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ÉPHOD - ÉPHRA

1870

mite du nom de Michas se faire un pêsél et un massêkah et de plus un éphod et des teraphim, ꝟ. 4-5 ; des Danites, qui cherchaient à s’établir au nord de la Palestine, lui enlevèrent ces objets, Jud., xviii, 14-20, et se constituèrent un culte à Laïs, culte idolâtrique comme celui de Michas. Qu’était cet éphod de Gédéon et de Michas ? Des exégètes, comme Gesenius, Thésaurus, p. 135, pensent que l’éphod de Gédéon était une statue, une idole, appelée du nom à’éphod (isn) à cause des revêtements d’or qui la couvraient. Les lames d’or ou d’argent dont on avait coutume de recouvrir les idoles de bois ou de métal portent précisément le nom de mus, ’âpudâh, dans Is., xxx, 22 ; cf..1er., vi, 34. Il est à remarquer, de plus, que les statues ou représentations des dieux en Egypte sont souvent revêtues de l’éphod. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 212, 250. Cependant rien n’oblige de changer la signification habituelle du mot éphod. On conçoit qu’ayant reçu plusieurs communications divines à Éphra, et y ayant élevé un autel à Yahvéh Salôm, Jud., "VI, 24, Gédéon ait désiré comme chef du peuple avoir près de lui un moyen de consulter Dieu. On comprend qu’on ait pu ensuite faire servir cet éphod à un culte idolâtrique. F. Vigouroux, Bible et découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 154 ; Fr. de Hummelauer, Comment, in libr. Judicum, in-8°, Paris, 1888, p. 175. — Quant à l’éphod de Michas, généralement on le tient pour un éphod du même genre que celui du grand prêtre d’Israël. Comme Michas s’était fait une représentation de Jéhovah (probablement sous la forme d’un veau d’or, comme au temps de Jéroboam), il fallait y joindre l’accompagnement indispensable alors d’un culte vrai ou faux, l’instrument nécessaire pour interroger la divinité, c’est-à-dire l’éphod, et des théraphims, sorte de talismans ou d’amulettes servant à attirer la protection d’en haut. Osée, iii, 4, annonce aux enfants d’Israël, adonnés à l’idolâtrie, qu’un temps viendra où leur royaume sera détruit et où ils seront sans roi, sans sacrifice, sans autel, sans éphod et sans théraphim. E. LeveSQUE.

    1. EPHPHÉTHA##

EPHPHÉTHA, verbe araméen à l’impératif, qui signifie : « ouvre-[toi]. » Ce mot fut prononcé en cette langue par Notre-Seigneur guérissant un sourd-muet. Marc, vii, 34. Le texte grec reçu porte : ’E ?ça6dc. L’araméen doit être nnsn, hippâfaï}, ou nrraN, ’iptah, pour

nrsnN, ’étpâtâli, « sois ouvert. » Voir E. ltautsch, Gram matik. des Biblisch-Aramàischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. 10.

4. ÉPHRA (hébreu : ’Ofrâh ; Septante : ’Eypaôâ), ville de la demi-tribu occidentale de Manassé. Dans Josèphe, Ant.jud., V, vi, 7, ce nom est écrit’Eypiv.

I. Identification. — La situation d’Ephra est difficile à déterminer. Le récit sacré, Jud., vi, 11, nous dit que Gédéon, qui en était originaire, se cachait dans un pressoir, pendant qu’il battait et vannait son blé, afin de n’être pas aperçu par les Madianites et leurs alliés, qui venaient d’envahir la vallée du Jourdain et la plaine de Jesraël. On peut conclure de là que cette localité n’était pas éloignée du ileuve et de la plaine. Saint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 891, au mot Drys, nom sous lequel il désigne le chêne d’Éphra, dit avoir parlé de cette ville aux livres des Questions hébraïques ; la perte de cet ouvrage, pour la partie concernant le livre des Juges, nous prive des seuls renseignements que nous aurions eu par là de l’antiquité. Les auteurs du Survey of Western Palestine Exploration Fund, Memoirs, in-4°, Londres, 1882, t. ii, p. 162, proposent d’identifier’Ofrâh avec le village actuel de Fer’ata’, situé à dix kilomètres vers le sud-ouest de Naplouse, sur une montagne qui domine toute la plaine <le Césarée. Cf. Armstrong, Names and Places in the Old Testament and Apocrypha, in-8°, Londres, 1887,

