Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/887

Cette page n’a pas encore été corrigée
1703
1704
ÉLOHIM — ÉLON


de miséricorde, » Ps. lix, 18 ; « le Dieu des armées (§ebâ’ô(), » Am., iii, 13, etc. Voir La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 470-480,

— 2°’Èlôhîm se dit aussi des faux dieux, Éxod., XII, 12 ; xxxiv, 15, etc., et des simulacres ou idoles qui les représentent aux yeux de leurs adorateurs. Gen., xxxi, 30, 32 ; Exod., xx, 23 ; II Par., xxv, 14, etc.’Ëlôha, au singulier, s’emploie également dans le même sens. II Par., xxxii, 15, etc. — 3°’ÊlôhÎ7ti a même une fois le sens de « déesse », I (III) Reg., xi, 5, la langue hébraïque n’ayant ni mot ni forme particulière pour exprimer la divinité femelle, inconnue au monothéisme. — La signification polythéiste d’Élohim est déterminée par le contexte ou bien par des compléments ou des épithètes : « dieux de l’étranger, » Gen., xxxv, 2 ; « dieux d’argent, » Exod., xx, 23 ; « dieux des nations, » Deut., xxix, 17 ; « dieux des Égyptiens, » Gen., xii, 12 ; « dieux de l’Amorrhéen, » Jos., xxiv, 15 ; « dieu d’Accaron, » II (IV) Reg., 1, 2, etc. — 4° Il faut noter qu’Élohim se dit aussi métaphoriquement, quoique par exception : 1. des juges, considérés comme les représentants de la justice de Dieu. Exod., xxi, 6 ; xxii, 7, 8 (où les Septante rendent bien, Exod., xxi, 6, l’idée exprimée en traduisant : tô xpi-CTJp ; ov toù 0£oû). — 2. Les Septante, la Vulgate, la Pèschito, la version arabe, ont rendu Élohim par « anges », Ps. xcvii (xcvi), 7 ; cxxxviii (cxxxvii), 1, comme Ps. viii, 6 ; mais leur interprétation n’est pas certaine.

— 3. Les rois sont comparés à des Élohim dans le Ps. lxxxii (lxxxi), 1, 6. — 4. Xe nom d’Élohim ajouté comme complément à un substantif forme une sorte de superlatif : « Montagne d’Élohim, » désignant, Ps. lxviii (lxvii), 16, les montagnes de Basan, en marque la grandeur et la magnificence. Voir aussi Ps. lxv (lxiv), 11 ; Civ (cm), 16. — Sur la nature et les attributs de Dieu, d’après l’Écriture, voir Jéhovah. F. Vigouroux.

ÉLOHISTES. Voir Pentateuque.

ÉLOÏ. Voir Éli, col. 1664.

ÉLON. Hébreu : ’Ëlôn, « chêne, chênaie. » Nom d’un Héthéen, de deux Israélites et de trois villes de Palestine.

1. ÉLON (Septante : Atôs., ’EXtiji), Héthéen, père de Basemath ou Ada, une des femmes d’Ésaû. Gen., xxvi, 34 ; xxxvi, 2.

2. ÉLON (Septante : ’Aapûv ; Codex Cottonianus : "AUiov), fils de Zabulon, Gen., xi.vi, 14, et père de la famille des Élonites. Num., xxvi, 26.

3. ÉLON, nom (dans le texte hébreu) d’un juge d’Israël, que la Vulgate appelle Ahialon. Jud., xii, 11. « Et il (ꝟ. 11, Ahialon de Zabulon) mourut, et il fut enseveli dans Zabulon. » ꝟ. 12. L’hébreu est plus complet dans ce verset 12 : « Et’Êlon de Zabulon mourut, et il fut enterré à’Ayyâlôn, dans la terre de Zabulon. » Le nom du juge et celui de la ville ne diffèrent que par les points-voyelles. Voir t. i, col. 292, 297.

4. ÉLONjhébreu : ’Allôn ; dans bon nombre de manuscrits, ’Elôn ; Septante : Codex Vaticanus, Mm).â ; Codex Alexandrinus, Mt)Àù>v), ville frontière de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 33. Il y a ici une foule de difficultés qu’il est utile d’exposer, mais dont on cherche encore la solution. Elles portent principalement sur le texte. Et d’abord le texte complet, Jos., xix, 33, est, en hébreu : tnê-’Allôn be-$a’ânannîm, « depuis Allon en Sa’anannim ; » Vulgate : Et Elon in Saananim. Les Septante ont uni les deux prépositions mé (pour min) et be aux mots eux-mêmes, en intercalant la conjonction vav, <l et, » d’où. McoXi xai B : <7equsfv, dans le Codex Vaticanus, et MtjXmv xii Biljsvavs’ii, dans YAlexanctrinus. D’ua autre côté, si

