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GLOIRE — GLOSE


3° Les nobles d’un peuple sont appelés sa gloire, en Israël, Is., v, 13 ; xvii, 3, 4 ; Mich., i, 15 ; Judith, xv, 10 ; en Assyrie, Is., viii, 7 ; x, 16 ; en Moab. Is., xvi, 14.

4° Le mot kâbôd désigne parfois l’âme de l’homme, ce qui par excellence fait sa gloire, Gen., xljx, 6 ; Ps. vii, 6 ; xxix, 13 ; lvi, 9 ; cvii, 2, et reproduit le mieux ici-bas la glorieuse image de Dieu. Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 98,

105, 202.

H. Lesêtre.
    1. GLOIRE DE DIEU##


2. GLOIRE DE DIEU. Cette locution de la Sainte Écriture se rapporte à deux choses distinctes : la manifestation éclatante et surnaturelle que Dieu fait de sa présence en certaines circonstances, et l’honneur que lui rendent les créatures par leurs hommages.

I. Manifestation de la présence divine.

Cette manifestation est réservée par le Seigneur à son peuple. 1° La gloire de Jéhovah, kâbôd Yehôvâh, SiJÇa toû 9eo0, gloria Domini, se montre pour la première fois au désert, peu après la sortie d’Egypte, quand les cailles et la nourriture miraculeuse de la manne sont envoyées aux Hébreux. Exod., xiv, 7. Elle apparaît au Sinaï, « comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne. » Exod., xxiv, 16, 17. Moïse demande au Seigneur à voir sa gloire, non plus seulement ce qu’il en a pu apercevoir au Sinaï, mais quelque chose qui se rapproche davantage de la majesté même de Dieu, de son essence divine. Cf. S. Augustin, De Gènes, ad lit., xii, 27, t ; xxxiv, col. 477. Le Seigneur lui répond qu’on ne peut le voir de face sans mourir, mais qu’il se montrera à lui en passant et par derrière, c’est-à-dire en atténuant assez l’éclat de sa majesté pour qu’un œil humain puisse le supporter. Exod., xxxiii, 18-23. La maxime des Proverbes, xxv, 27, d’après la Vulgate : « Celui qui jette un œil curieux sur la majesté sera écrasé par la gloire, » rappellerait la réponse faite par le Seigneur à Moïse, si le sens de l’hébreu n’était un peu différent : « Il y a gloire à scruter les choses importantes. » — 2° Quand le tabernacle est construit, il devient le siège de la gloire de Dieu. Cette gloire éclate de temps en temps au-dessus du tabernacle, Lev., IX, 6, 23 ; Num., xiv, 10, ou elle remplit le tabernacle. Exod., XL, 32. L’autre lui sert comme de trône et elle se. manifeste au-dessus du propitiatoire, entre les « chérubins de gloire ». Heb., ix, 5. Voir Arche d’alliance, t. i, col. 918, 919 ; Chérubins, t. ii, col. 661. De cette gloire part un feu dévorant qui détruit les coupables. Num., xvi, 35. Cf. Is., lix, 19. Pour la voir, Moïse et Aaron se rendent au tabernacle. Num., xx, 6. Cette manifestation sensible de la présence de Dieu n’était pas continue ; les textes sacrés en parlent toujours comme d’un phénomène transitoire. Il n’en est plus question d’ailleurs dans la suite de l’histoire du tabernacle, après les jours de Moïse. — 3° La gloire du Seigneur remplit le temple de Salomon, au moment de sa dédicace. Elle prit alors la forme d’une nuée. III Reg., vm, 11 ; II Par., v, 14 ; vii, 3. Cette nuée rappelait celle qui se montrait dans le tabernacle. Lev., xvi, 2. Voir Colonne de nuée, t. ii, col. 855, et Nuée. Dans ses visions, Ézéchiel, mu, 2, 5 ; xliv, 4, voit également la gloire de Dieu remplir le temple. Cf* Ps. xxv, 8. — 4° Cette gloire de Dieu remplit toute la terre, Is., ii, 10, 21 ; vi, 3 ; Habac, iii, 3 ; elle accompagne Dieu dans ses apparitions, Ps. xviii. 13, 19, et se manifeste aux prophètes. Ezech.,

I, 28, iii, 12, 23 ; toi, 4 ; x, 4, 18. — 5° La gloire de Dieu n’apparut pas tout d’abord dans le second temple comme dans le premier. Mais Isaïe, lx, 1, 2, prédit que la gloire de Jéhovah se lèverait sur Jérusalem, et Aggée,

II, 8, annonça que le nouveau temple en serait rempli.

