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HARAN


p. 134. Il est exprimé en caractères cunéiforme* par un dëogramme, ffarrànu, qui veut dire « route ». Jjarran, en efl’et, située au sud-est d’Orfah, se trouve au point d’intersection où se croisent les routes qui conduisent aux gués de l’Euphrate, d’une part, aux gués du Tigre, de l’autre. Elle occupait un point commercial important. Ezech., xxvii, 23. Le village actuel, sur le ISelikh, l’ancien Bilichus, petit affluent de l’Euphrate, est au centre d’une plaine d’alluvion, très fertile, qui se déploie au pied méridional d’un vaste plateau calcaire. Ses habitants conservèrent pendant longtemps l’usage de l’araméen et le culte des divinités araméennes. Il paraît avoir fait partie du royaume d’Abgar, dont la capitale était Édesse, éloignée seulement d’une journée de chemin. Il ne renferme plus que quelques vestiges de l’ancienne Carrhse. On peut cependant distinguer encore la vieille enceinte,

Elle est entourée d’une couronne de collines, formi’e de roches volcaniques, et dont les dernières ondulations vont expirer sur les bords de l’Euphrate. Son étendue est de plus de 30 kilomètres carrés ; de petits ruisseaux la parcourent dans tous les sens, mais ils sont souvent à sec ; on y compte plus de vingt villages. Abraham y a conduit certainement bien des fois ses troupeaux, comme plus tard son petit-fils Jacob y conduisit ceux de Laban. Pendant l’hiver, la température y est basse ; en été, la chaWr y est étouffante, surtout quand souffle le vent du sud, qui vient du désert d’Arabie. Aussi pendant deux mois de l’année, en octobre et en novembre, tout y est brûlé, excepté sur les bords de l’eau. Dès que quelques gouttes de pluie arrivent, la végétation pousse avec une vigueur extrême, mais elle est bientôt flétrie par les vents d’hiver. Ce n’est qu’au printemps que le sol se

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Vue de Harau.

dans l’intérieur de laquelle sont les ruines d’une basilique et d’une mosquée. Cf. E. Sachau, Reise in Syrien und Mesopotamien, Leipzig, 1883, p. 217-224 ; plan de IJarrân, p. 223. Les restes d’un vieux château se dressent au-dessus de la plaine et se remarquent de fort loin. Au pied des débris de la forteresse sont accumulées, semblables à des ruches d’abeilles, les habitations des Bédouins. Autrefois, quand Abraham y arriva, les maisons étaient bâties, comme de nos jours, en forme de pain de sucre (fig. 103), avec des pierres superposées les unes sur les autres, sans ciment, recevant la lumière par l’ouverture laissée à l’extrémité du cône. La pénurie, ou plutôt l’absence du bois, a toujours obligé de leur donner cette forme bizarre. Tout près du village est un puits qui attire surtout l’attention du voyageur, c’est celui où Rébecca rencontra Éliézer, où Sara s'était certainement rendue avant elle. Maintenant encore, les femmes de Harran y viennent tous les matins faire leur provision d’eau, les troupeaux viennent chaque jour s’y abreuver. « Lés principaux habitants actuels de Haran sont des Bédouins, attirés en ce lieu par les pâturages du voisinage. Quelqnes-uns logent dans des maisons, la plupart campent sous leurs tentes de peaux de boucs noirs. Ils nourrissent leurs bestiaux avec les herbages que produit la plaine de Servdj. Celle-ci s'étend entre Haran et l’Euphrate.

couvre d’une manière un peu plus aurable de ces plantes aux formes et aux couleurs variées, à la taille gigantesque, dont la description semble donner une couleur fabuleuse aux tableaux qui nous représentent l’Orient. Ce pays est cependant inférieur à la Chaldée et, sur un nouvel appel de Dieu, Abraham dut quitter Haran avec moins de peine que sa patrie, Ur Kasdim, pour se rendre en Palestine. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 450-451. Dès les temps les plus anciens, le district dans lequel Haran était bâtie était sous la domination de Babylone. Haran était, en fait, la ville frontière de l’empire, commandant la grande route qui menait de Chaldée et d’Assyrie en Syrie et en Palestine. La divinité à laquelle elle était dédiée était le dieu-lune d’Ur Kasdim. Le symbole de cette divinité était une pierre conique, avec une étoile au-dessus. Des pierres gravées à ce symbole se voient au British Muséum. Cf. A. H. Sayce, La lumière nouvelle, trad. de l’anglais par Ch. Trochon, Paris, 1888, p. 61. Il est souvent fait mention de l’antique cité dansJes inscriptions de Théglathphalasar, de Sargon.de Salmanasar, etc. Elle est célèbre dans l’histoire profane par la défaite de Crassus, qui y fut vaincu et tué par les Parthes. Pline, H. À 7., v, 24. — Cf. W. Ainsworth, Researches ï » Assyria, BabyloniaandChaldiea, Londres, 1838, p. 153 ;