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1789
1790
ENFANT


père. Les enfants héritaient des biens de leurs parents. Voir HÉRITAGE. Cf. J.-B. Glaire, Introduction historique et critique aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, 2e édit., Paris, 1843, t. ii, p. 356-365 ; S. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 376-377 ; Trochon, Introduction générale, Paris, 1887, t. ii, p. 358-362 ; card. Meignan, De Moïse à David, Paris, 1896, p. 132-135.

III. Condition morale de l’enfant. — Par une conséquence rigoureuse de sa descendance d’Adam, l’enfant est pécheur ; il a été conçu dans le péché, Ps. l, 7, et lvh, 4, et il est impur. Job, xiv, £. Ses sentiments sont charnels, et il a besoin d’une régénération spirituelle. Joa., m, 9. Voir Péché originel et Baptême. Il a apporté en naissant de mauvaises tendances, que l’éducation peut et

670. — Mère portant un de ses enfants suspendu sur son dos et l’autre sur son sein. D’après une photographie.

doit réprimer. Prov. xxil, 15. On peut juger d’après ses inclinations quelles seront l’innocence et la rectitude des actes de toute sa vie, Prov., xx, 11, et c’est dans le bas âge qu’il contracte des habitudes dont il lui est difficile de se défaire. Prov., xxil, ’6. Toutefois, avant qu’il n’ait fait usage de sa raison, il est exempt de toute faute personnelle ; il est innocent, pur et confiant. Son âme, à la vue des merveilles de la création, s’élève naturellement vers Dieu, qui tire des enfants encore à la mamelle une louange parfaite à la confusion des impies. Ps. viii, 3. Au jour des Rameaux, les enfants acclament Jésus au Temple de Jérusalem, alors que les prêtres se taisent et ne reconnaissent pas l’envoyé de Jéhovah. Matlh., xxi, 16. Jésus, du reste, avait eu pour les enfants une prédilection marquée, en raison de leur simplicité, de leur humilité et de leur candeur. Quand ses disciples discutaient sur la première place dans l’Église, il appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et, le caressant, le leur proposa pour modèle. Celui qui ressemblera à l’enfant, qui en aura la simplicité et l’humilité, sera le premier et le plus grand dans le royaume des cieux. Jésus tire ensuite les conséquences pratiques de ce principe et dé clare que recevoir un de ces petits, le bien traiter pour l’amour de lui, c’est le recevoir lui-même, et que scandaliser une de ces âmes innocentes et pures, c’est un crime digne d’une sévère punition. Il faut donc avoir soin de ne pas mépriser une seule de ces faibles créatures, que Dieu a confiées à la garde spéciale de ses anges. Matth., xviii, 2-6, 10, Marc, ix, 35, 36 et 41. Aussi quand les mères lui apportaient leurs petits enfants pour les bénir et prier pour eux, Jésus s’indignait contre ses disciples, qui les écartaient de lui, et il déclarait hautement que pour entrer dans le royaume des cieux il fallait leur ressembler. Puis il les caressait et leur imposait les mains. Matth., xix, 13-15 ; Marc, x, 13-16 ; Luc, xviii, 15-17. L’enfant, dont la sensibilité est plus développée que l’intelligence, juge les objets d’après les apparences, leur beauté et leur agrément. C’est pourquoi, au sujet de la glossolalie ou du don de parler les langues, saint Paul recommande aux Corinthiens de n’être pas des enfants par le jugement et l’appréciation, mais seulement par la malice. Si l’enfant se trompe, il n’a pas l’intention de nuire. Le chrétien doit être parfait dans son jugement, qui est porté avec réflexion et prudence ; qu’il ait seulement la malice de l’enfant, c’est-à-dire qu’il n’en ait pas. I Cor., xiv, 20. Dans le même ordre d’idées, saint Pierre exhorte ses lecteurs à dépouiller toute malice et toute fraude et à désirer comme les nouveaunés le lait spirituel de la doctrine évangélique, qui les fera croître en JésusChrist pour le salut. I Petr., ii, 1 et 2.

IV. Devoirs de l’enfant. — 1° En vertu de la loi naturelle. — Les liens d’étroite dépendance que la nature a établis entre les parents et les enfants servirent dès l’origine à régler les devoirs des uns à l’égard des autres, et notamment l’amour et le respect que les enfants devaient porter à leurs parents. Cham fut maudit parce qu’il avait manqué à cette loi ; Sem et Japhet furent bénis parce qu’ils l’avaient observée. Gen., IX, 20-27. Isaac obéit à son père Abraham, qui va l’immoler, Gen., xxil, 9 ; plus tard il reçoit l’épouse que le choix paternel lui destine, et seul son mariage avec Rébecca est capable de tempérer la douleur que lui avait causée la mort de sa mère. Gen., xxiv, 67. Moins soumis, Ésaù prend des femmes qui déplaisent à ses parents. Gen., xxvi, 34-35 ; mais Jacob se rend au désir de sa mère et va en Mésopotamie pour s’unir avec une fille de sa famille. Gen., xxviii, 7. Joseph, comblé d’honneurs en Egypte, honore son père, qu’il aimait tendrement. Gen, , xlv, 3, 9, 13 ; xlvi, 29.

2° D’après la loi mosaïque. — Quand Dieu promulgua la loi morale aux Israélites sur le mont Sinaï, il inscrivit au Décalogue les devoirs des enfants envers leurs parents, et il les plaça à la suite des commandements qui se rapportent immédiatement à lui : « Honore ton père et ta mère, afin que tu vives longtemps sur la terre. » Exod., xx, 12. Cf. Deut., v, 16. L’honneur dû aux parents comprend l’amour, l’obéissance, l’assistance ; en un mot, tous les devoirs que la nature impose aux enfants. La crainte filiale et respectueuse est spécialement commandée. Lev., xix, 3. Le quatrième précepte du Décalogue est le premier à qui Dieu ait attaché une récompense spéciale. Eph., vi, 2. Une longue vie sur terre est promise aux enfants qui honorent leurs parents. Cette promesse divine est bien appropriée à l’obligation qu’elle sanctionne : il convient de prolonger la vie de ceux qui respectent les auteurs de leurs jours. Les anciens Égyptiens connaissaient aussi cette promesse, car on lit sur le papyrus Prisse cet adage : « Le fils qui reçoit bien les ordres de son père vivra longtemps. » F. de HummeJauer, Comment, in Exod. et Levil., Paris, 1897, p. 204. Ce précepte divin fut renouvelé plusieurs fois, et des peines sévères furent infligées aux enfants qui ne l’observaient pas. « Maudit soit celui qui n’honore pas son père et sa mère, s Deut., xxvii, 16. Le fils qui maudit son père et sa mère, Exod., XXI, 17 ; Lev., xx, 9 ; celui qui les frappe, Exod., XXI, 15,