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ENSEIGNEMENT


en toute occasion, quand ils étaient assis dans leurs mai- | sons, quand ils marchaient sur le chemin, quand ils se couchaient ou se levaient. Deut., xi, 19. — Salomon rapporte les leçons que son père lui avait données sur les avantages de la sagesse, Prov., IV, 3-9 ; il indique clairement que l’enseignement de la sagesse était traditionnel dans les familles, Prov., i, 8 ; VI, 20, et il affirme enfin que l’enfant sage est le fruit de la doctrine de son père. Prov., xui, 1. — L’auteur de l’Ecclésiastique, xxx, 13, recommande au père d’instruire son fils, et il rappelle les heureux fruits de cette instruction, xxx, 2-3.

2° Enseignement des prêtres et des lévites. — Moïse remit le Livre de la Loi, le Pentateuque ou au moins le Deutéronome, aux prêtres et aux vieillards d’Israël, et il leur ordonna de le lire à tout le peuple rassemblé devant le Seigneur, chaque sept ans, durant l’année jubilaire, à la fête des Tabernacles, « afin qu’en entendant cette lecture les Israélites apprennent à connaître et à craindre le Seigneur, à garder et à observer tous ses commandements, et pour que leurs enfants qui l’ignorent maintenant puissent l’entendre et craignent le Seigneur tous les jours de leur vie. » Deut., xxxi, 9-13. Le cantique de Moïse devait être retenu de mémoire, pour être chanté et servir de témoignage contre le peuple apostat. Deut., xxxi, 19 et 22. Josué accomplit l’ordre de Moïse et lut aux Israélites réunis au pied des monts Hébal et Garizim ce qui était écrit dans le volume de la Loi. Jos., vin, 34. Pendant longtemps il n’est pas fait mention de cette ordonnance dans l’Écriture. On ne peut conclure de ce silence ni que la loi n’existait pas ni même qu’elle n’était pas pratiquée. L’usage ordinaire n’était pas signalé et n’avait pas besoin de l’être. Il est permis cependant de penser que sous les rois impies la lecture régulière du Pentateuque était omise. Les princes pieux faisaient observer la pratique ancienne ou la rétablissaient. Ainsi Josaphat envoya, la troisième année de son règne, des princes et des lévites dans toutes les villes de Juda, pour instruire le peuple et lire le livre de la Loi du Seigneur. H Par., xvii, 7-9. Quand le grand prêtre Helcias eut retrouvé dans le Temple un exemplaire ancien de ce livre, peut-être même l’autographe de Moïse, le roi Josias en lut toutes les paroles dans le Temple de Jérusalem, devant tous les hommes de son royaume. IV Reg., xxii, 8-20, et xxiii, 1-3 ; II Par., xxxiv, 14-33. La vingtième année d’Artaxerxès, les sept premiers jours du septième mois, Esdras fit au peuple la lecture de la Loi et le décida à y conformer parfaitement sa conduite. II Esdr., viii, 1-8. D’après l’usage juif postérieur à Esdras, on se bornait à lire, le premier jour de la fête des Tabernacles seulement, quelques parties du Deutéronome. Selon Josèphe, Ant.jud., X, iv, 2, et les rabbins, c’était le grand prêtre ou le roi qui devait s’acquitter de ce devoir dans le Temple.

3° Enseignement des prophètes. — Les prophètes d’Israël n’avaient pas seulement pour mission de prédire l’avenir ; ils étaient chargés de communiquer aux hommes toutes les volontés de Dieu, de maintenir la religion mosaïque dans son intégrité et de veiller par leurs enseignements, leurs avertissements, leurs reproches et leurs menaces, à la conservation de la pureté des mœurs et de la doctrine. Leur principale fonction était d’instruire le peuple, de conserver l’alliance conclue entre lui et Jéhovah, et de revendiquer les droits contestés ou méconnus de celui qui les envoyait et les animait de son esprit. Ces hommes inspirés n’apparaissaient pas seulement de loin en loin, dans les temps difficiles, aux moments de crise. Us forment une série presque ininterrompue dans le cours de la plus grande partie de l’histoire d’Israël, de telle sorte que le prophétisme peut être regardé comme une institution régulière et en quelque sorte normale en Israël. La série commence à Moïse lui-même et se termine par Malachie. On en trouve l’institution divine dans la prophétie de Moïse, Deut., xviii, 15-19 ; de sorte que

