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ËMAN — ÉMATH


breu, v, 11), comme célèbres par leur sagesse, à laquelle on compare celle de Salomon. Sur l’identification du fils de Zara avec ce sage, que la Vulgate nomme Héman, véritable orthographe de ce nom, voir Héman 2 et Éthan 1.

2. ÉMAN (Septante : Al(j.ôv), lévite, descendant de Caath, chef des chanteurs du Temple au temps de Salomon, II Par., v, 12 ; il est nommé sous sa forme véritable, Héman, I Par., vi, 33 ; xv, 17, etc. Voir Héman 3.

3. ÉMAN (Septante : Aljiàv), Ezrahite, auteur du Ps, lxxxvii, 1, d’après le titre. Son nom, ainsi écrit dans la Vulgate, l’est ailleurs sous la forme Héman, qui est la véritable orthographe. L’identification de ce personnage n’est pas sans difficultés. Voir Héman 2 et 3 et Ezrahite.

1. ÉMATH (hébreu : Ifâmâf, « forteresse, citadelle ; » une fois, Jfàmâ{ rabbâh, « , Émath la grande, » Am., VI, 2 ; Septante : Aî[iâ8, Num., xiii, 22 ; xxxiv, 8 ; IVReg., xiv, 25, 28 ; xvii, 24, 30 ; xviii, 34 ; xix, 13 ; xxv, 21 ; II Par., vu, 8 ; Jer., xxxix, 5 ; lii, 27 ; Am., vi, 15 ; ’E(j.â6, Jos., xm, 5 ; IV Reg., xxiii, 33 ; Is., xxxvi, 19 ; xxxvii, 13 ; ’Hjjiàe, II Reg., viii, 9 ; III Reg., viii, 65 ; I Par., xiii, 5 ;

.xviii, 3, 9 ; II Par., viii, 4 ; Jer., xlix, 23 ; Ezech., xlvii, 20 ; xlviii, 1 ; Zach., ix, 2 ; Codex Vaticanus, Aaêw’E[i<16 ; Codex Alexandrinus, Aoëù’H[iâ6, Jud., iii, 3 ; ’Epiaipaêêi, Am., vi, 2 ; Vulgate : Hemalk, I Par., xviii, 3, 9 ; Emath partout ailleurs), une des plus anciennes et des plus importantes villes de la Syrie, située sur l’Oronte, et capitale d’un territoire appelé’ères Ifâmât, y/j’Ejjuiâ ou Aî|x19, « terre d’Émath, » IV Reg., xxiii, 33 ; xxv, 21 ; Jer., xxxix, 5 ; lii, 9 ; ^’A[ia8ÎTtç x^P") I Mach., xii, 25. Ce territoire, dans lequel se trouvait Rébla ou Réblatha, IV Reg., xxiii, 33 ; xxv, 21 ; Jer., xxxix, 5 ; lii, 9, 27, formait par sa partie méridionale, plusieurs fois mentionnée sous le nom d’  « entrée d’Émath », la frontière nord de la Terre Promise. Num., xiii, 22 ; xxxiv, 8 ; Jos., xiii, 5 ; Jud., iii, 3 ; III Reg : , viii, 65 ; I Par., xiii, 5 ; II Par., vu, 8 ; IV Reg., xiv, 25 ; Ezech., xlvii, 16, 17 ; xlviii, 1 ; Am., vi, 15. Le mot Aaëù ou Aoëù, qu’on rencontre dans les Septante, Jud., iii, 3, avant’Ejj.àO, n’est que la transcription littérale de l’hébreu : lebô’Ifâmât, jusqu’  « à l’entrée d’Émath ». Les premiers habitants de la contrée étaient des Chananéens, que la Bible appelle Ijàmâfî. Gen., x, 18 ; I Par., i, 16 ; Septante : ô’A(j.a6t ; Vulgate : Amathseus, Gen., x, 18 ; Hamathxus, I Par., i, 16. Émath est peut-être appelée aussi Émath Suba ( hébreu : Ifâmâf

_$ôbâh), II Par., viii, 3. Voir Émath Suba.

I. NOM. — Le nom de Ifâmât se rattache, suivant Gesenius, Thésaurus, p. 487, à la racine hâmâh, « entourer de murs ; » arabe : hamâ’, « défendre, protéger. » Il indique donc une « place forte » ; nous verrons, en effet, tout à l’heure l’importance de la ville. Ce nom s’est maintenu sans changement jusqu’à la domination grecque, et on le retrouve sous la même forme en égyptien et en assyrien. La transcription hiéroglyphique a gardé l’aspiration initiale : *|*. g ~ «  « ». Ifa-m-t(u) == nen,

