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    1. ÉPHRAÏM##

ÉPHRAÏM (TRIBU D’)

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disant : « La frontière des enfants d’Éphraïm selon leurs familles et la frontière de leurs possessions est, à l’orient, Ataroth Addar jusqu’à Béfhoron supérieur, et ses confins se terminent à la mer. » Il y a là une véritable obscurité, peut-être une lacune, en tout cas une concision qui nous empêche d’utiliser le texte. Voir Ataroth Addar, t. i, col. 1204, et Dan 2, t. ii, col. 1232. — La limite septentrionale est bien plus vague encore. Voici comment elle est décrite, avec la frontière orientale : « Machmélhath regarde le septentrion ; puis la frontière tourne à l’orient vers Thanathsélo (hébreu : Ta’ânat Silôh ; aujourd’hui Ta’na), et elle passe de l’orient à Janoé (hébreu : Yânôhâh, actuellement Yanûn), et elle descend de Janoé à Ataroth (voir Ataroth 5, 1. 1, col. 1205) et à Naaratha (hébreu : Na’ârâ(â ; Khirbet Samiyéh ou Khirbet el-Audjéh et-Tahtdni), et elle parvient à Jéricho et se termine au Jourdain. De Taphua la frontière passe vers la mer jusqu’à la vallée des Roseaux (hébreu : Nahal Qânâh) et se termine à la mer (la Méditerranée et non pas « la mer Salée », comme porte faussement la Vulgate). Tel est l’héritage de la tribu des enfants d’Éphraïm selon leurs familles. » Jos., xvi, 6-8. Ce tracé correspond naturellement à celui qui est fixé pour la limite sud de Manassé, Jos., xvii, 7-9. Ce dernier passage ne précise que quelques points. Nous savons aussi que Machméthath était « en face de Sichem », et que, si le territoire de Taphua était échu à Manassé, la ville de Taphua appartenait aux enfants d’Éphraïm. En résumé, il semble que cette description a pour point de départ une position centrale, vers la ligne de partage des eaux, et que de là elle nous conduit d’abord dans la direction de l’est, de Machméthath au Jourdain, ensuite dans la direction de l’ouest, de Taphua à la Méditerranée. Malheureusement, Machméthath et Taphua n’ont pu jusqu’ici être identifiées. Nous n’avons donc sur la ligne septentrionale que deux jalons, dont l’un certain, Sichem, indiqué I Par., vii, 28, et l’autre simplement probable, le Nahal Qânâh, qu’on croit reconnaître dans le Nahr el-Fâléq. Voir Cana 1, col. 105. La frontière orientale est bien marquée par Ta’na, Yanoûn et Khirbet Samiyéh, échelonnées du nord.au sud sur l’arête montagneuse qui borde la vallée du Jourdain. L’ensemble de ces limites est ainsi résumé par le premier livre des Paralipomènes, vii, 28 : « Leurs possessions et leur demeure furent Béthel avec ses dépendances, et Noran (hébreu : Na’âràn, probablement la Naaratha de Jos., xvi, 7) du côté de l’orient, et Gazer avec ses dépendances du côté de l’occident, et Sichem avec ses dépendances, jusqu’à Aza avec ses dépendances. »

Quelques villes du territoire de Manassé furent cédées à Éphraïm. Jos., xvi, 9. Celles qui appartenaient à cette dernière tribu nous sont peu connues. En dehors des localités déjà mentionnées, nous ne pouvons citer que les suivantes : Silo (Séilun), Thamnathsaré, le lieu de la sépulture de Josué, identifié par V. Guérin avec Khirbet Tibnêh, à sept heures et demie environ au nordnord -ouest de Jérusalem, par les explorateurs anglais avec Kefr Hâris, par le P. Séjourné avec Khirbet el-Fakhakhir, entre les villages de Serta et de Béroukin (cf. Revue biblique, 1893, p. 608-626) ; Lebona (El-Loubbân), Jésana (Ain Sinia), Baalhasor (Tell Asur), Baalsalisa (Khirbet Sirisia), Thapsa (Khirbet Tafsah), Galgal (Djeldjuliyéh), Pharathon (Fer’ata), Ataroth (Athara).