— 6° La venue du Fils de Dieu sur la terre réalise ces promesses. « Nous avons vu sa gloire. » Joa., i, 14. H est lui-même le « roi de gloire », Ps. xxiii, 7-10, et « la splendeur de la gloire du Père », Hebr., i, 3, la manifestation la plus parfaite de la majesté divine. — 7° Voir

la gloire de Dieu sur la terre, c’est être témoin d’un grand miracle. Joa., XI, 40. C’est le Père qui est la source de cette gloire. Il est le « Père de gloire », Eph., i, 17 ; le <c Dieu de gloire », Act., vii, 2 ; Jésus-Christ est le « Seigneur de gloire », I Cor., ii, 8, annonçant 1’« Évangile de gloire ». II Cor., iv, 4. Une voix provenant « de la gloire magnifique » lui rend témoignage au Thabor. II Pet., i, 17. Jésus-Christ est maintenant dans la gloire du Père, Phil., ii, 11, où l’aperçut saint Etienne. Act., vu, 55. Il est entré dans sa gloire, c’est-à-dire qu’il a associé son humanité sainte dans le ciel à la gloire de sa divinité. Luc, xxiv, 26 ; I Thés., Il, 12 ; II Thés., ii, 13 ; Tit., ii, 13 ; I Pet., v, 10. Il viendra un jour avec cette gloire pour le dernier jugement. Matth., xvi, 27 ; Marc, vm, 38 ; xiii, 26. — 8° Cette gloire de Dieu est incommunicable aux créatures. Is., xlii, 8 ; xlviii, 11. « Tous ont besoin de la gloire de Dieu, » c’est-à-dire du secours divin qu’assure sa présence. Rom., iii, 23. — Dans tous Ces textes, il s’agit de la présence de Dieu manifestée par des phénomènes de différente nature. Les Juifs de l’époque voisine de l’ère chrétienne ont donné à cette présence le nom de sekînâh, du verbe sâkan, « habiter, » ou de miskân, « tente, tabernacle, » <jx7)vt|. La sekînâh est donc la même chose que le kâbôd Yehôvâh. Saint Jean, i, 14, fait sans doute allusion à ces deux termes quand il dit que le Verbe a habité parmi nous, ê<rxr|vw (7£v Èv r, [ûv, et que nous avons vu sa gloire. Cf. Bâhr, Symbolik des Mosaischen Quitus, Heidelberg, 1837, p. 226, 302.

II. Honneur tendu à Dieu par les créatures.

Cet honneur constitue la gloire extérieure de Dieu. 1° Toutes les créatures sont invitées à rendre gloire à Dieu. Ps. xxviii, 2-9 ; lxvii, 35 ; xcv, 3-8 ; Jer., xiii, 11, etc. Les cieux chantent cette gloire. Ps. xviii, 2. Les apôtres la proclament. Rom., xvi, 17 ; Gal., i, 5, etc. Le chrétien est invité à faire toutes ses actions pour la gloire de Dieu. I Cor., x, 31. — 2° Rendre gloire à Dieu, c’est le remercier et le louer, Tob., xi, 16 ; Matth., ix, 8 ; Luc, ii, 20 ; xiii, 13 ; xvii, 18 ; xxiii, 47 ; Act., xr, 18 ; Rom., i, 21, etc. ; c’est quelquefois faire un aveu, Jos., vii, 9 ; Joa., IX, 24, ou se repentir, Apoc, xvi, 9, par conséquent rendre hommage, à sa véracité et à sa sainteté.

H. Lesêtre.
    1. GLOSE##

GLOSE, mot qui vient du grec yX<5<j<ja, mais qui a pris le sens particulier d’« explication, d’interprétation » d’un mot ou d’une phrase, spécialement Je la Sainte Écriture.

I. Origine du mot glose.

Dans le grec classique, Y^ù<r<ja signifie « langue (organe de la parole) » et « langage » parlé par un peuple. Peu à peu les grammairiens et les Scholiastes grecs en vinrent à appeler yî.woirat les mots qui avaient vieilli ou étaient tombés en désuétude, ou bien dont la signification avait changé et encore les termes techniques ou d’un usage local et circonscrit. rXtiuuaç, dit un scholiaste de Denys d’Halicarnasse (dans J. J. Wetstein, Novum Testamentum grsecum, t. ii, Amsterdam, 1752, p. 151, suri Cor., xii, 10), çwvà ; àpxaia ? y.a àito ?evt(j(j.sv « î ^ émxwpiaïo’iiTa ;. « On appelle yG><jaau les mots vieillis ou étrangers et les provincialismes. » Cf. la scholie rapportée dans Ersch et Grùber, Allgemeine Encyklopadie, Glossa, sect. i, t. lxx, p. 135, note 11. Ces mots avaient donc besoin d’être expliqués pour être compris de tous. Comme on donnait le nom de yXwucjai aux termes dont on expliquait la signification, on donna le nom de f"ku>ami.a et aussi celui de Y).5)<roa à l’explication elle-même ; c’est dans cette dernière acception qu’est employé le mot glossa, « glose, s Voir Fr. Bleek, Ûeber die Gobe des yltiaaaii XaXetv, dans les Theologische Studien und Kriliken, 1829, p. 32-44 ; J. G. Rosenmûller, Historia interpretationis librorum Sacrorum, t. iv, Leipzig, 1813, p. 356-387.

II. Gloses dans les Saintes Écritures.

Longtemps avant que le nom fût inventé, les gloses existaient déjà.