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ÉPHOD


de fin lin (Ses) retors, brodé de fils teints couleur hyacinthe, pourpre, écarlate, et broché de lamelles d’or. Exod., xxviii, 6 ; xxxix, 2. Cf. Josèphe, Ant.jud., III, vu, 5. — La ceinture est expressément désignée, Exod., xxviii, 8 : le l.iéséb, rendu textura par la Vulgate, est traduit par ceinture dans les versions syriaque, chaldéenne ; Josèphe a également Çtavirç. Cette ceinture retenait la partie inférieure du corselet ; elle était de même étoffe et de même couleur. Exod., xxviii, 8, 27, 28 ; xxix, 5 ; xxxix, 5, 20, 21 ; Lev., viii, 7. — Mais ce qui distinguait particulièrement l’éphod et en faisait un vêtement bien différent d’une tunique, c’étaient les épaulières ; aussi est-ce la partie surtout décrite ou rappelée dans le texte sacré. Deux bandes d’étoffe, appelées ketêfôt (d’après l’étymologie, « épaulières » ) « seront fixées à l’éphod à ses deux extrémités, et ainsi il sera attaché », dit l’Exode, xxviii, 7. Cf. xxxix, 4. La Vulgate traduit ke(êfôt par oras, ce qui rend la description inintelligible ; les Septante, au contraire, en mettant èîtt.i[iî8£ç, emploient l’expression grecque équivalente au mot hébreu. De chaque côté du corps, à droite et à gauche, une bandelette partait du bord supérieur du corselet sur la poitrine et sur le dos ; et ces quatre bandes se rejoignaient deux à deux sur les épaules à la façon de bretelles, comme nous le voyons sur les monuments égyptiens. Ces bandes étaient de même ti’ssu et de même couleur que le corselet. Exod., xxviii, 8. Et à l’endroit où elles s’agrafaient sur chaque épaule se trouvait une pierre fine, sertie dans un chaton d’or. Exod., xxv, 7 ; xxviii, 11-12 ; xxxv, 9, 17 ; xxxix, 16-19. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, dit également que ces deux cabochons reliaient entre elles les bandelettes de l’éphod à la façon d’une agrafe. Les noms des enfants d’Israël (et par conséquent des douze tribus) étaient gravés sur ces pierres précieuses, six sur l’une et six sur l’autre, selon l’ordre de leur naissance. Exod., xxviiii, 9-10. D’après la tradition juive, les noms des six aînés étaient sur l’épaule droite, et les noms des puînés sur l’épaule gauche. Josèphe, Ant.jud., III, vii, 5. — En terminant cette description des trois parties de l’éphod, il est curieux de constater que, malgré le peu de clarté des textes pris en eux-mêmes, et indépendamment de la lumière que leur donnent’les monuments égyptiens, un rabbin du moyen âge, Raschi, arrive aux mêmes conclusions. « Personne, dit - il dans son Commentaire sur l’Exode, au ꝟ. 6 du chapitre xxviii, ne m’a jamais indiqué, et je n’ai jamais trouvé dans la tradition quelle était la forme de l’éphod ; mais je pense que le grand prêtre était ceint de l’éphod (Exod., xxviii, 8), comme de ces larges ceintures que portent les princes quand ils montent à cheval. Telle devait être, en effet, la forme de la partie inférieure de l’éphod, comme nous pouvons le conclure de ce passage (I Reg., ii, 18) où il est dit que David se ceignit d’un éphod de lin. L’éphod était donc une espèce de ceinture. Mais l’éphod ne consistait pas seulement en une ceinture, car nous lisons dans le Lévitique, vin, 7, qu’on plaça l’éphod sur le grand prêtre et qu’on le ceignit bel.iêseb hâ’êfôd, « par la ceinture de » l’éphod. » Le hêseb était donc une ceinture, et l’éphod était le vêtement placé au-dessus de cette ceinture. On ne peut pas dire non plus que l’éphod soit les deux bandelettes, puisqu’on les appelle les bandelettes de l’éphod. Nous devons donc conclure que le nom d’éphod, Exod., xxviii, 8, s’applique à une partie du vêtement, tandis que les bandelettes désignent une autre partie, comme la ceinture en désigne une troisième. » Cf. V. Ancessi, L’Egypte et Moïse, p. 42-43.