Iftimât. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa achn altâgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1893, p. 256. L’écriture cunéiforme a parfois adouci cette aspiration et remplacé heth par aleph ; on lit, par exemple, dans les Fastes de Sargon, lignes 33, 36, 49, 56 : ^ ] ^J J^J » ~ « J<, A-ma-at-ti. Mais on rencontre aussi (mât) Ifa-mà(at)-ti, Ifa-am-ma-atti = Hamatti. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 105, 323. Pour la distinction qu’on a voulu voir entre Amattu et Ifamaltu, cf. Fried. Delitzseh, Wo lag das Paradies ? Leipzig, 1881, p. 276, et E. Schrader, Keilinschriften, p. 106. — Sous les Séleucides, le nom de Ifâmât fut changé en celui d’Epiphania, ’Eiciçâveta, en l’honneur d’Antiochus IV Épiphane. Ct. Josèphe, Ant. jud., i, vi, 2. Le Talmud donne le même nom en l’écor chant un peu, n> : iss, Pafunya’. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 30t. Mais, suivant une loi qu’on remarque pour la plupart des noms grécisés de la Palestine, la dénomination primitive a reparu en arabe et a subsisté jusqu’à nos jours. Abulféda, qui fut gouverneur de la ville, l’écrit SL » s »., Ifâmât, ct commence ainsi la courte description qu’il en fait dans sa Tabula Syrix, édit. B. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 108 : « Hamat, cité antique, dont parlent les livres des Israélites. »

II. Identification et description. — C’est peut-être ce changement de nom qui a induit en erreur certains auteurs anciens, dont les uns ont confondu Émath avec Antioche, les autres avec Émése, Apamée, etc. On a même trouvé Épiphania trop éloignée de la Palestine pour représenter la cité dont nous nous occupons. Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. i, p. 119-123. Il est permis de s’étonner de ces méprises, car tout concourt à justifier l’identification de l’ancienne Ifâmât avec la ville actuelle de Hamah (fig. 551), non seulement le nom, mais la position conforme aux données de l’Écriture. Celle-ci, en effet, ne dit pas que la cité des bords de l’Oronte ait été « dans les limites » de la Terre Promise ; elle se sert de son « territoire » pour déterminer la frontière septentrionale du pays assigné par Dieu à son peuple d’une manière durable. Si le royaume des Israélites s’étendit, sous David et Salomon, bien au delà de la Palestine, ce ne fut que d’une façon temporaire.

L’importance de l’Émath biblique, depuis les temps anciens jusqu’à la fin de l’époque prophétique, correspond à l’importance de sa situation. Placée dans la vallée de l’Oronte, à peu près à mi-chemin entre la source de celui-ci, près de Baalbek, et l’extrémité du coude qu’il fait vers la Méditerranée, elle commandait naturellement tout le pays arrosé par le fleuve, depuis les ondulations de terrain qui séparent son cours de celui du Léïtani jusqu’au défilé de Daphné, au-dessous d’Antioche. Le royaume touchait ainsi à ceux de Damas au sud, de Soba à l’est, et à la Phénicie à l’ouest. I Par., xviii, 3 ; Ezech., xlvii, 17 ; xlviii, 1 ; Zach., IX, 2. La ville actuelle, située à 46 kilomètres au nord de Homs, à l’est de la chaîne côtière du Djebel Ansariyéh, au pied occidental du Djebel’Ala, est bâtie en grande partie sur les pentes rapides de la rive gauche de l’Oronte ; elle s’annonce par deux monticules en pain de sucre, nommés les Cornes de Hamah. Elle occupe l’un des sites les plus pittoresques de la Syrie. Vue des hauteurs, elle semble divisée en plusieurs bourgs par des jardins et des vergers, qui serpentent en détroits verdoyants entre les maisons blanches. Des bords du fleuve elle apparaît plus curieuse encore, grâce aux terrasses fleuries du rivage et aux énormes roues des norias, dont on se sert pour élever l’eau. Le Nahr el-Asi coulant entre deux berges élevées, il a fallu recourir à ces lourdes machines, dont quelques-unes ont 68 mètres de circonférence, et qui, mises en mouvement par le courant du fleuve, tournent avec un bruit tout à fait bizarre. « En amont et en aval, la hauteur moyenne des rives au-dessus du lit fluvial est de 60 à 70 mètres ; aussi l’irrigation est-elle très difficile, et les riverains se bornent pour la plupart à cultiver les zhor ou « étroits », c’est-à-dire les lisières du sol bas qui longent le courant au-dessous des falaises, et qui ont en certains endroits jusqu’à 500 mètres de largeur ; ces terrains d’alluvion, d’une extrême fertilité, produisent des légumes de toute espèce, surtout des oignons, le cotonnier, le sésame ; les terrains de la haute plaine, jusqu’au désert, sont cultivés en orges et en froments, d’une excellente qualité et très recherchés pour l’exportation. L’industrie de Hamah, inférieure à celle de Homs, consiste principalement dans la fabrication d’étoffes de soie et de coton. » É. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 764.

L’Oronte traverse la ville du sud-est au nord-ouest, et on le franchit sur quatre ponls. Le quartier le plus élevé,