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ÉMAIL — ÉMAN


ration aussi considérables qu’en Assyrie. Ce qu’on a découvert toutefois montre la supériorité de la fabrication babylonienne : l’émail est plus épais, plus solide : contrairement à l’émail de Khorsabad ou de Nimroud, qui, exposé à l’air après les fouilles, s’est effrité et terni, celui de Babylone demeure inaltérable. Les scènes les plus variées ornaient les murs des palais ; Diodore de Sicile, II, viii, 4, nous en décrit quelques-unes d’après Ctésias, qui avait habité Babylone : « On voyait toute espèce d’animaux dont les images avaient été imprimées sur les briques encore crues ; ces figures imitaient la nature par l’emploi des couleurs… Sur les tours et sur les murailles, on voyait toutes sortes d’animaux, imités selon toutes les règles de l’art, tant pour la forme que pour la couleur. Le tout représentait une chasse de divers animaux, dont les proportions dépassaient quatre coudées. » Disons, en passant, qu’on se ferait une idée inexacte de ces images en prenant à la lettre les expressions de Diodore parlant d’imitation de la nature selon toutes les règles de l’art. Les sujets découverts jusqu’ici ont montré qu’hommes, animaux, arbres, sont dépouillés de leurs couleurs naturelles, pour en revêtir de conventionnelles ou d’arbitraires. Bérose, De rébus Babyl., i, § 4, dans Fragmenta historicor. grœcor. édit. Didot, t. ii, p. 497, a sans doute en vue des scènes semblables quand il parle des peintures du temple de Bel, où « toutes sortes de monstres merveilleux présentaient la plus grande variété dans leur forme ». Pour composer ces tableaux qui décoraient les murs, il fallait un grand nombre de briques ; et pour les disposer à leur place, il était nécessaire de les marquer auparavant d’un signe ou d’un numéro d’ordre. Mais un travail plus difficile encore, c’était de répartir sur chaque brique la partie exacte du dessin général, en sorte que la juxtaposition des diverses briques constituât un ensemble parfait. Le moyen, « c’était de préparer d’avance, comme nous dirions, un carton sur lequel des lignes tracées à la règle indiqueraient cette répartition. Les briques étaient ensuite façonnées, modelées et numérotées ; puis chacune d’elles recevait la portion du fond ou du motif qui lui était assignée par le numéro d’ordre qu’elle portait et qui correspondait aux chiffres inscrits sur le modèle. La couleur était appliquée sur chaque brique séparément ; ce qui le prouve, c’est que sur la tranche de beaucoup de ces fragments, on voit des bavures qui ont subi la cuisson. » Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 301 ; cf. p. 295-310, 705-708 ; E. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, in-8°, Paris, 1888, p. 127-131. Les briques émaillées étaient fixées à la muraille soit à l’aide de bitume, comme à Babylone, soit par le moyen d’un mortier bien moins tenace, comme à Ninive. — Il est difficile de ne pas voir une allusion à ces briques émaillées de la Chaldée dans la description que fait Ézéchiel, xxm, 14, 15. Ooliba, qui représente Jérusalem dans cette prophétie, s’est passionnée pour les enfants d’Assur au point de vouloir les imiter. « Elle a vu des hommes représentés sur la muraille, des images de Chaldéens peintes au vermillon, une ceinture autour des reins, la tête ornée d’amples tiares de diverses couleurs, tous semblables à des guerriers, des portraits de Babyloniens issus de Chaldée. » Rien ne devait, en effet, frapper d’admiration les captifs de Babylone comme ces scènes de guerre, de chasse, ces représentations de génies, de dieux, qui se déroulaient le long des murs en couleurs éclatantes ; presque toujours le fond est bleu, et lés personnages sont en jaune, en rouge, avec des détails en noir ou en blanc. Voir Couleurs, t. ii, col. 1068-1869. Dans les idoles de la maison d’Israël, que le prophète (Ezech., viii, 10, 11) aperçoit aussi en visions peintes sur les murs du Temple de Jérusalem, on a vu des figures représentées sur des briques émaillées. Ézéchiel est en Chaldée, dit-on, rien d’étonnant à ce qu’il conserve la couleur de ce pays dans ses visions. Cependant il serait peut-être plus juste, d’après Je contexte, d’y voir des emprunts au culte égyptien.

