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GENÊT — GENÉVRIER


Enfin le livre de Job, xxx, 4, nous représente des habitants à demi sauvages du Hauran, réduits à manger des racines de genêts. Ces racines sont très amères, et il faut être réduit à la dernière extrémité pour s’en nourrir. C’est ce qui a fait penser à quelques interprètes que non 1 !,

lahmâm, ne doit pas se traduire ici « leur nourriture », mais, en rapprochant ce passage de Is., xlvii, 14 ; Job, xxrv, 7, 8, « pour se chauffer. » « Ils prennent la racine de genêt pour seVhauffer. » Gesenius, Thésaurus, p. 1317. Cf. J. Thévenot, Relation d’un voyage fait au Levant, Paris, 1665-1674, t. II, p. 1, c. xxv. Mais cette traduction a été peu suivie, et la plupart des interprètes continuent à traduire lahmâm par « leur nourriture ». Quelques-uns, il est vrai, mais sans plus de succès, ont pensé que sôrés pouvait s’entendre, non pas de la racine de la plante, mais de ses produits, de ses fruits. Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., 1893, t. i, p. 1853. Job veut tout simplement désigner, par ce vers, des hommes réduits dans le désert à une telle extrémité qu’ils se voient obligés de se nourrir de racines de genêt, qu’on méprise d’ordinaire à cause de leur amertume. Elles étaient seulement employées en médecine par les Arabes, d’après Ibn El-Beïthar, Traité des simples, dans Notice et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxv, part, i, p. 169. Voir A. Schultens, Liber Jobi, in-8°, Leyde, 1737, p. 828 ; J. D. Michælis, Supplementum ad lexica hebraica, t. ii, p. 2270 ; 0. Celsius, Hierobotanicon, in12, Amsterdam, 1748, t. i, p. 246-250 ; E. F. K.Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, Leipzig, 1830, l re part., p. 120-123. E. Levesque.

    1. GENÉVRIER##

GENÉVRIER (hébreu : 'ar’ar), terme mal interprété par les Septante et la Vulgate qui y ont vu la « bruyère », <xYpio|iupi’xT], myrica. Sous les noms de cèdre, de cyprès sont également compris certaines espèces de genévriers.

I. Description.

Les genévriers sont des arbrisseaux toujours verts, atteignant parfois la taille de vrais arbres, qui appartiennent à la tribu des Cupressinées parmi les Conifères. Leur principal caractère distinctif est dans le fruit dont les écailles intimement soudées deviennent

celui des Oxycèdres, les jeunes rameaux sont à trois angles, avec des feuilles toutes étalées, piquantes, articulées à leur base et disposées par verticilles ternaires :

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34. — Juniperus Oxycedrus.

charnues à fa maturité et sont ordinairement recouvertes d’une poussière glauque. Les espèces de Palestine se répartissent en trois groupes naturels. 1° Dans

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35. — Juniperus phœnicca.

les fleurs y sont toujours dioïquès. L’Oxycèdre proprement dit (fig. 34), vulgairement nommé code (Juniperus Oxycedrus Linné), se reconnaît à ses fruits médiocres, arrondis et lisses, variant de la grosseur d’un pois à celui d’une cerise, d’un rouge luisant à la maturité ; le Juniperus macrocarpa Sibthorp a les fruits plus gros, épars, tuberculeux, à chair sèche aromatique. — 2° Le groupe des Caryocèdres, voisin du précédent, en diffère par ses feuilles décurrentes et par ses graines soudées en forme de noyau à trois loges et très dur ; il ne comprend que le Juniperus drupacea Labillardière, arbre de 10 à 15 mètres dressé en pyramide. — 3° Les espèces du dernier groupe ont leurs graines libres, leurs feuilles adnées, pour la plupart courtes, squamiformes, sans articulation basilaire et ordinairement pourvues sur le dos d’une glande résineuse. Dans le Juniperus phœnicea Linné (fig. 35), les fruits mûrissent seulement au bout de la deuxième année, et l’inflorescence est variable, tantôt monoïque, tantôt dioïque. Les suivants, toujours monoïques, sont à maturation annuelle. Le véritable Juniperus Sabina Linné semble manquer en Syrie, mais ce type y est représenté par la variété Taurica Pallas (Juniperus excelsa Bieberstein), plus robuste, à fruits plus gros, renfermant de quatre à six graines, et par la variété squarrulosa Spach [Juniperus fœtidissima Willdenow), ainsi nommée pour ses feuilles supérieures à pointe un peu retroussée.

F. Hy. 11. Exégèse. — La Vulgate emploie en deux endroits le nom de Juniperus, « genévrier, » III Reg., xix, 45, et Job, xxx, 4, mais par erreur : car le nom hébreu rôfém désigne le genêt. Voir Genêt. Juniperus eût été au contraire la traduction exacte du terme hébreu 'ar'âr, Jer., xvii, 6, écrit 'âro'êr dans Jer., xlviii, 6, mal compris des Septante et de la Vulgate qui y ont vu la « bruyère », àrpiopupixi), myrica.. Voir Bruyère, t. i,