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ÉPHÈSE


touchait au mur de la ville, que l’on franchissait ici par la porte de Colophon, et de l’autre il n’était séparé du stade que par une grande rue à colonnades, aboutissant à la porte qui, d’après mes hypothèses topographiques, aurait été celle du Coressus. Elle regardait, en effet, cette colline, aujourd’hui dite d’Ayassoulouk, et s’ouvrait sur la voie conduisant au Coressus, en touchant au temple île Diane.

Le péribole de ce temple ayant été retrouvé, avec une inscription qui rapportait à Auguste, vers l’an 6 avant J.-C, sa reconstruction, M. Wood poursuivit énergiquement ses sondages, sur d’arriver à un heureux résultat. Il atteignit, en effet, à six mètres sous le limon, le parvis du

avait déjà été reconstruit plusieurs fois à la même place, avant que Chersiphon donnât le plan de celui qui, après deux cent vingt ans de travaux et grâce aux dons volontaires des villes d’Asie, était devenu une des merveilles de l’antiquité. Érostrate, pour s’immortaliser, l’incendia en 356 avant J.-C, le jour même de la naissance d’Alexandre. Mais les adorateurs de Diane décrétèrent qu’on en relèverait un septième encore plus beau que le sixième, et, en effet, Dinocrate, utilisant tous les perfectionnements successifs de l’art architectural, réussit à faire une œuvre plus admirable, semblet-il, que celle qui avait péri. Les plus grands artistes, Praxitèle, Parrhasius, Apelle et bien d’autres, y apportèrent un large contingent

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587. — Ruines de la porte dite de Lysimaque. D’après une photographie do M. Henri Camboumac.

fameux Artémisium, tout encombré de débris de colonnes, de frises et de chapiteaux. Le mur de la cella fut retrouvé, et l’ensemble de la reconstitution allait devenir facile. Malheureusement, comme nous le disait le regretté M. Humann, les fouilles de M. Wood eurent pour but plutôt la recherche de beaux morceaux antiques qu’une exploration des ruines, en sorte que le chercheur anglais se tint pour satisfait quand il put rapporter à Londres quelques superbes fragments, la base sculptée et trois tambours d’une des colonnes du temple, avec une tête de lion de la corniche. Cessant tout à coup de déblayer le terrain, il renonça à faire une œuvre archéologique sérieuse. Avec quelques mois de plus de travail, on aurait pu constater l’exactitude des indications architectoniques données par Pline, H. N., xxxvi, 21. Depuis vingt-cinq ans, les terres ont en partie envahi la fosse informe où coassent d’innombrables grenouilles, et où poussent les saules pleureurs ; mais les archéologues autrichiens reprendront et mèneront à bon terme ce travail important. On sait que le fameux temple de Diane ou Artémisium

de leur génie. On a parlé ailleurs (voir col. 1404) de la célèbre statue de Diane d’Éphèse, vénérée dans ce temple dont les dépendances étaient très considérables. Il fut pillé et détruit par les Goths, en 262. Une partie de ses marbres alla à Constantinople orner les palais, les cirques, les monuments impériaux et les églises. Ce qu’on laissa en place servit plus tard à ériger une belle mosquée au pied de la colline d’Ayassoulouk.

Celte mosquée, qui tombe elle - même en ruines, n’a, quoi qu’on en ait dit, rien de commun avec les traditions chrétiennes. Ce n’est ni l’église ancienne de saint Jean, ni celle de la sainte Vierge ; mais elle a été bâtie de toutes pièces par les musulmans, qui voulurent avoir ici une belle maison de prière. S’il y avait eu des hésitations dans l’esprit de quelques-uns, en raison même de l’obstination que les rares chrétiens d’Éphèse mettaient à y supposer un vieux sanctuaire chrétien, elles doivent cesser après les constatations qui viennent d’avoir lieu. Sur le grand portail occidental se trouve une inscription en relief, qui, grâce à un estampage, a été récemment déchiffrée par la