2° Usages. — L’éphod, tel qu’il vient d’être décrit, était un des vêtements dont le grand prêtre devait se revêtir pour exercer ses fonctions sacerdotales. Exod., xxviii, 4 ; Lev., viii, 7 ; I Reg., ii, 28. Il ne l’avait donc pas d’une façon habituelle ; aussi le voyons-nous suspendu dans le tabernacle et couvrant l’épéede Goliath. I Reg., xxi, 9. En le revêtant, le grand prêtre portait ainsi sur les

épaules les noms des douze tribus d’Israël, qu’il représentait devant le Seigneur. Exod., xxviii, 12 ; Lev., viii, 7. L’éphod servait aussi à attacher le rational ou pectoral dans l’espace laissé vide entre le bord supérieur du corselet et les deux bandelettes. C’est bien ce que dit Josèphe. Ant.jnd.jlll, vii, 5 : « L’éphod laisse à nu le milieu de la poitrine, et c’est là qu’est placé le pectoral… ; il remplit exactement le vide de l’éphod. » Il était suspendu par deux anneaux d’or à deux chaînes d’or fixées par l’autre extrémité aux deux agrafes des bandelettes, agrafes placées non pas sur les épaules, mais un peu en descendant vers la poitrine, comme on peut le voir sur les monuments égyptiens. Exod., xxviii, 13-14, 23-28. Voir Pectoral. L’éphod ainsi muni du pectoral servait à consulter Jéhovah. David, pour connaître les desseins de Saül et des gens de Ceila contre lui, pria le grand prêtre Abiathar d’apporter l’éphod. Et le Seigneur répondit par l’éphod. I Reg., xxili, 6-9. Un peu plus tard, David demanda au même Abiathar de mettre l’éphod pour lui et de consulter le Seigneur. I Reg., xxx, 7. Dans I Reg., xiv, 3, où il s’agit de la guerre de Saùl avec les Philistins, il est bien dit qu’Achias le grand prêtre portait l’éphod ; mais quand le roi veut consulter le Seigneur pour connaître l’issue du combat, on lit dans le texte hébreu massorétique ^ ꝟ. 18 : « Saül dit à Achias : Faites approcher l’arche d’Èlohim (car l’arche d’Êlohim était alors avec les enfants d’Israël). Mais les Septante portent : « Saül dit à Achias : Faites approcher l’éphod ; car il portait alors l’éphod devant les enfants d’Israël. » C’est évidemment la vraie leçon, en harmonie avec le ꝟ. 3, avec le verbe haggiSâh, expression propre à l’usage de l’éphod. I Sam., xxiii, 9 ; xxx, 7. De plus, c’est avec l’éphod qu’on interrogeait le Seigneur ; et l’on ne voit pas d’ailleurs que l’arche eût été alors apportée de Cariathiarim. Enfin Josèphe, Ant. jud., VI, vi, 3, ne parle pas de l’arche en cette circonstance ; mais il dit que Saùl ordonna au grand prêtre de prendre l’éphod, axoXr^i àp^iEpaTixTiv, pour prophétiser sur l’avenir. La confusion s’explique d’ailleurs facilement entre tisn, ’êfâd, et jiin, ’ârôn.

II. Éphod ordinaire. — Nous voyons un éphod porté par de simples prêtres : Doëg l’Iduméen, sur l’ordre de Saùl, massacre quatre-vingt-cinq prêlres revêtus de l’éphod. I Reg., xxii, 18. Un simple lévite, encore enfant, Samuel, était ceint de l’éphod. I Reg., ii, 18. David lui-même, dans le transport de l’arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem, marchait devant Jéhovah, ceint d’un éphod. II Reg., vi, 14 ; I Par., xv, 27. Ce vêtement, porté par de simples prêtres ou des lévites ou par le roi dans une fonction religieuse, étant nommé éphod, devait avoir la forme générale de l’éphod du grand prêtre ; mais il faut remarquer que dans tous les exemples qui viennent d’être cités l’éphod est dit’ëfôd bad, et non pas simplement’êfôd, comme lorsqu’il s’agit de celui du grand prêtre. Ce dernier éphod d’ailleurs était en ses et non en bad. Exod., xxviii, 7 ; xxxix, 2. Le ses était le fin lin d’une éclatante blancheur ; le bad paraît être le lin écru. De plus, l’éphod ordinaire n’avait pas les ornements d’or et de couleurs variées de l’éphod du grand prêtre, et surtout il ne servait pas à attacher le pectoral. Les Septante, pour l’éphod porté par David, II Reg., vi, 14 ; I Par., xv, 27, semblent avoir voulu bien distinguer ce vêtement de celui du grand prêtre en traduisant par

ffToXirç.

III. Éphod iDOLATRiQUE. — Après la défaite des Madianites, Gédéon, recueillant dans le butin les pendants d’oreille, du poids de dix-sept cents sicles d’or, en fit

faire un éphod, qu’il plaça, l>sn, hissîg, dans sa ville

d’Éphra. Ce fut l’occasion pour Israël d’un culte idolâtrique, et pour Gédéon et sa maison une cause de ruine. Jud., viii, 27. Dans un épisode qu’on lit vers la fin du livre des Juges, xvii, mais qui paraît devoir se placer au commencement de cette période, nous voyons un Éphruî-