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EMBAUMEMENT -^ ÉMERAUDE

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dans an drap de toile blanche, dans lequel on enfermait en même temps des aromates. Le texte sacré est un peu plus explicite sur cette coutume juive. L’Évangile se tait sur la première cérémonie funèbre, consistant à laver le corps ; mais on a tout lieu de supposer qu’elle n’a pas été omise pour Jésus-Christ. Cf. Act., ix, 37. Joseph d’Arimathie et Nicodème, dit saint Jean, xix, 40, « prirent le corps de Jésus et l’enveloppèrent dans des linges avec les aromates, selon que les Juifs ont coutume de faire les préparatifs funèbres, èvtoKpiâÇeiv. » Ces linges comprenaient : des bandelettes, ô86via, dont on entourait chacun des membres à part, Luc, xxiv, 12, Joa., ix, 40 ; xx, 6, 7 ; voir t. i, col. 1427 (ainsi fit-on pour Lazare, Joa., xi, 44) ; le aouSoipiov, suaire destiné à voiler la tête, Joa., xx, 6 ; enfin le uivStiv ou linceul dont on enveloppait tout le corps. Matth., xxvii, 59 ; Marc, xv, 16 ; Luc, xxiii, 53. Dans les enroulements des bandelettes et les plis du linceul, on répandait des aromates. Saint Luc, xxm, 56, dislingue les substances solides, ipiiu.aTa, des parfums à l’état liquide, p-ûpoi. Nicodème avait apporté cent livres d’un mélange, ii ! f|j.a, de myrrhe et d’aloès. Joa., XIX, 39. Les saintes femmes, qui avaient vu les premiers préparatifs de cet embaumement, se proposent, pour le compléter, de rapporter d’autres parfums après le sabbat. Marc, xvi, 1 ; Luc, xxiii, 56 ; xxiv, 1 ; Fr. Martin, Archéologie de la Passion, in-8°, Paris, 1897, p. 215-217. E. Levesque.

    1. EMBRASEMENT##

EMBRASEMENT, traduction du mot hébreu Tab-’êrâh, que la Vulgate a rendu par Incensio, et les Septante par’E[iirupi<j|jLi{. Num., xi, 3. Ce nom fut donné à une localité du désert du Sinaï, parce que les Israélites y ayant murmuré contre Dieu, le Seigneur en fit périr un certain nombre par le feu, à une des extrémités du camp. Num., xi, 1 ; cf. Deut., IX, 22. Cet événement est raconté d’une manière sommaire et assez obscure, et il est impossible de déterminer en quel endroit précis il se produisit. Il résulte de la comparaison du chapitre XI, 3, 34-35, et du chapitre xxxiii, 15-17, qu’il eut lieu trois jours après que les Israélites eurent quitté le mont Sinaï, Num., x, 33, avant d’arriver à Qibbrôt hat-ta’âvâk (Sépulcres de Concupiscence) et à Haséroth.

ÉMER (hébreu : ’Immer ; Septante : ’E|jltJp), localité d’où étaient parties avec la première caravane qui retourna de captivité à Jérusalem un certain nombre de personnes qui ne purent établir leur origine israélite. I Esdr., ii, 59 ; II Esdr., vii, 61. Dans ce dernier passage, la Vulgate écrit Etnmer. La même variété se remarque dans les Septante. Le Codex Vaticanus écrit’Efiirip, I Esdr., ii, 59, et’Uu.ï)p, H Esdr., vii, 61 ; YAlexandrinus a’Ep.u.T|p dans le premier passage et’E^p dans le second. — Certains interprètes pensent qu’Émer est un nom d’homme, mais c’est à tort : il s’agit d’une localité de Babylonie, d’ailleurs tout à fait inconnue jusqu’à présent. Il est, de plus, possible qu’Émer ne soit qu’une partie du nom et que la localité s’appelât Cherub-Addanlmmer. Voir Chérub, col. 658.

    1. ÉMERAUDE##

ÉMERAUDE (hébreu : bâréqét ; Septante : <x|iâpaY80 « ; Vulgate : smaragdus), pierre précieuse.

