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EMBAUMEMENT

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Sous le Nouvel Empire, les procédés sont perfectionnés. Dès que la mort a fait son entrée dans une maison, les parents du défunt s’entendent avec les embaumeurs sur le genre et le prix de l’embaumement ; car il y en avait de différentes classes. D’après Diodore, i, 91-, la première classe coûtait un talent d’argent, environ 5325 francs de notre monnaie, et la seconde vingt mines ou 1 500 francs. Pour les pauvres, la momification, très simplifiée, revenait à un bas prix, à la charge du reste des embaumeurs. Les conditions arrêtées, ceux-ci emportaient le cadavre dans les bâtiments de leur corporation : là il était livré aux mains de « paraschistes », de « taricheutes », de "prêtres, chargés chacun d’une fonction spéciale. Un des T<tpsvx eUTa '> a taricheutes » ou embaumeurs proprement dits, commençait par extraire du crâne la cervelle, au moyen d’une espèce de crochet en cuivre ou en bronze, introduit par la narine gauche. Et à la place de ce qu’on retirait, on injectait au moyen d’un instrument spécial des aromates, des résines ou encore du bitume liquide (fig. 553). Pendant cette opération, et également à chacune des suivantes, des prêtres, appelés l’un heiheb, l’autre

elles conservent aux momies ainsi préparées une peau élastique, une couleur olivâtre ou de parchemin, comme on peut le voir par les momies de Séti I er et de Rainsès II, exposées au musée de Ghizéh. Dans les embaumements moins soignés et moins coûteux, on se contentait de bitume répandu à l’intérieur du corps et appliqué également à l’extérieur : aussi la peau de ces momies est-elle noire et cassante. Quant aux viscères, ils étaient lavés séparément et embaumés. Puis, ou bien on les replaçait dans l’intérieur du corps avant le bain de natron : c’était le cas d’embaumements moins parfaits. Ou bien on mettait ces viscères dans des sacs remplis de substances aromatiques, et on disposait ces sacs sur la momie même, entre les jambes, sous les bras, etc. Au lieu de cette seconde façon de procéder, qu’on rencontre dans des embaumements très soignés, on préférait souvent déposer les viscères dans quatre vases de terre cuite, de pierre dure ou d’albâtre, appelés canopes : l’estomac et le gros intestin dans le vase surmonté de la tête humaine d’Amset ; le petit intestin dans le vase à la tête de cynocéphale Hapi ; Is cœur et les poumons dans le vase à la tête de chacal,

563. — Instrumenta de momification. — 1, Crochet pour extraire la cervelle. — 2. Instrument pour insuffler des aromates dans le cerveau, vu de profil. — 3. Le même, vu de face. — D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. ii, pi. 188.

totem, récitent des prières, exécutent diverses cérémonies. Un des embaumeurs, appelé le grammate ou « scribe », trace alors à l’encre, sur le flanc gauche du cadavre, couché à terre, une ligne de dix à quinze centimètres, et un opérateur spécial, que les Grecs désignent sous le nom de mapai/iar ?) ; , « paraschisle » (dissecteur), prenant un couteau de pierre, ordinairement en obsidienne d’Ethiopie (Rawlinson, Herodotus, Londres, 1862, t. ii, p. 141), pratique l’incision de la grandeur déterminée. A peine a-t-il ainsi violé l’intégrité du cadavre, que les assistants le chargent d’imprécations et le poursuivent à coups de pierre : bien entendu, c’est pure cérémonie, et l’on a soin de ne point lui faire sérieusement mal ; cependant les individus qui avaient cette fonction formaient une caste méprisée, exécrée, avec laquelle l’Egyptien ne voulait pas avoir de rapports. Par l’ouverture ainsi pratiquée, un des embaumeurs introduit la main, extrait du corps tous les viscères ; un autre lave l’intérieur avec du vin de palme et le saupoudre d’aromates. Les taricheutes déposent ^ensuite le corps dans une cuve de nation ou carbonate de soude liquide ; ils le laissent s’imprégner de sel, plus de trente jours d’après Diodore (quarante dans quelques manuscrits), soixante-dix selon Hérodote. Cf. Gen., L, 2-3. Mais ces soixante-dix jours doivent peut-être s’entendre de la durée de toutes les préparations. Le corps sèche ensuite, exposé à l’action d’un courant d’air chaud. On bourre le ventre et la poitrine de sciure de bois, de linges imbibés d’essences parfumées ou saupoudrés d’aromates. Enfin la peau est enduite de résines odorantes, d’huile de cèdre, de myrrhe, de cinnamome, etc. Ces substances précieuses n’étaient employées que dans les embaumements les plus soignés

Duaumautef ; enfin le foie et le fiel dans le vase à tèle d’épervier, Kebahsennuf. Ces quatre génies avaient la garde des viscères, qu’ils personnifiaient ; mais chacun des vases eux-mêmes était mis sous la protection d’une des quatre déesses, dont le nom se trouve inscrit sur le côté du récipient : Isis, Nephthys, Neith (fig. 293, t. i, col. 1083) et Selk. On plaçait ces vases canopes dans les tombeaux, près des momies, ou bien on les renfermait dans des coffrets spéciaux, surmontés d’un Anubis.

Un procédé plus sommaire consistait à ne point faire d’incision au corps, mais à répandre à l’intérieur, par les ouvertures naturelles, de l’huile de cèdre ; puis, sans plus de préparations, à déposer le cadavre dans le bain de natron, après quoi on l’enduisait de bitume. Pour les pauvres gens, on utilisait l’huile de raifort, uup(j. « îri, moins coûteuse, ou même on se bornait souvent à déposer simplement le corps dans le natron et à le dessécher ensuite au soleil. Évidemment dans ces cas, surtout le dernier, la conservation est moins parfaite.

Après ces préparations venait la toilette funèbre ; on enveloppait le corps de bandelettes imbibées de diverses compositions odorantes. Le Rituel de l’embaumement, publié par G. Maspero, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxiv, 1™ part., 1883, p. 14-101, expose en détail cette seconde partie de la momification. Après avoir oint le corps d’un parfum « qui rend les membres parfaits », puis la tête, on enveloppe chaque partie du corps et la face de bandelettes nombreuses, consacrées chacune à une divinité, portant un nom spécial, et dont « les particularités et les dessins ont été examinés en présence du Supérieur des mystères ». Elles ont toutes une signification mystique, et c’est