, 2653 ; II Par., ri, 15 ; xiii, 9, bien qu’il prétendit sans doute rendre hommage au Dieu national d’Israël.

De la construction du Temple à la captivité.

Il est

évident que durant cette période le culte sur les Hauts-Lieux fut illicite. H n’avait plus de raison d’être, il était contraire à la centralisation religieuse désormais nécessaire, il était en opposition directe avec la loi du Deutéronome, dont l’application stricte ne pouvait plus être retardée. Les prophètes s’élèvent avec vigueur et indignation contre les Hauts-Lieux, sans distinguer entre les Hauts-Lieux de Jéhovah et les Hauts-Lieux idolâtriques. Tous sont maintenant considérés comme sacrilèges. « Ils seront dissipés, les Hauts-Lieux impies, crime d’Israël, où l’on adore les vaches (c’est-à-dire le veau d’or) de Bethaven (entendez Béthel). » Ose., x, 5, 8. Amos n’est pas moins virulent, vii, 9 ; ni Michée, I, 5 ; ni Jérémie, xvii, 3 ; ni Ézéchiel, vi, 3, 6. Les livres historiques eux aussi condamnent sévèrement le culte des Hauts-Lieux. Les rois qui en ont érigé n’échappent jamais au blâme. Salomon, LU Reg., xi, 7 ; Jéroboam, ÙI Reg., xii, 31 ; xiii,

32 ; Joram, II Par., xxi, 11 ; Achaz, II Par., xxviii, 4, tombent tour à tour sous le coup de cette réprobation. Au contraire, pour les avoir renversés, Ëzéchias, IV Reg, , xviii, 4, Josias, IV Reg., xxiii, 8, Asa, II Par., XIV, 2-5, Josaphat, II Par., xvii, 6, sont comblés d’éloges. Il est une formule intermédiaire qui revient dans l’Écriture comme un refrain et ne semble pas impliquer un blâme sévère. C’est la formule de la Vulgate : Excelsa autem non abstulit. III Reg., xv, 14 ; xxii, 44 ; IV Reg., xii, 3 ; xiv, 4 ; xv, 4, 35 ; II Par., xx, 33. Elle s’applique à des rois qui ont marché droit devant le Seigneur tels que Josaphat, aussi saint que son père Asa, III Reg., xxii, 43, Joas au temps où il était docile aux conseils de Joïada, IV Reg., xii, 3, Amasias dont la droiture, sans égaler celle de David, est cependant louée par l’auteur sacré, IV Reg., xiv, 3, Azarias, approuvé dans la même mesure, TV Reg., xv, 3, Joatham, IV Reg., xv, 34, et enfin Asa qui nous est présenté comme un modèle accompli de piété et de fidélité à la loi de Dieu : Asa fit ce qui était droit en présence du Seigneur, comme Davidson père ;.. Mais les Hauts-Lieux ne furent pas supprimés ; cependant le cœur d’Asa fut parfait devant le Seigneur, tous les jours de sa vie. III Reg., xv, 11-14. S’il y a faute, ce ne peut être évidemment que faute vénielle. Remarquons d’abord que la formule de la Vulgate est moins explicite en hébreu. Au lieu de : « Il n’abolit pas les bâmô(, » on lit dans le texte la tournure passive : « Les Hauts-Lieux ne furent pas abolis, » ce qui donne une nuance un peu différente.

De tout temps les rois ont dû tolérer beaucoup de choses qu’ils n’approuvaient pas. En politique le mieux est parfois l’ennemi du bien ; et, en tout cas, l’impuissance ou la bonne foi excusent. Il ne faut donc pas s’étonner des éloges que les livres des rois donnent à Josaphat, à Joas du vivant de Joïada, à Amasias, à Azarias, à Joatham, à Asa surtout. Ils cédèrent sans doute à une nécessité politique et ils pouvaient d’autant plus se tranquilliser qu’ils laissèrent probablement subsister les seuls Hauts-Lieux de Jéhovah. Nous avons pour le conjecturer un témoin inattendu, l’auteur des Paralipomènes. Au dire des rationalistes, ce dernier arrangerait l’histoire à sa façon ; il refuserait en particulier de reconnaître la légitimité des Hauts-Lieux de Jéhovah et supprimerait de parti pris la mention : Excelsa autem non abstulit, dont les livres des Rois accompagnent la notice des rois pieux. Toutes ces assertions sont erronées. Au sujet d’Asa, II Paralipomènes, xv, 17, reproduisent exactement la mention de III Reg., xv, 14. De même pour Josaphat « qui marcha, sans se détourner, dans la voie d’Asa son père, faisant ce qui était juste aux yeux du Seigneur. Seulement les Hauts-Lieux ne furent pas abolis, et le peuple n’avait pas encore affermi son cœur dans le service de Jéhovah son Dieu ». II Par., xx, 32, 33. L’obstination et l’aveuglement du peuple excusent le roi, du moins en partie. Que le culte des Hauts-Lieux toléré par ces rois pieux fût non pas le culte infâme des idoles mais le culte illégal de Jéhovah, l’histoire de Manassès nous permet de le supposer. Elle appartient en propre à l’auteur des Paralipomènes. L’impie Manassès, après avoir rétabli les Hauts-Lieux, démolis par Ézéchias son père, érigé des autels à Baal et des’âsérâh, adoré toute la milice des cieux et placé des statues idolâtriques. jusque dans le temple de Salomon, II Par., xxxiii, 1-7 V fut emmené captif à Babylone, rentra en lui-même, fit une sincère pénitence et reconnut que Jéhovah était Dieu. jk. 8-13. De retour à Jérusalem il fit disparaître lesdieux étrangers et l’idole, kas-sémél, de la maison du. Seigneur, ainsi que les autels élevés sur la montagne du Temple. Il rétablit l’autel du Seigneur, y sacrifia des victimes pacifiques et des hosties de louanges et enjoignit à Juda de servir Jéhovah Dieu d’Israël, ꝟ. 14-16. « Cependant, ajoute l’écrivain sacré, le peuple sacrifiait encore sur les Hauts-Lieux, mais seulement à Jéhovah.)<