2° description. — La tribu d’Éphraïm occupait la partie centrale de la Palestine, plus de la moitié des monts de Samarie. Son domaine comprenait ainsi une région montagneuse bornée à l’ouest par une étroite bande de la plaine de Saron, et à l’est par une portion de la vallée du Jourdain. La ligne de faite est beaucoup plus rapprochée de cette dernière. Ses deux points extrêmes sont, au sud le Tell Asur (10Il mètres), et au nord les deux sommets qui dominent Naplouse, le

Djebel Sliniah ou mont Hébal (938 mètres) et le Djebel et-Tur ou mont Garizim (868 mètres) ; dans l’intervalle, les hauteurs varient entre 600 et 800 mètres. De ces terrasses supérieures descendent assez régulièrement à l’ouest les terrasses successives, coupées de petits chaînons et de vallées, qui forment la transition entre la côte et la haute montagne. Comme le versant oriental est plus près du Jourdain, le fleuve n’en reçoit que de petits ouadis, VAoudjéh, le Baqr, le Fasaïl, et le cours inférieur du Farah. Sur le versant occidental, au contraire, les torrents s’allongent et serpentent, comme les ouadis Et-Tin, En-Naml, - Qânah et Rabâh, pour former les canaux plus importants qui se jettent dans la Méditerranée. Les collines calcaires qui composent ce massif sont moins régulières et moins monotones que celles qui se trouvent plus bas, aux environs et au-dessous de Jérusalem. Parsemées de bois d’oliviers, couvertes de nombreux villages, elles sont séparées par des vallées fertiles, où s’étendent champs et vergers. Ce pays bien arrosé garde encore, malgré sa déchéance, des vestiges de cette beauté primitive que Jacob chantait ainsi en annonçant à Joseph l’avenir de ses enfants, Gen., xi.ix, 22 :

Joseph est un rameau chargé de fruits,

Un rameau chargé de fruits, sur [les bords] d’une source,

Ses branches couvrent les murailles.

Moïse n’est qu’un écho du vieux patriarche quand il dit à Joseph : « Que sa terre soit remplie des bénédictions du Seigneur, des fruits du ciel, de la rosée et des sources d’eaux cachées sous la terre ; des fruits produits par l’influence du soleil et de la lune ; des fruits qui croissent au sommet des montagnes anciennes et sur les collines éternelles ; de tous les grains et de toute l’abondance de la terre. » Deut., xxxiii, 13-16. Il est en effet, dans l’héritage d’Éphraïm, telle plaine, comme celle d’El-Makhnah, au-dessous de Naplouse, la plus belle et la plus large de la contrée, qui était un petit grenier d’abondance, rempli de blé et réalisant pleinement les bénédictions de Jacob et de Moïse. Plusieurs endroits sont également pourvus de nombreuses sources. Et nous ne parlons que de la montagne ; tout le monde connaît l’admirable fertilité de la plaine de Saron. Les prophètes font les mêmes allusions aux richesses du territoire d’Éphraïm. Cf. Is., xxviii, 1. Les montagnes elles-mêmes donnèrent à la tribu un rôle et une force dont nous parlons plus loin. Sa situation au centre de la Palestine, les chemins de communication qui la reliaient au nord et au sud du pays, aussi bien qu’à la mer et au Jourdain ; des villes importantes au point de vue politique et religieux, comme Sichem et Silo : tous ces avantages physiques contribuèrent à son importance. >

II. Histoire. — À la sortie d’Egypte, la tribu d’Éphraïm élait, sous le rapport numérique, parmi les plus petites d’Israël. Au premier recensement, qui se fit au désert du Sinaï, elle ne comptait que quarante mille cinq cents guerriers, alors que Juda en avait 74600 ; Zabulon, 57 400, etc. Elle surpassait cependant Manassé, 32200, et Benjamin, 35400. Num., i, 32-37. Ces trois tribus, issues de Rachel, marchaient ensemble, Éphraïm en tête, et formaient un corps d’armée de 108100 hommes. Elles étaient campées à l’ouest du tabernacle. Num., ii, 18. Éphraïm avait pour chef Élisama, fils d’Ammiud, Num., i, 10 ; h, 18, qui, au nom de ses frères, fit au sanctuaire les mêmes offrandes que les autres chefs de tribu. Num., vu, 48-53. — Parmi les explorateurs envoyés en Chanaan, celui qui représentait la tribu fut Osée, fils de Nun, Num., xiii, 9, dont Moïse changea le nom en celui de Josué. Num., xiii, 17. Déjà se dessinait dans un de ses plus grands hommes la gloire dé cette famille israélite, qui pourtant au point de vue numérique était en décrois-