3° De Chaldée, sa vraie patrie, l’émail a passé en Perse. C’est dans ce pays que les fouilles ont mis à jour les plus beaux spécimens de cet art, tels que la frise des Archers et la frise des Lions. Il est curieux qu’aucun historien ancien n’y fasse allusion : plus d’un cependant a décrit les palais des Achéménides. Perrot, Histoire de l’art, t. v, p. 548-551 ; E. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, p. 179-184. Ainsi l’auteur du livre d’Esther n’en fait aucune mention. De même l’écrivain grec qui a composé le Traité du monde sous le nom d’Aristote, IIep x^apiou, vi, parle des palais de Suse ou d’Ecbatane, « où étincelaient partout l’or, l’électrum et l’ivoire, » et il ne dit pas un mot des briques émaillées, qui formaient cependant une des plus remarquables décorations de la résidence royale. De même plusieurs auteurs, qui n’emploient pas le mot ï)XexTp6v, parlent également des revêtements de métal ou d’ivoire sans mentionner les émaux. Et il est à remarquer que le goût de ces applications de métaux précieux s’est conservé dans la Perse moderne. Perrot, Hist. de l’art, t. v, p. 550. D’autre part le mot ï|Xextp<5v avait certainement le sens d’alliage d’or et d’argent dès le vi « siècle avant J.-C. : les lingots d’électrum envoyés par Crésus au temple de Delphes, Hérodote, i, 50, désignent certainement cet alliage. C’est aussi avec cet alliage que furent frappées les plus anciennes monnaies de Lydie. De plus dans la description de la demeure de Ménélas, Odyss., iv, 73, mentionne les revêtements d’or, d’argent et d’électrum (qui ne peut guère être ici qu’un métal). Cf. Iliad., xiii, 21 ; xviu, 369. Quand Homère veut parler de frises émaillées, comme dans la description du palais du roi des Phéaciens, Odyss., vii, 84, 90, il emploie l’expression ôptyxèi ; xuâvoio, « frise de verre bleu. » C’est le xûavoc axeuctaTÔ ; , kyanos artificiel, ou xûavoç ~/yzô(, kyanos fondu, de Théophraste, De lapid., 39, 65, qui ne saurait être que de l’émail. Perrot, Hist. de l’art, t. vi, p. 558-560. Cependant quelques auteurs pensent que le mot îjXexTpôv a été appliqué quelquefois à l’émail, comme d’après eux ce serait également le sens du f/aSmal hébreu. Mais si certains auteurs du moyen âge ont employé le mot électrum dans le sens d’émail, c’est très probablement parce que les émaux dont ils parlent ont été exécutés sur un alliage d’or et d’argent. E. Molinier, ÏÉmaillerie, in-12, Paris, 1891, p. 13. Il faut noter’aussi que Suidas, Lexicon, édit. Gaisford, Halle, 1893, p. 833, définit Vélectrum une espèce d’or où l’on a mélangé le verre et la pierre, émail qui rappelle la table de sainte Sophie. C’est probablement de là qu’est venu a l’émail la dénomination d’électrum. Voir Électrum, col. 1656. E. Levesque.

    1. ÉMALCHUEL##

ÉMALCHUEL (Septante : Ec^Xxouat’; Codexvlexandrinus : 2tv(iaXxouifi ; Sinaiticus et Venetus : ’IpmXxoué), chef arabe, à qui Alexandre I er Balas, vaincu et réfugié dans ses États, confia son jeune fils Antiochus, encore en bas âge. Quand Tryphon, partisan d’Alexandre contre Démétrius, réclama le jeune prince pour l’élever sur le trône, Ëmalchuel le lui rendit, mais non sans difficulté, à cause des crainles qu’il avait sur son sort. I Mach., xi, 39 ; cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 1, qui l’appelle MiX^oç, et Diodore de Sicile, qui le nomme AioxXéç, dans C. Mûller, Fragmenta historicorum grxcorum, édit. Didot, 1848, t. ii, § xx, p. xvi. La forme Malkou, qui rappelle le MâX^o ; de Josèphe, esl fréquente dans les inscriptions de Palmyre. Voir Journal asiatique, septembre 1897, p. 311-317.

ÉMAN. Hébreu : Hémân. Nom, dans la Vulgate, de deux ou trois Israélites.

1. ÉMAN’(Septante : Alpiouàv ; Codex Alexandrinus : Alpuzv), troisième fils de Zara dans la descendance de Juda. I Par., ii, 6. Il est donné comme frère d’Éthan, Chalcal et Dara ou Darda ; or quatre personnages de même nom sont mentionnés dans III Reg., iv, 31 (hé-