le ministère prophétique, qui était extraordinaire quant au choix des prophètes et à l’exercice de leur mission, était le magistère ordinaire, suprême et infaillible, parmi le peuple d’Israël. Cf. J.-P.-P. Martin, Introduction à U critique générale de l’Ancien Testament. De l’origini du Pentateuque, t. iii, Paris, 1888-1889, p. 641-650 ; R. Cornely, Historica et critica introductio in utriusque Testamenti libros sacros, t. ii, 2, Paris, 1887, p. 271-280 ; Mo’Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 10-24 ; J. Brucker, L’enseignement des prophètes, dans les Études religieuses, août 1892, p. 554-580 ; Fontaine, Le monothéisme prophétique, dans la Revue du monde catholique, novembre 1895, p. 193-204, et janvier 1896, p. 5-25.

4° Enseignement des scribes ou des docteurs. — Quand la prophétie eut cessé en Israël, une autre institution, d’origine humaine, celle des scribes ou des docteurs de la loi, la remplaça pour l’instruction du peuple Le sôfêr ou scribe avait eu pour première fonction d’écrire sur les rouleaux sacrés le texte de la loi et de veiller à sa conservation. Mais plus tard les scribes, tout en copiant le texte, l’étudiaient et l’expliquaient. C’est après le retour de la captivité de Babylone qu’ils devinrent plus nombreux et prirent de l’influence, en expliquant dans leurs écoles et dans les synagogues la loi et les traditions. Ils étaient assis sur la chaire de Moïse, et il fallait écouter leurs enseignements. Matth., xx.ni, 2 et 3. L’explication de l’Écriture dans les réunions des synagogues (voir Synagogue) devait plus tard donner naissance à la prédication chrétienne, qui en fut la continuation et le perfectionnement. Voir École et Scribe.

II. Dans le Nouveau Testament. — L’enseignement doctrinal de la nouvelle alliance fut dispensé successivement par Jésus, les Apôtres, les évêques et les docteurs.

1° Enseignement de Jésus. — Il n’était pas destiné au peuple juif seulement, mais au monde entier, dont Jésus devait être la lumière. Joa., viii, 12 ; ix, 5 ; xii, 46 ; Tit., H, Il et 12. Son objet, tout en restant exclusivement religieux, était plus vaste que celui de l’enseignement de Moïse et des prophètes. Il portait sur le nouveau royaume de Dieu, que Jésus était venu établir sur la terre. Voir Jésus-Christ. Cf. Bacuez, Manuel biblique, t. iii, 7e édit., Paris, 1891, p. 503-515 ; Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 96-97 ; de Pressensé, Jésus-Christ, son temps, sa vie, son œuvre, 2e édit., Paris, 1866, p. 350-372.

2° Enseignement des Apôtres. — Jésus ressuscité conféra aux Apôtres, qui devaient être comme lui la lumière du monde, Matth., v, 14, la mission de prêcher l’Évangile à toute créature et d’enseigner toutes les nations. Ils devaient apprendre à tous les hommes à observer tous les commandements du Maître, qui leur promettait son assistance constante et perpétuelle dans l’accomplissement de leur mission. Matth., xxviii, 19 et 20 ; Marc, xvi, 15 ; Luc, xxiv, 47. Ils étaient chargés de prêcher aussi la pénitence et la rémission des péchés, et de rapporter les faits dont ils avaient été les témoins. Luc, xxrv, 48 ; Act., i, 8. Le Saint-Esprit devait être envoyé pour leur enseigner toutes choses et leur suggérer le souvenir de tout ce que Jésus leur avait dit. Joa., xiv, 26 ; xvi, 13. Aussitôt après la venue de l’Esprit révélateur, saint Pierre prêche Jésus ressuscité, Act., ii, 14-41 ; iii, 12-26, et il continue ses prédications malgré la défense du sanhédrin et sans craindre la persécution. Act., iv, 17-20 ; v, 20, 21, 25, 28 et 42. Le livre des Actes est rempli du récit des prédications de saint Paul et de saint Barnabe. Act., xi, 26 ; xiii, 5, 16-41 ; xiv, 20 ; xv, 1, 35, 41 ; xvi, 4 ; xvii, 2-4, 17 ; xviii, 11 ; xix, 8 ; xx, 20 ; xxi, 28 ; xxii, 1-21 ; xxviii, 31. Cf. I Cor., iv, 17 ; vii, 17 ; xiv, 33 ; Col., i, 28 ; iii, 16.

3° Enseignement des docteurs. — À côté des Apôtres