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ENCENSOIR — ENCRE


xvi, 12. Sans doute du temps du Tabernacle il était d’airain ; mais Salomon, comme nous l’avons vii, le fit fabriquer en or. Il faut avouer que cet encensoir n’était . pas à demeure dans le Saint des saints, il y était porté seulement pendant la durée de la cérémonie expiatoire ; d’un autre côté, il serait étrange que l’auteur de l’Épitre aux Hébreux, dans son énumération des objets du culte placés dans le Temple, eût omis l’autel des parfums. Aussi bon nombre d’exégètes, et avec raison, il nous semble, entendent par le Ou(it « Triptov de l’Épître l’autel des parfums. C’est ainsi du reste que traduisait la version italique : allare. La solution de la seule difficulté opposée à ce sentiment se trouve dans les paroles mêmes de l’Apôtre, rapprochées d’expressions identiques employées dans l’Ancien Testament. Il est à remarquer que l’auteur ne dit pas expressément que l’autel était dans le Saint des saints, il ne pouvait se tromper sur une chose si notoire ; il ne se sert pas de èv tj, comme au ꝟ. 2, pour les objets renfermés dans le Saint ; mais il dit èxoiina : ce qui est la traduction exacte de l’expression hébraïque de 1[[ Reg., vi, 22: hammizbêal.i âsér laddebir, « l’autel qui est à l’oracle ; » altare oraculi, d’après la Vulgate. De plus, on parle de cet autel au milieu de la description même de l’oracle ou Saint des saints. III Reg., VI, 20. L’Épitre n’affirme pas autre chose, sinon que l’autel des parfums était en relation étroite avec le Saint des saints. — Il ne faut pas confondre avec le mah(âh, « brûle - parfums, » un instrument de même nom, de forme sans doute analogue, mais plus petit et en or, qui servait à recevoir ce qui avait été mouché dés lampes. Exod., xxv, 38 ; xxxvii, 23 ; Num., iv, 9. Les Septante rendent justement ce mot par ÈnapuirTpiSaç, et par le terme plus général ÙTroOÉtiata ; la Vulgate se sert d’une périphrase : vasa ubi ea quss eniuncta sunt extinguantw, et une fois du mot emxtnctoria. — Il est à remarquer que le traducteur de la Vulgate rend d’une façon très variable et assez souvent erronée les noms des différents vases ou instruments servant au culte du Temple : on sent qu’il s’agit d’un état de choses qui n’existe plus de son temps. Les Septante, au contraire, sont en général plus exacts et-plus constants dans la façon dont ils traduisent ces différents noms. Ainsi la Vulgate rend par thuribula le mot qe&àvôf dans deux textes parallèles où il est question des quatre espèces de vases formant le mobilier de la table des pains de proposition. Exod., xxv, 29 ; xxxvii, 16. Les traducteurs grecs ont mis ijTtivSia, « vase à libation. » Dans un autre passage, Num., iv, 7, parallèle aux deux derniers, la version latine a crateras pour ce même nom qeiot, et c’est le mot qe’àrôt qu’elle rend par thuribula, lorsque les Septante mettent pour ce dernier nom hébreu TpvoXi’a. Or les qesof sont certainement des vases à libation, comme le dit expressément le texte lui-même, Exod., xxxvii, 16, et comme l’ont compris les Septante en écrivant <j71<5vôia. — Quant aux qe’àrôt, ce ne sont pas des brûle-parfums, mais des TpuëAi’a, vases semblables au catinus des Latins. Un passage du Lévitique, XXIV, 7, nous dit qu’on plaçait de l’encens très pur sur chacune des deux piles de pains d’offrande ou de proposition. Josèphe, Ant. jud., 111, x, 7, rapporte que cet encens était déposé dans deux petits vases appelés tccvccxe ; . C’est le catinus latin ; or ce vase était une sorte de soucoupe dans laquelle on portait des pastilles d’encens poulie sacrifice. — Les kafôf, Outoxoci, dont il est aussi parlé dans les passages cités de l’Exode, xxv, 29 ; xxxvii, 16, et des Nombres, iv, 7, étaient semblables à Vacerra des Latins, sorte de boite à encens, équivalente pour le service à ce que nous appelons la navette. Ces quatre vases du mobilier de la table d’offrande ne désignent donc pas irn encensoir. — Dans I Par., xxviii, 17, le mot qeèof, vase à libation, est également rendu par thuribula ; dans IV Reg., xii, 13 (hébreu, 14), le mot mizrâqôt, qui signifie un vase destiné à répandre le sang des victimes, est aussi traduit par thuribula. E. Levesque.