p. 132 ; Conder, Tent-Work in Palestine, in-8°, Londres, 1879, p. 339. Cette identification est indirectement repoussée par Victor Guérin, Samarie, t. ii, p. 179, qui identifie Far’ata’avec Pharaton (hébreu : Pir’aton). ville d’Éphraïm, patrie du juge Abdon. Jud., xii, 13-15, Fer’ata’, situé vers le sud de Sichem, dut appartenir à la tribu d’Éphraïm, tandis qu’Éphra était certainement de la tribu de Manassé, dont Gédéon faisait partie. Dans le territoire de cette dernière tribu on ne rencontre pas aujourd’hui de nom correspondant exactement au nom de’Ofrâh ; mais il en est qui s’en rapprochent et pourraient en dériver. Sous les montagnes de Tallûza’, à l’est, commence la large, belle et fertile vallée de Fara’7, ’. Elle se dirige au sud-est et débouche dans le Ghôr, en face de la ruine, située sur la rive du Jourdain, nommée’Ed-Damiêh. La vallée reçoit son nom d’une ruine importante, appelée Tell elFara’a', située elle-même dans la partie la plus occidentale de la vallée. Une petite ruine, située à un kilomètre et demi plus au sud, se nomme’Odfer ; à quatre kilomètres au sud-est d’'Odfer, une troisième ruine est désignée sous le nom de Beit-Fâr ; une quatrième ruine, connue sous le nom de Khirbet Farouèh, se trouve à quatre kilomètres et demi au sud-ouest de Tell elFara’a', sur un petit plateau qui domine l’ouadi Béniân, un des affluents de l’ouadi Fara’a'. Le nom d"Odfer, quoique commençant par’(n), et non par’(y), n’est pas sans analogie avec’Ofrâh ; mais la ruine qui le porte paraît trop insignifiante et trop peu ancienne pour avoir pu être l’antique Éphra. Beit-Fâr, « maison des rats, » semble un nom purement arabe. À l’étendue de ses ruines, à quelques beaux blocs de pierre et à des fûts de colonnes monolithes que l’on remarque parmi elles, on voit que Farouéh fut une localité ancienne et importante. Le nom aurait toutes les radicales de’Ofrâh, s’il se prononçait en réalité Farou’ah, comme l’écrit Victor Guérin, Samarie, 1. 1, p. 364 ; mais telle n’est certainement pas la prononciation commune et ordinaire dans le pays. Celle de Fara’a' est indubitable, et ainsi ce nom offre une analogie certaine avec’Ofrâh ; seulement l’ordre des lettres est interverti, par une métathèse semblable à celle qui a modifié un grand nombre d’autres noms bibliques ou anciens : ainsi Emmaùs est devenu’Amu’âs ; Thisbé, Istéb, et Làfrûn est appelé Baflûn par les paysans. Situé dans une vallée d’un abord facile et attrayant, à vingt kilomètres à peine de l’endroit où’elle débouche dans le Ghôr, Fara’a' ne pouvait voir d’un regard tranquille le passage des Madianites envahisseurs dans la vallée du Jourdain. Ces données ne suffisent pas sans doute à établir d’une manière certaine l’identité de’Ofrâh et de Fara’a' ; mais elles semblent lui donner quelque probabilité, que les autres localités, ses voisines, n’ont pas au même degré.

II. Description. — Tell elFara’a' est une colline s’élevant de quarante à cinquante mètres de hauteur au-dessus de sa base (fig. 590). Son large sommet, de près d’un kilomètre carré de superficie, et ses flancs sont couverts de pierres disséminées, de grandeurs diverses, débris d’anciennes habitations entièrement ruinées. À six cents mètres à l’est, une seconde colline de moindre étendue est également couverte de ruines de caractère antique. Vers l’extrémité orientale de la colline, une grande tour carrée, de dix mètres environ d’élévation et de quinze mètres de côté, surplombe la vallée. Elle était construite avec de beaux blocs, dont un grand nombre étaient taillés en bossage ; l’étage supérieur est détruit. Elle est appelée Bordj el-Fara’a'. Tout à côté est un birket, de vingt mètres environ de longueur sur sept de largeur, entièrement creusé dans le roc. On remarque encore plusieurs citernes, taillées également dans le roc. II est incontestable qu’il y avait jadis en ce lieu une ville relativement importante. — Au nord et près du tell, une source extrêmement abondante et pure prend naissance au milieu d’un bosquet de figuiers et d’arbres divers.