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CANON DES ÉCRITURES


vi, 16-23, et xiv, 30, et que le second récit seul est deutérocanonique, il est impossible dans plusieurs cas, comme figure 60, de déterminer lequel des deux événements a été figuré. La présence d’Habacuc, Dan., xiv, 32-38, dans plusieurs œuvres d’art, permet d’affirmer avec une entière certitude que c’est bien au fragment deutérocanonique que l’emprunt a été fait. C’est ainsi que sur un sarcophage de Brescia, publié également par Odorici, Antichità cristiane di Brescia, 1845, pi. 12, p. 69, nous voyons Habacuc portant à Daniel, dans la fosse aux lions de Ba nous prouve bien comment les deutérocanoniques étaient mis sur le même rang que les prolocanoniques. Ce petit monument, qui doit être du IVe siècle, a l’avantage de préciser par des légendes les scènes qu’il reproduit. Le sacrifice d’Isaac en est la scène principale ; au milieu d’autres scènes, empruntées au Pentaleuque et à l’Évangile, nous voyons les sujets deutérocanoniques deSusanne, de Daniel et du dragon (fig. 63). La croyance de l’Église à l’inspiration de tous les livres contenus dans la version des Septante et dans l’ancienne version latine qui repro 60. — Susanne entre les deux vieillards et devant Daniel. Cassette d’ivoire de Brescia, d’après Odorici, Antichità cristtane di Brescia, tav. v.

bylone (fig. 61), un pain et un poisson. On n’aperçoit que la main de l’ange qui transporte Habacuc par les cheveux ; mais pour montrer que c’est une main céleste qui accomplit le miracle, le ciel est figuré par sept étoiles. Daniel prie avec confiance au milieu de deux lions. La mort du dragon de Babylone, qui avait été cause de cette seconde condamnation du prophète à la fosse aux lions, et qui est racontée dans le même chapitre xiv, 22-26, est aussi figurée sur les antiques monuments

61. — Habacuc transporté par la main d’un ange dans la fosse aux lions. D’après Garucci, Storia âelV arte, t. v, pi. 323, n » 2.

chrétiens. Un fond de verre (fig. 62), conservé aujourd hui au British Muséum, représente Daniel donnant au serpent le gâteau de graisse, de poix et de poils, avec lequel il le fait mourir. À côté de lui est le Messie qui l’inspire. Voir aussi Kraus, Real-Encyklopâdie, 1. 1, p. 342. Nous retrouvons ainsi dans l’art chrélien primitif de nombreux sujets tirés des deutérocanoniques, tandis que, au moins avant le Ve siècle, on ne rencontre aucune scène tirée des écrits apocryphes. Les deutérocanoniques étaient donc traités par l’Église avec le même respect que les protocanoniques. S’il en fallait encore des preuves, il nous suffirait de remarquer que, dans tous ces monuments figurés, les scènes empruntées aux uns et aux autres sont entremêlées sans aucune distinction. Par exemple, une coupe en verre blanc transparent, trouvée à Podgoritza, l’ancienne Docléa, en Dalmatie, et publiée, en 1877, par J.-B. de Rossi, L’insigne piatto vitreo di Podgoritza oggi nel Museo Basilewsky in Parigi (Bulletlno di Archeologia cristiana, 1877, p. 77-85, tav. v-vi),

duisait exactement les Septante est donc pleinement confirmée par les monuments figurés. Voir F. Vigoureux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, p. 365-379 ; U. Ubaldi, Introductio in Sacram Scripturam, 2e édit., t. ii, Rome, 1882, p. 382-392.

§ 5. Écrivains des v et vi" siècles. — Depuis le milieu du v « siècle jusqu’au concile de Trente, les canons ou

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62. — Daniel et le dragon.

D’après un fond de verre du British Muséum.

catalogues des livres inspirés deviennent nombreux dans l’Église d’Orient et surtout dans l’Église d’Occident. Ils ont été réunis dans H. Hody, De Bibliorum textibus originalibus, versionibus grsecis et latina Vulgata libri quatuor, in-f°, Oxford, 1704, p. 644-662. On peut voir aussi le tableau de J.-B. Malou, La lecture de la Bible en langue vulgaire, t. ii, p. 120-122 ; reproduit dans J.-B. Glaire, Introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, 3e édit., 1862, t. i, p. 88-92. Cf. aussi B. F. Westcolt, Hislory of the Canon, Appendix D, 1855, p. 566-584.

1° Eglise d’Orient. — Assémani, Bibliotheca onenlalis, t. iii, 2, p. 236, a montré que les Églises orientales, même hérétiques, mirent les deutérocanoniques sur le même rang que les protocanoniques.

2° Eglise occidentale. — Saint Hilaire, légat du pape saint Léon le Grand en Orient, puis son successeur (461-468), compte soixante-dix livres dans l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est-à-dire les protocanoniques et