I ENCHANTEMENT, action de charmer par des opé| rations, appelées magiques. Voir Magie, Divination.

    1. ENCHANTEUR##

ENCHANTEUR, celui qui charme et opère des choses merveilleuses par des moyens magiques. Voir Charmeur.

    1. ENCLUME##

ENCLUME, Job, xii, 15 ; Eccli., xxjtvm, 29. Voir j Forgeron, col. 2310.

    1. ENCRE##

ENCRE (hébreu : der/ô ; Nouveau Testament : piXav ; I Vulgate : atramenlum), liquide servant à écrire. L’encre i dont les anciens se servaient ordinairement était une sorte | d’encre de Chine, c’est-à-dire une matière noire dessc-I chée, qui, délayée dans l’eau et répandue par le calame I du scribe, traçait sur le papyrus ou le parchemin les’caractères de l’écriture. Elle n’est mentionnée qu’une

; fois dans l’Ancien Testament. Jérémie dictait ses prophéties, 

et Baruch, son secrétaire, écrirait sur un rouleau avec de l’encre. Jer., xxxvi, 18. Le mot deyô, qui désigne ici l’encre, n’a pas été traduit par les Septante. Gesenius, Thésaurus, Leipzig, 1829, t. ii, p. 335, le rattache à la racine inusitée et incertaine dâyâh, « qui est de couleur sombre. » D’autres le font dériver de dàvàh, « couler lentement. » Fr. Buhl, Gesenius’Wôrterbuch, 12e édit., 1895, p. 169. L’emploi de l’encre est supposé par Ézéchiel, ix, 2, 3, 11, qui parle du qéséf hassôfêr ou encrier du scribe. Voir Écritoire. Mais l’usage de l’encre, quoiqu’il ne soit pas signalé dans les temps antérieurs, devait être plus ancien chez les Hébreux et remonter à l’époque où ils ont connu l’écriture sur papyrus. La législation mosaïque fournit un indice de son ancienneté. Les malédictions prononcées contre la femme infidèle à son mari devaient être écrites sur un billet, puis effacées avec des eaux amères, qu’on faisait boire à la coupable. Num., v, 23. L’écriture fraîche s’efface facilement par un lavage à l’eau, qui enlève l’encre. Les Hébreux ont pu apprendre à se servir de l’encre durant leur séjour en Egypte, où, dès les temps les plus reculés et avant l’exode, les scribes en faisaient un usage journalier, ainsi que l’attestent les papyrus qui nous sont parvenus. — Dans le Nouveau Testament, l’encre est mentionnée trois fois. Les lettres de recommandation que saint Paul présente aux Corinthiens ne sont pas écrites avec de l’encre sur des tablettes de pierre, elles ont été tracées par l’Esprit du Dieu vivant dans leurs propres cœurs. II Cor. f iii, 3. Saint Jean, écrivant à Électa, II Joa., 12, et à Caius, III Joa., 13, ne veut pas écrire au moyen de papyrus et d’encre tout ce qu’il a à leur dire, soit par défaut de ces matériaux, soit par prudence ; il espère aller les voir et leur parler.

L’encre des Hébreux devait être la même que celle des Égyptiens et des Grecs. Elle était ordinairement composée de noir de fumée, mêlé à une solution de gomme. Pline, H. N., xxxv, 25. Selon Dioscoride, v, 182, le mélange était formé dans les proportions de 75 pour 100 de noir de fumée et de 25 pour 100 de gomme. Vitruve, vii, 10, décrit ainsi la préparation du noir de fumée destiné à la fabrication de l’encre : « On bâtissait une chambre voûtée comme une étuve ; les murs et la voûte étaient revêtus de marbre poli. Au-devant de la chambre, on construisait un four qui communiquait avec elle par un double conduit. On brûlait dans ce four de la résine ou de la poix, en ayant bien soin de fermer la bouche du four, afin que la

! flamme ne put s’échapper au dehors, et se répandît

| ainsi, par le double conduit, dans la chambre voûtée ; elle s’attachait aux parois et y formait une suie très fine, qu’on ramassait ensuite. » Cf. H. Giraud, Essai sur les livres dans l’antiquité, Paris, 1840, p. 48-49. Le noir de fumée ainsi obtenu était mélangé avec une solution de gomme dans l’eau, puis soumis à l’action du soleil pour le dessécher. L’encre séchëe et solidifiée se débitait en forme de pains, pareils à nos bâtons d’encre de Chine. Quand le scribe voulait s’en servir, il la délayait dans