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GESSEN


gazig. Pisapti était la capitale du nome de Souptî, « l’Épervier couronné, » probablement le même que le nome d’Arabie. Or le nom primitif de Saft el-Hennéh, tel que l’ont révélé les monuments exhumés des ruines,

était Kesem, J$_ V Q ou ^ * ?, nom dont la reproduction phonétique est plus fidèle dans les Septante, re(7£(i, que dans l’hébreu, gosén. Le nome de Soupti ou Sopt, identifié par H. Brugsch avec le nome d’Arabie, ne figure pas encore dans la liste des nomes de l’époque de Séti I er, père de Eamsès II. Ce nom ne lui fut donné que plus tard et c’est celui que reproduisent les Septante, bien placés pour être exactement informés : Tsirèjji’Apa^faç. Le village antique de Kesem a donc donné son nom à tout le pays. E. Naville, The shrine

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45. — Carte de la Terre dé Gessen, d’après M. Ed. Naville.

of Saft et Henneh and the land of Goshen, Londres, 1887, p. 18, 66. — La ville de Phithom, ou Pa-Toum, « demeure du dieu Toum, » a été retrouvée dans les ruines de Tell el-Maskhouta, sur la rive occidentale du lac Timsah. Phithom était le nom sacré de la ville ; son nom profane était Toukou. C’est cette ville que les Septante nomment’Hptôwv 7t<SXic, Héroopolis, nom sous lequel on désignait Phithom de leur temps. Voir Phithom et E. Naville, The store-city of Pithom, Londres, 1885. Sur les autres noms de localités mentionnées à propos du pays de Gessen, voir Béelséphon, Éthak, Ramessès, Sochqth. — Les limites du pays de Gessen n’étaient pas exactement définies. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 1881, p. 73-74, 488-513, et Naville, The shrine of Sait el Henneh, p. 14-20, l’intercalent entre Héliopolis au sud, Bubaste à l’ouest, Tanis et Mendès au nord. Les Hébreux occupèrent la région située à l’est de la branche Pélusiaque du Nil. Il n’est en effet question d’un passage du Nil ni à l’arrivée de Jacob, ni au départ des Hébreux pour le désert. Ils s’étendirent toutefois jusqu’à Tanis, à l’ouest de la branche Pélusiaque, ainsi que le suppose le Psaume lxxvii, 12, 43. Au moment de l’exode, les Hébreux qui habitaient ce district se replièrent du côté de Ramessès et de Phithom, pour rejoindre le gros de la nation. La terre de Gessen avait d’ailleurs été providentiellement choisie, au bord du désert, afin que les Hébreux pussent quitter l’Egypte glus aisément. Le pays n’était pas alors occapé par les Egyptiens, ce qui permit à Joseph de le faire attribuer

sans difficulté à sa famille. Le nome d’Arabie, comme nous l’avons vu plus haut, ne figurait pas encore dans le cadastre égyptien même à l’époque de Séti I « r, quatre siècles après l’arrivée de Jacob et des siens. Tout au plus s’y trouvait-il quelques fortins destinés à protéger la frontière contre les incursions des Bédouins du. désert. — Les Septante placent Phithom ou Héroopolis dans la « terre de Ramessès », èv ffl’Pajieuirî). C’est qu’en effet Ramsès II avait sa résidence favorite dans le Delta oriental. Il couvrit toute cette région de monuments dans les ruines desquels on retrouve partout ses statues et ses cartouches. La terre de Ramessès avait des limites plus étendues que Gessen ; mais le pays habité par les Hébreux plaisait à l’ambitieux monarque, et c’est pour satisfaire à la fois son orgueil et son antipathie contre les fils de Jacob qu’il assujettit ces derniers à de dures corvées et leur fit bâtir les villes de Ramessès et de Phithom. Naville, The shrine of Sait et Henneh, p. 18, 20.

Fertilité.

Le texte sacré insiste sur la fertilité

de la terre de Gessen. Quand les Hébreux furent dans le désert, ils murmurèrent en disant : « Nous nous rappelons les poissons que nous mangions en Egypte et qui ne nous coûtaient rien, les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et les aulx. » Num., xi, 5. Plus tard, ils répétèrent encore : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Egypte en ce triste pays ? On n’y peut rien semer et il n’y a ni figuier, ni vigne ni grenadier, pas même d’eau à boire ! » Num., xx, 5. Enfin, bien que la terre de Chanaan soit représentée comme un pays où coulent le lait et le miel, Exod., iii, 8, 17, Moïse n’en dit pas moins aux Hébreux : « Le pays dont vous allez prendre possession n’est pas comme le pays d’Egypte d’où vous êtes sortis, et où il n’y avait qu’à jeter la semence dans les champs et à arroser du pied (voir t. ii, col. 1609), comme un jardin potager. » Dent., xi, 10. Cette manière de parler suppose que le pays de Gessen était d’une fertilité merveilleuse. Il en est encore de même aujourd’hui, partout où l’irrigation, dont Moïse fait mention, peut être pratiquée. Actuellement, il est vrai, « ^dans cette région on ne voit de culture que sur deux bandes étroites. L’une longe le fleuve sur un parcours de cent soixante kilomètres, depuis Hélouan au sud jusqu’à Salahyëh au nord ; sa largeur moyenne est d’environ huit kilomètres. L’autre, le ouadi Toumilat, s’étend de l’ouest à l’est sur une longueur de cinquante kilomètres, depuis Abou-Hammed jusqu’au lac Timsah, et n’a que deux ou quatre kilomètres de large. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 107.

C’est surtout dans ces deux vallées, dont la superficie représente environ quinze cents kilomètres carrés, que se développait la culture de tous les végétaux indiqués par la Bible et encore aujourd’hui si aimés des fellahs. Un ancien canal, dont on a retrouvé les traces, arrosait l’ouadi Toumilat et y portait la fertilité, Chaque année, à l’époque de l’inondation quilletoctobre), les eaux submergeaient le sol des vallées ; on plantait dès qu’elles avaient baissé et la récolte se faisait de mars à juin. Les poissons, que regrettent les Hébreux au désert, abondaient dans les canaux dérivés du Nil, si bien que la ville florissante dé Zagazig a tiré son nom du Zaghzigh, petit poisson qui se pêche dans les eaux voisines. Les Hébreux habitaient, comme leurs successeurs actuels dans la terre de Gessen, dans des huttes fabriquées avec du limon desséché et bâties sur un petit talus qui s’élevait au-dessus du niveau de l’inondation annuelle. Chaque habitation avait son amm, ou enclos dé verdure ménageant à la famille l’ombre et la fraîcheur. En dehors des. deux vallées du Nil et de Toumilat, le pays est en majeure partie envahi par les sables du désert, bien qu’aux environs de Salahyèh, à l’ouest du canal de Suez, se trouvent de superbes forêts de palmiers dont les dattes ont des dimensions extraordinaires. Le canal d’Ismaï-