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ÉPHÈSE — ÉPHÉSIENS (ÉPITRE AUX)

Ô

cri douloureux ne fut entendu de personne, et la basilique s’effondra sur le glorieux tombeau. Chose digne de remarque, la seule population qui habite encore Éphèse, huit ou dix familles, s’est, après bien des péripéties, instinctivement groupée aux flancs de la colline même où l'Éphèse primitive des Lélèges avait jadis été fondée.

Voir Guhl, Ephesiaca, Berlin, 1843 ; Falkener, Ephesus and the temple of Diana, Londres, 1862 ; Wood, Discoveries in Ephesus, Londres, 1877 ; E. Le Camus, Voyage aux pays bibliques, Paris, 1890, t. iii, p. 132 et suiv. ; Les sept Églises de l’Apocalypse, Paris, 1896, p. 120 et suiv, : on y trouvera la reproduction phototypique des principaux sites d'Éphèse ; F. V..1. Arundell, Discoveries in Asia Minor, 2 in-8°, Londres, 1834, t. ii, p. 247-272 ; E. Curtius, Ephesos, Berlin, 1874, et surtout G. Weber, Le guide du voyageur à Éphèse, Smyrne, 1891.

E. Le Camus.

    1. ÉPHÉSIEN##

ÉPHÉSIEN ('EçÉdtoç, Ephesius), originaire d'Éphèse, comme Trophime, Act. xxi, 29, ou habitant de cette ville. Act. xix, 28, 34, 35. Dans le texte grec ordinaire, Apoc, II, 1, l'église d'Éphèse est appelée 'Eçectévti èxxviriaîa.

    1. ÉPHÉSIENS##

ÉPHÉSIENS (ÉPlTRE AUX). Les plus anciens manuscrits ont en tête de cette Épitre : itpo « Eçsmouç ; les autres manuscrits et les versions ont le même titre, mais plus développé. Pour le détail de l’appareil critique, voir Tischendorf, Novum Testamentum grssce, editio octava major, t. ii, p. 663. Seul Marcion et des hérétiques, au dire de Tertullien, Adv. Marcionem, v, 11, 17, t. ii, col. 500, 502, lisaient en tête de cette Épitre : ad Laodicenos. Le reproche que Tertullien fait à Marcion d’avoir interpolé le titre : ad Ephesios, prouve l’unanimité de la tradition en faveur de ce titre.

I. Destinataires de l'Épître. — La lettre a-t-elle été écrite aux Éphésiens, et, si elle ne l’a pas été aux Éphésiens seuls, à qui était-elle adressée ? Cette question a reçu des réponses très diverses. Établissons d’abord les faits. — 1° Examen externe. — Chap. 1, ^.1, nous lisons : Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, tôt ; àfcoiç toïç ouatv [èv 'Eçé<T(o] xal tucttoï ; èv Xpiarw 'ItietoO. La lettre primitive contenait-elle ces deux mots : iv 'Eçéffw ? Si l’on excepte le Sinaiticus, le Vaticanus et le Codex 67, tous les manuscrits grecs ont Iv 'Eçéuw. A remarquer en outre que ces mots ont été ajoutés dans le Vaticanus et le Sinaiticus par une seconde main, et que dans le Codex 67 ils avaient été écrits par le copiste, puis effacés par le correcteur. Le canon de Muratori ( voir Canon, col. 170), toutes les anciennes versions, ainsi que les Pères de l'Église, lisent aussi èv 'Eçécro). Cependant l’argumentation d’Origène, Commentaire perdu sur l'Épître aux Éphésiens, dans la Catena de Cramer, p. 102, suppose qu’il n’avait pas èM 'Eçéum dans son texte. Saint Jérôme fait allusion probablement à ce passage d’Origène lorsqu’il dit : Alii vero simpliciter non « ad eos qui sintv, sed « ad eos qui Ephesi sancti et fidèles sint ». In Ephes., t. xxvi, col. 443. Tertullien, pas plus que Marcion, n’avait dans son exemplaire èv 'Eçéutij ; autrement Tertullien, t. ii, col. 500, aurait accusé Marcion d’avoir interpolé non seulement la suscription de l'Épître, mais aussi le texte. Saint Basile le Grand, Contra Eunom., ii, 19, t. xxix, col. 612, cite l’adresse de l'Épître sans y intercaler èv 'Eipé<xm, et déclare que ses prédécesseurs ont ainsi transmis le texte et qu’il l’a trouvé lui-même en cet état dans les anciens manuscrits. Cf. Épiphane, Her., xiii, 9, t. xii, col. 708, et t. xlvii, col. 721. — 2° Examen, interne. — Saint Paul avait fondé l'Église d'Éphèse, et, sauf une absence de quelques mois, il passa dans cette ville trois ans, de l'été de 54 à la Pentecôte de l’année 57, ne cessant pendant ces trois ans, comme il le dit aux anciens d'Éphèse, de les exhorter avec larmes, jour et nuit. Act., xx, 31. Le récit des Actes des Apôtres, xviii, 19, et six, 1-xx,