I. Description. — L’émeraude, variété verte du béryl, est un silicate d’alumine et de glucine (GI 3 AI 2 Si 6 18) qui cristallise dans le système hexagonal. Les plus belles émeraudes se trouvent actuellement dans le gisement de Muso (près de Bogota, capitale de la Colombie), « où ces gemmes accompagnent la parisite dans un calcaire bitumeux de l’étage néocomien. » A. Lacroix, dans la Grande Encyclopédie, Paris (sans date), t. vi, p. 477. Si les minéralogistes appliquent aujourd’hui le nom d’  « émeràude » à une pierre bien déterminée, les anciens donnaient le nom de smaragdus aux minéraux les plus divers, depuis le jade veitdes gisements de l’ouest du Mogoung (Birmanie), dont

les moindres cristaux sont d’un prix inestimable, jusqu’aux morceaux les plus gros de jaspe vert, tel que le pilier du temple d’Hercule à Tyr, confondant ainsi sous un nom unique les pierres vertes qu’on pouvait polir. — Cependant ils surent la distinguer de la malachite, le dhanedj arabe. De cette indétermination on a conclu que l’antiquité n’avait pas connu la véritable émeràude. Dutens, Des pierres précieuses et des pierres fines, in-8°, Florence (sans date), p. 54. Mais le voyageur français Caillaud a retrouvé dans la Haute-Egypte, sur le revers sudest du mont Zabara, dans des couches de micachiste, les mines antiques d’émeraude et la ville des mineurs dont Volney avait vainement recherché les traces du côté d’Assouan. Il en rapporta cinq kilos de précieux cristaux découverts à cet endroit dans les profondeurs de la terre. Le texte de Théophraste, De lapid., iv (24), semble d’ailleurs bien précis à cet égard, lorsqu’il écrit que l’émeraude est c< une pierre qui est rare et fort petite », et qu’il n’ajoute « aucune créance aux émeraudes de quatre coudées, envoyées aux rois d’Egypte par le roi de Babylone ». Il signale plus loin, iv (25), l’émeraude commune, bâtarde, tirée des mines de cuivre de Chypre et d’une lie en face de Carthage ; il la nomme « J’evSriç apiâpaySo ; . Ce sont probablement les cristallisations, colorées en vert, qui portent le nom de primes d’émeraude. Strabon se contente d’indiquer comme gisements d’émeraudes les bords de la mer Rouge, l’isthme compris entre Coptos et Bérénice, xvi, 20 ; xvii, 45. Il signale aussi l’Inde, xv, 69. Les lapidaires sanscrits (Finot, Les lapidaires indiens, in-8°, Paris, 1896, p. xliv) indiquent aussi l’Egypte, quoique en termes assez vagues. Parmi les pierres précieuses, Pline, H. N., xxxvii, 16, attribue le troisième rang à l’émeraude, parce qu’il n’est point de couleur plus agréable à l’œil que son vert incomparable. Signalant l’étroite parenté de l’émeraude et du béryl, sans l’admettre cependant, H. N., xxxvii, 20, il distingue douze sortes d’émeraudes, 17, dont les principales sont les scythiques, les bactriennes, les égyptiennes. On trouvait cette dernière aux environs de Coptos, ville de la Thébaïde. Les autres espèces, qui provenaient de mines de cuivre, ne sont pas de véritables émeraudes, mais d’autres substances cristallisées et colorées en vert par l’oxyde de cuivre. Les Arabes distinguent aussi plusieurs espèces d’émeraudes ou iomorred : c’est la debaby, la meilleure. Viennent ensuite la rihany, la selky et la sabouriy, qui tirent leur nom de leurs différentes nuances. Comme on le voit, nombreux furent les noms qui, tirés soit de ses aspects divers, soit de ses lieux d’origine, désignaient l’émeraude dans les textes anciens. On attribuait à ces pierres des propriétés merveilleuses, par exemple, de conserver ou de guérir la vue, comme on peut voir dans Théophraste, De lapid., - ii, (23), (24) ; dans Ibn El-Beithar, Traité des simples, 1123 ; dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxv, l r « partie, 1881, p. 216 ; dans Cyranides, éditées par F. de Mély, dans les Lapidaires de l’antiquité et du moyen âge, t. ii, Les lapidaires grecs, in-4°, Paris, 1898. Voir aussi de Rozière, Observations minéralogiques sur l’émeraude d’Egypte, dans la Description de l’Egypte, Histoire naturelle, in-4°, t. ii, p. 635-639.

F. de Mély.

II. Exégèse. — 1° Identification. — La troisième pierre du premier rang sur le pectoral ou rational du grand prêtre est appelée bâréqét. Exod., xxviii, 17 ; xxxix, 10. Ézéchiel, xxviii, 13, décrivant le vêtement du prince de Tyr, nomme la bâréqét parmi les pierres précieuses qui en relevaient la beauté : il est à remarquer, du reste, que ce sont les mêmes pierres que pour le rational ; l’hébreu, il est vrai, n’en nomme que neuf, mais les Septante ont complété le nombre de douze. Or la bâréqét est l’émeraude : c’est ainsi que traduisent les Septante, la Vulgate et aussi Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5 ; Bell, jud., V, v, 7. La racine du mot hébreu signifie « jeter des feux,

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