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ENCENSOIR


entendu offre la plus grande analogie avec les encensoirs égyptiens. Comme on peut s’en rendre compte facilement par les nombreux spécimens représentés sur les monuments ou conservés dans les musées, c’était une main avec un bras ou manche (fig. 564). La main tient ordinairement un vase destiné à retenir les charbons ; sur le milieu du bras est souvent fixé un autre vase, sorte de navette à encens ou parfums, et la poignée prend diverses formes, comme, par exemple, celle d’une tête d’épervier. On voit aussi assez fréquemment des vases avec un pied au lieu de manche, et des vases en forme de bol ou de tasse sans anse, reposant directement sur le creux de la main, et ces vases sont surmontés d’une flamme et de

tous ces textes, où il est question d’offrandes de parfums à Dieu ou à des idoles, se trouve dans les monuments égyptiens. Des personnages, rois ou prêtres, y sont représentés tenant le brùle-parfums d’une main, de l’autre jetant des grains d’encens ou des pastilles odorantes ;

564. — Brûle-parfums égyptien. xix « dynastie. Thèbes. D’après Lepsius, Denlemdler, Abth. iii, BU 150.

grains d’encens ou d’autres aromates (fig. 565). Cf. Wilkinson, The Manners, t. iii, p. 414, 498. Un spécimen moins orné et en fer, trouvé dans les ruines de Naukratis, se rapproche davantage de la main de fer, ou petit tisonnier à feu. D. Mallet, Les premiers établissements des Grecs en Egypte, dans Mémoires de la mission archéologique française au Caire, t. xii, 1 er fasc, 1893, p. 230. — Dans l’Apocalypse, v, 8, il est dit que les vingt-quatre vieillards ont à la main des çiâXaj, phialas, pleines de parfums. Or l’équivalent lalin de y.&Xri est souvent patera, vase avec manche, qui a une assez grande ressemblance avec le batillum ; ce pourrait donc être un brùle-parfums ou encensoir.

3° Usage. — La façon de se servir du mahtâh ou brûle-parfums est clairement marquée dans le Lévitique, xvi, 12. À la fête de l’Expiation, le grand prêtre prenait le makfâh, le remplissait de charbons ardents à l’autel des holocaustes ; puis, tenant l’instrument de la main gauche, il entrait dans le Saint, prenait dans un vase spécial appelé kaf, Num., vii, 14, une pleine poignée du parfum sacré, réduit en poudre ou en pastilles (composition de divers aromates, selon la formule donnée Exod., xxx, 7-8), et, après avoir pénétré dans le Saint des saints, il en jetait de la main droite sur son brasero. Il s’approchait ainsi de l’arche, qui se trouvait bientôt enveloppée d’un nuage de parfums. Cf. Lev., x, 1 ; Num., XVI, 6, 17. En dehors de la fête de l’Expiation, l’offrande de l’encens se faisait dans le Saint, par les simples prêtres. La mission d’offrir l’encens était réservée au sacerdoce ; pour avoir voulu l’usurper, les lévites Coré, Dathan et Abiron furent châtiés d’une manière terrible. Num., xvi, 7-50. De même Ozias, roi de Juda, voulut offrir des parfums sur l’autel dans le Saint. II Par., xxvi, 16-20. Mais les prêtres s’y opposèrent ; et Ozias, tenant à la main l’encensoir, fut frappé de la lèpre. — Le prêtre qui offrait l’encens au Seigneur devait prendre le feu à l’autel des holocaustes. Nadab et Abiu, fils d’Aaron, sont punis de mort par le Seigneur pour avoir employé du feu profane contre l’ordre divin. Lev., x, 1, 2. C’est bien à l’autel des holocaustes, fhjffsaoTTipfov, que l’ange prende feu dont il remplit son encensoir. Apoc, viii, 3-5.

— Dans une de ses visions, Ézéchiel, viii, 10, 11, voit soixantedix anciens de la maison d’Israël, représentant le peuple, réunis dans une cour du Temple ; ils portaient chacun un encensoir à la main, et par les parfums qui y brûlaient honoraient les images d’animaux et d’idoles peintes sur les murs. Le commentaire le plus clair de

565. — Brûle-parfums en forme de vase sans manche. Temple de Ranisès III. D’après Lepsius, Denkmdler, Abth. iii, Bl. 167,

ils présentent à la divinité l’encensoir ainsi fumant pour lui faire respirer en quelque sorte l’odeur de ces parfums (fig. 566).

4° Applications douteuses ou erronées. — Les exégètes sont très partagés sur la question de savoir si le 6up.tariipiov d’or dont parle l’Épitre aux Hébreux, ix, 4, est un. encensoir ou l’autel des parfums. En elle-même l’expression peut s’appliquer et s’applique de fait soit à un encensoir, II Par., xxvi, 19 ; Ezech., viii, 11, soit à l’autel des.

560. — P*oi d’Egypte offrant de l’encens à un dieu. D’après WiUdnson, The Manners, t. iii, p. 415.

parfums. Josèphe, Ant. jud., III, vi, 8 ; viii, 2, 3 ; Bell, jud., V, v, 5 ; Philon, De vita Mosis, iii, 7, édition de 1742, t. ii, p. 149. Selon les uns, le 6up. ! « Tinptov de l’Épitre, étant mis dans le Saint des saints, ne peut désigner l’autel des parfums, qui de l’aveu de tous était dans le Saint. Ce serait plutôt l’encensoir dont se servait le grand prêtre le jour de la fête de l’Expiation. Lev.,