prouve que la prédication de saint Paul fut écoutée avec faveur, et que beaucoup de Juifs et de païens devinrent chrétiens. Le discours, Act., xx, 18-35, que saint Paul adresse aux anciens de l'Église d'Éphèse, qu’il avait appelés auprès de lui, montre bien l’affection réciproque qui unissait Paul et cette Église. Au moment du départ tous fondirent en larmes, et, se jetant au cou de Paul, ils l’embrassèrent. Act., xx, 37. On voit d’ailleurs, dans le discours de l’Apôtre, nettement exprimées des inquiétudes au sujet des erreurs qui pourraient se glisser dans cette Église. Act., xx, 29, 30. Si nous considérons les rapports familiers qui existaient entre Paul et les Ephésiens, les liens d’affection qui les unissaient, les périls et les dangers de toute nature qu’ils ont courus ensemble, comment expliquer le ton grave, froid, didactique, de cette lettre, où l’on ne retrouve aucun souvenir personnel, aucune allusion au séjour de Paul à Éphèse, aucune des effusions que l’Apôtre prodiguait d’ordinaire dans ses Épîtres à ses fils dans la foi ? L'Épître aux Colossiens, écrite en même temps que celle aux Éphésiens, et adressée à une Église que l’Apôtre n’avait pas fondée et qu’il ne connaissait pas, est beaucoup plus affectueuse. Col., i, 8, 9, 24 ; ii, 1, etc. Il envoie ses salutations aux fidèles de Colosses et à ceux de Laodicée, qu’il n’avait jamais vus, Col., IV, 15, 18, et pour les Éphésiens, qu’il avait évangélisés pendant trois ans, il n’a au commencement de la lettre, I, 1-2, que des bénédictions générales à leur adresser, et à la fin, VI, 23-24, que des souhaits qui pouvaient être faits à tous les chrétiens. Il ne parle pas de ces pasteurs d'Éphèse à qui il avait fait récemment de si touchants adieux ; il n’envoie aucune salutation de la part de ceux qui l’entourent. Timothée, bien connu des Éphésiens, et qui est auprès de lui, n’est pas associé à l’Apôtre pour l’envoi de la lettre, tandis qu’il l’est pour les lettres à Philémon et aux Colossiens. En outre, certains passages s’expliquent difficilement, s’ils s’appliquent uniquement aux Éphésiens, 1, 15 : « C’est pourquoi, moi aussi, ayant entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus…, je ne cesse de rendre grâces pour vous. » Et plus loin, iii, 1, 2, saint Paul rappelle qu’il est, par vocation spéciale, l’Apôtre des Gentils, et il ajoute, iii, 1 : « Si du moins vous avez entendu parler, efye tjxoûwxte, de la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pour vous. » Enfin, après avoir décrit les désordres des païens, Paul dit à ses lecteurs, iv, 21 : « Pour vous, ce n’est point ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l’avez entendu, eïye aû-rôv TjxoûdaTs, et si vous avez été instruits en lui… » Quoique la conjonction et-ys ait plutôt un sens emphatique qu’un sens négatif, et qu’elle ne suppose chez l'écrivain aucun doute au sujet de l’idée qu’il exprime (Hort, Prolegomena to the Ephesians, p. 95), il n’en reste pas moins difficile à comprendre que saint Paul ait pu adresser de semblables paroles à une Église qui lui devait toute la connaissance qu’elle avait de JésusChrist et de son Évangile. Quelques critiques ont conclu de ces observations que cette Épitre n'était pas de saint Paul. Faisons remarquer que, au contraire, si elle était d’un faussaire, celui-ci aurait eu soin, pour lui donner un cachet d’authenticité, d’y intercaler des détails rappelant les rapports de Paul avec l'Église d'Éphèse, et qu’il aurait évité tout ce qui pouvait faire mettre en doute que saint Paul fût l’auteur de l'écrit. — 1. Un grand nombre de critiques, Usher le premier, et à sa suite, parmi les catholiques, Garnier, Dupin, Vallarsi, Hug, Glaire, Reithmayr, Valroger, Lamy, Bisping, Duchesne, Fouard, et parmi les non-catholiques, Bengel, Olshausen, Reuss, Oltramare, Ellicott, Lightfoot, Hort, Weiss, Haupt, Abbott, Zahn, etc., expliquent les faits en supposant que l'Épître aux Éphésiens est une lettre encyclique. Elle était adressée aux Églises d’Asie Mineure, et Tychique, porteur aussi des lettres à Philémon et aux Colossiens, écrites à la même époque, devait la remettre aux destinataires. En avait-on fait plusieurs copies, ou bien Tychique avait-il une seule