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ENCENS


brooke, On Olïbanum or Frankincense, ’dans Asiatic Researches, Calcutta, t. ix, p. 377, identifiait avec le Boswellia thurifera, le Boswellia serrata de Roxbnrg, Flor. Ind., Sérampore, 1832, ii, 388. Cependant on ne croit pas généralement que l’encens de l’Inde ait été exporté en grande quantité, pas plus qu’aujourd’hui, dans l’Asie orientale et dans le monde grec et romain. Les anciens auteurs, qui font venir de l’Inde un certain nombre de parfums, ne parlent pas de l’importation de l’encens indien.

Du reste, les habitants du sud-ouest de l’Arabie pouvaient s’approvisionner moins loin. Ils n’avaient qu’à traverser la mer Rouge, et en Abyssinie et surtout un peu plus bas, dans le pays des Somalis, ils trouvaient de nombreuses espèces de Boswellia, le Boswellia papyrifera, le Boswellia Frereana, Boswellia Carterii, etc. Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1897,

— Quelques auteurs ont pensé que les arbres à encens avaient aussi été importés et cultivés en Palestine. Ils s’appuient sur Cant., iv, 6, 14, où l’Épouse exprime le désir de se retirer sur la colline de l’encens, et où parmi les plants de son jardin on compte les arbres à encens. Mais ce sont là des comparaisons poétiques, pour exprimer un lieu délicieux, tout embaumé des plus suaves parfums. Comme nous l’avons vii, pour les contemporains de Salomon, d’Isaïe ou de Jërémie, le pays d’où vient l’encens, c’est Saba. — C’est par erreur également que saint Cyrille d’Alexandrie, In Isaiam, ch. lx, 13, lib. v, t. lxx, col. 1336, dit que l’arbre à encens croissait sur le mont Liban ; très probablement cela est dû à la ressemblance qu’a avec le nom de la montagne le nom grec de l’encens, >(6avQ(, qui du reste se rencontre sept versets plus haut dans Isaïe, lx, 6. Cette confusion des deux noms a été faite par la Vulgate elle-même, Cant., iv, 14 :

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561. — Transport des arbres à encens du pays do Pount en Egypte. D’après Dttmlciïen, Die Flotte einer âgyptischen Kônigin, pi. 3

t. i, p. 356, 499. Par delà le Pount était la région du Tonouter, ces terres en terrasse ou échelles de l’encens,

où les Égyptiens allaient chercher le meilleur i~~+,

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ânti, « encens. » (A remarquer la forme, ’,

laquelle ce nom se trouve écrit. Le déterminatif m in dique quelque chose de brillant et rend bien le mot latin candidum, « pur. » On trouve employée en hébreu l’expression équivalente : lebônâh zakkâh, roî ruib,

thus candidum, purissimum.) Sous la reine Hatespou (XVIIIe dynastie), on équipa une flotte de cinq navires pour aller recueillir les richesses de ce pays fortuné. L’expédition, qui réussit à merveille, a été représentée en détail sur les murailles du temple de Deir-el-Bahari : on y voit le transport des « sycomores à encens », nehetu ânti ( fig. 561), leur embarquement dans les vaisseaux. Trente et un arbres à encens furent déracinés avec leur motte et transportés dans des couffes. Au retour on les planta dans des fosses remplies de terre végétale, qui ont été retrouvées par M. Naville. Egypt Exploration Fund, archseological Report, 1894-1895, p. 36-37. Les murailles de l’édifice montrent encore quelques-uns de ces arbres transplantés en pleine terre dans le jardin du temple (fig. 562). G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. ii, 1897, p, 247-253 ; V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 96. « les arbres du Liban, » au lieu de « les arbres à encens » (grec : Xiëâvou ; hébreu : lebônâh). Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 242-243, cite plusieurs auteurs qui ont fuit la même confusion. Cependant Pline, H. N., xii, 31 ; xvi, 59, prétend que les rois d’Asie firent planter à Sardes des arbres à encens. Cf. Théophraste, Hist. plant., IX, 4. Il ne paraît guère probable qu’il s’agisse du véritable arbre à encens, d’une espèce de Boswellia, apportée de TInde, d’Arabie ou d’Afrique : comme il règne une certaine confusion dans les descriptions que Pline fait de cet arbre, ce pourrait bien être tout simplement quelque Juniperus phœnicea ou thurifera, arbre du Liban ou de l’Amanus, dont la résine, après une certaine préparation, était vendue pour de l’encens.

3° Usages et comparaisons. — De tout temps l’encens a été brûlé en l’honneur de la divinité. Cf. Hérodote, I, 183 ; Ovide, Trist., v, 5, 11, Metamorph., vi, 164 ; Virgile, Mneid., i, 146 ; Arnobe, Adv. Gentes, vi, 3 ; vu, 26, t.v, col. 1164, 1253, etc. En Egypte, sur les murs des temples ou des hypogées, on voit fréquemment l’officiant jetant le ânti ou encens sous forme de grains ou de pastilles dans le brùle-parfum et l’offrant à un dieu. Wilkinson, The manners, 1. 1, p. 183 ; t. iii, pi. lx, lxv, 8, et lxvii, p. 398-399. Ainsi, dans le rituel mosaïque, on prescrit assez souvent l’usage de l’encens. — 1. C’est d’abord pour accompagner les oblations ou sacrifices non sanglants. Sur l’offrande de fleur de farine arrosée d’huile, on devait répandre des grains d’encens. Le prêtre rece-