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ÉPHI — ÉPHOD


de rnensura, « mesure, » Prov., XX, lO’ftirrpov) ; Amos, vin, 5 (lisrpov) ; Mich., vi, 10 (non rendu dans les Septante), parce que, dans ces trois endroits, l’hébreu’êfâh est employé dans le sens générique de mesure de capacité. — 3. Elle s’est servie du mot modius, « boisseau, » au lieu d’éphi, Lev., xix, 36 (xo3c, « congé » ), et Deut., xxv, 14, 15 ((i=Tpov), pour exprimer également une mesure en général ; mais elle a rendu avec moins d’exactitude’êfâh, qui a là un sens précis, par modius, dans Jud., VI, 19 (oï T Q, I Reg., i, 24 (o’iipi) ; Is., v, 10 (ulTpov). Voir Boisseau, t. i, col. 1840. — 4. Dans un seul endroit, Num., v, 15, elle a mis au lieu « d’un dixième d’éphi de farine d’orge », qu’on lit en hébreu : « un dixième de satum. » Voir Se’ah. — 5. Enfin, dans la version de Zacharie, saint Jérôme a traduit cinq fois’êfâh par amphora, « amphore. » Septante : jiitpov. Zach., v, 6, 7, 8, 9, 10. Voir Amphore, t. i, col. 521. V’êfâh apparaît dans la vision de Zacharie comme une mesure de capacité, susceptible, à cause de sa forme, de recevoir une femme symbolique, qui figure les iniquités d’Israël et qui y est enfermée. Un ange place au-dessus d’elle, à l’ouverture du vase, un couvercle de plomb pour l’empêcher d’en sortir, et deux femmes, à qui des ailes de cigogne (hébreu) permettent de voler, emportent V’êfâh et son contenu dans la terre de Sennaar, c’est-à-dire dans la terre de la captivité, en Babylonie. Ce sont sans doute ces divers détails qui ont porté saint Jérôme, quoiqu’jl ne s’explique pas là-dessus, In Zach., v, 5, t. xxv, col. 1410, à adopter ici le mot « amphore » ; celle-ci était bien connue de ses lecteurs latins, sa capacité était considérable, et ses deux anses permettaient de l’enlever et de la transporter facilement. L’'êfâh signifie dans cette vision, ou bien que les péchés d’Israël avaient atteint la mesure déterminée par Dieu pour les punir, cf. Gen., xv, 16, ou bien que les pécheurs sont comme des grains de blé qui sont amoncelés dans une mesure. Voir J. Knabenbauer, Comment, in proph. min., t. ij, 1886, p. 277.

— L’indication de 1’'êfâh est probablement sous-entendue dans le texte hébreu, Ruth, iii, 15, 17, et Agg., ii, 16 (Septante et Vulgate, 17), comme étant l’unité de mesure des grains. La Vulgate a suppléé dans ces trois passages le mot modius, « boisseau ; » les Septante ont reproduit le texte original sans addition dans les deux premiers, et ils ont ajouté aâza (voir Se’ah) dans le troisième. F. Vigouroux.

1. ÉPHOD (hébreu : ’Êfôd ; Septante : Eouçf ; Codex Alexandrinus : OvyiS), père de Hanniel, de la tribu de Manassé. Num., xxxiv, 23.

2. ÉPHOD (hébreu : ’êfôd ; Septame : êitwjjifi ; , èipoiiS, èçû’S, cttoXti ; Vuïgate : superhumerale, ephod), sorte de vêtement sacré, diversement orné, suivant qu’il était porté par le grand prêtre, ou par d’autres personnes dans des fonctions religieuses, ou parfois même employé à des usages idolâtriques.

I. Éphod DU grand prêtre. — 1° Description. — L’Écriture ne décrit nulle part d’une façon complète ce vêtement ; mais en réunissant les différents textes, en y ajoutant les explications de Josèphe, et surtout en rapprochant ces données des monuments égyptiens, comme l’a fait très heureusement V. Ancessi dans son livre, L’Egypte et Moïse, in-8°, 1875, p. 32-46, 57-69, on arrive à se faire une idée juste et claire de ce qu’était l’éphod. On peut voir assez fréquemment sur les monuments égyptiens, porté par des dieux ou des pharaons, un vêtement ainsi composé : une large bande d’étoffe aux couleurs diverses ceint le buste depuis le milieu du corps jusqu’aux aisselles ; à la partie inférieure une riche ceinture le retient appliqué autour des reins ; à la partie supérieure, sur le dos et sur la poitrine, à gauche et à droite, partent deux bandelettes qui viennent se rejoindre et s’agrafer sur l’épaule comme des bretelles (fig. 589).

Cf. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 224, 242, 274 ; A. Erman, Aegypten und àgyptisches Leben im Altertum, in-8°, "Tubingue, 1885, p. 358. Quelquefois une sorte de jupe descendant jusqu’aux genoux semble faire partie du même vêtement. Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 140, 172 ; Champollion, Monuments, pi. 252. Mais plus ordinairement, comme dans les exemples cités plus haut, il paraît distinct du pagne ou schenti, porté habituellement par les

. 589. — Boi égyptien portant l’éphod. Thèbes. xx « dynastie. D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, Bl. 224.

Égyptiens de toutes les époques. D’après les monuments, ce vêtement se compose donc de trois parties : le corselet, la ceinture et les épaulières ; or il en est ainsi dans l’éphod du grand prêtre. — Le corselet, il est vrai, n’est pas décrit dans le texte sacré ; mais il est implicitement marqué. Le verbe ceindre de l’éphod, II Reg., ii, 18, suppose une sorte de ceinture, et cependant ce n’en était pas une proprement dite, puisqu’il est question de la ceinture de l’éphod. Exod., xxviii, 8 (hébreu). « L’éphod, dit Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, est large d’une coudée et laisse à découvert le milieu de la poitrine. » Or une large bande d’étoffe ceignant le buste à partir de la ceinture jusqu’aux aisselles, telle que nous la montrent les monuments égyptiens indiqués plus haut, remplit parfaitement ces conditions. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, suppose de plus que l’éphod avait des manches, mais l’Écriture n’en mentionne nulle part ; et l’auteur juif pouvait du reste avoir en vue les manches de la tunique sur laquelle on mettait l’éphod. Le tissu du corselet était