plusieurs manuscrits et éditions du texte massorétique présentent’Allôn, p’îN, avec palach, d’autres, et en assez

grand nombre, ont’Êlôn, rVn », avec tsêré. La première

leçon a été suivie par la Peschito, ’Alun ; mais la seconde a pour elle le Targum de Jonathan, mê-’Êlôn, les Septante, au moins d’après V Alexandrinus, Mt)Xwv, et la Vulgate, Elon. Aussi des critiques très compétents donnent-ils la préférence à cette dernière. Cf. J t -B. de Rossi, Scholia critica in V. T. libros, seu Supplementum in var. lect., Parme, 1798, p. 35-36. C’est du reste le mot qu’on trouve dans un autre passage de l’Écriture, Jud., IV, 11. En effet, la « vallée » dans laquelle Haber le Cinéen t avait dressé ses tentes » est appelée’Êlôn be - $a’annim. C’est donc en somme la même expression que dans le livre de Josué. Mais les anciennes versions ont prêté au premier mot ou même aux deux un sens commun. Ainsi le syriaque a traduit : « près du térébinthe qui est à Se’înîn ; » la Vulgate : « jusqu’à la vallée qui est appelée Sennim. » La paraphrase chaldaïque a mis : mîSar’agannayà’, « la plaine des étangs ou des bassins, » attribuant à’Êlôn la même signification que saint Jérôme, et rattachant besa’annîm au talmudique besa’. Cf. J. Levy, Chaldàisches Wôrterbuch, Leipzig, 1881, t. i, p. 8, au mot’âgànà’; G. Rosenmûller, Scliolia in Vet. Test., Josua, Leipzig, 1833, p. 378. Enfin on trouve dans les Septante : Codex Vaticanus, ëwç Spubç nXeovextoûvkiiv ; Codex Alexandrinus, icpoç Spùv àvanajoiiévcov, « jusqu’au chêne des ambitieux ou des avares, » ou « au chêne de ceux qui se reposent ». Le premier participe fait croire que les interprètes ont lu bôse’îm, de la racine basa’, qui indique « la recherche d’un gain injuste » ; le second laisse supposer, suivant quelques-uns, qu’ils ont lu sa’anannîm, de Sâ’an, « se reposer ; » d’autres pensent à une variante du mot grec et à une autre étymologie. Cf. J. F. Schleusner, Lexicon in LXX, Londres, 1829, t. i, p. 196 ; t. ii, p. 784.

Dans ces conditions, voici les deux questions qui se posent. — 1° Doit-on considérer’Êlôn comme un nom propre ou comme un nom commun ? Nous venons de voir que les versions anciennes ont adopté l’une et l’autre interprétation ; leur poids est donc nul ici dans la balance. Il est d’autres expressions semblables dans lesquelles elles ont pris le même mot pour un nom commun ; par exemple : ’Êlôn Tâbôr ; Septante : Spùç 00t6<ip ; Vulgate : quercus Tabor, I Reg., x, 3 ; ’Êlônê Mamrê’; Septante : 8pû ; Motjiêpij ; Vulgate : convallis Mambre, Gen., xiii, 18. etc. Les chênes ou les térébinthes remarquables par leurs dimensions ont souvent servi à désigner certaines localités bibliques. Il est donc permis de traduire ici par « le térébinthe » ou <i la vallée de Sa’annim (Besa’annim, suivant quelques-uns). Ce dernier mot vient de sa’ân, qui signifie « changer la tente », proprement « charger les montures (pour changer de campement) » ; il indique donc probablement un endroit où campaient d’ordinaire les caravanes ou les nomades comme Haber le Cinéen.

— 2° Où se trouvait cet endroit ? Le livre des Juges, iv, 11, le place près de Cadès, aujourd’hui Qadès, au nord-ouest du lac Houléh. Voir Cédés 1, col. 360. Il y a en effet, à l’ouest de ce lac, une plaine qui est encore actuellement habitée par des nomades dont on aperçoit çà et là les tentes noires. Elle pouvait également servir à déterminer de ce côté la frontière de Nephthali, Jos., xix, 33, comme Héleph (Beit Lif) la fixait sur la ligne occidentale opposée. Voir Saananim et Nephthali, tribu et carte.

A. Legendre.

5. ÉLON (hébreu : ’Êlôn ; Septante : ’E).ù>v ; Codex Vaticanus : AiXùv), ville de la tribu de Dan. Jos., xix, 43. Mentionnée entre Jéthéla (dont l’identification est incertaine ) et Themna (aujourd’hui Khirbet Tibnéh), elle faisait partie du groupe méridional des cités énumérées par Josué, xix, 40-47. Voir Dan 2, et la carte, col. 1232. On a proposé de la reconnaître dans le village actuel de