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ELECTRUM — EL-ELOHÉ-ISRAEL


que le contexte ne s’y oppose pas : on dit, en effet, que le buste du personnage de la vision était non pas en ffaSmal, mais avait l’aspect, c’est-à-dire le reflet, la couleur du hasmal. Voir Ambre, t. i, col. 449.

2° La plupart des exégètes et des philologues voient dans le hasmal un alliage d’or et d’argent, bien connu des anciens. Il avait été remarqué à l’état natif en beaucoup de mines d’or, particulièrement en Lydie. Sophocle, Antigone, 1038 ; Pline, H. N., xxxiii, 23 ; F. Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, t. i, p. 192. On l’obtenait aussi artificiellement, en mélangeant quatre parties d’or contre une d’argent. Sa couleur varie du jaune clair au blanc légèrement jaunâtre, selon que la proportion d’argent augmente. Son éclat est plus vif aux lumières que l’argent, dit Pline, H. N., xxxiii, 23, propriété que reconnaît saint Grégoire, Homil. in Ezech., 1. i, hom. ii, 14, t. lxxvi, col. 801. Dans les fouilles de Troie, Schliemann, Ilios, trad. franc., p. 594, a trouvé une petite coupe d’électrum d’un blanc étincelant à l’intérieur comme à l’extérieur. — L’électrum métallique était connu des Égyp , asem, asemu,

tiens ; il se nommait A* », T’nom qui a beaucoup d’analogie avec fyaSmal. « n (heth) se change souvent avec N (aleph), qui répond exactement

à l’a, I, des hiéroglyphes ; quant à S (lamed), c’est un

suffixe nominal assez employé à former, par exemple, des diminutifs. » Lepsius, Les métaux dans les inscriptions égyptiennes, trad. Berend, in-4°, Paris, 1877, p. 13. Comme l’or, l’électrum venait en grande partie de Syrie,

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a

6a. — Ëlectrum on poudre et en anneaux. Tombeau de Rekhmara.

en briques, en anneaux (fig. 544) ; il servait entre autres usages à recouvrirles portes des temples, les pyramidions d’obélisques, etc. Les obélisques de la reine Hatasou, à Karnak, étaient bardés d’électrum. « On les apercevait des deux rives du Nil, et ils inondaient les deux Egyptes de leurs reflets éblouissants, quand le soleil se levait entre eux, comme il se lève à l’horizon du ciel. » G. Maspero, L’archéologie égyptienne, in-8°, Paris, 1887, p. 297 ; Histoire ancienne, in-i°, t. ii, 1897, p. 244. — La Chaldée et l’Assyrie n’ignoraient pas non plus cet alliage. Les annales de Thothmès, à Karnak, Lepsius, Denkmâler, Abth. iii, pi. 32, lig. 14, 33, signalent des chariots recouverts de ce métal, qu’il avait enlevés aux Assyriens. Le nom même paraît avoir été retrouvé. Après la prise de Suse, Assurbanipal emporta de cette ville de l’or, de l’argent et des eS-ma-ru-u êbbu. Le mot eSmarû, qui se rapproche beaucoup de halmal, d’après Frd. Delitzsch, Spécimen glossarii EzechielicoBabylonici, pi. xii, dans la Bible hébraïque de Bær, Liber Ezechielis ; in-8°, Leipzig, 1884, paraît être un métal d’une blancheur éclatante, l’emportant par cet éclat sur la lueur rougeâtre du feu.

— L’emploi de l’électrum en Egypte et en Assyrie est donc suffisamment établi. Et à ce titre les Septante n’ont pas eu tort de rendre le fyasmal d’Ézéchiel par TJXexTpov, qui avait certainement en grec, à l’époque où ils ont fait leur traduction, le sens d’alliage d’or et d’argent. Sans doute on a expliqué en des sens très divers l’îjXexTpov dont parle Homère, Odyss., iv, 71 ; cependant sa place entre l’or et l’argent s’explique tout naturellement dans l’hypothèse d’un alliage de ces deux métaux, plus estimé que l’argent. Pline, H. N., xxxiii, 23. En tout cas, Sophocle, par l’îîXexTpo ; de Sardes, entend bien un alliage nalif d’or et d’argent, qui existait.en grande abondance en Lydie, dans les sables du Pactole. De ce pays, Crésus

pouvait envoyer au temple de Delphes cent treize lingots d’électrum ou or blanc contre quatre seulement d’or pur. Hérodote, I, 50. On utilisait cet alliage dans les travaux de bijouterie, d’orfèvrerie, comme bracelets, colliers, vases, coupes ; ou simplement on ornait ces objets de reliefs dont la couleur plus blanche tranchait sur le jaune de l’or. — Tout se prête parfaitement à la signification d’alliage d’or et d’argent donnée au tfosmal d’Ézéchiel. Le personnage qui lui apparaît sur le trône de saphir a donc la partie inférieure du corps semblable à la flamme rougeâtre, et la partie supérieure comme la flamme blanche, comme l’aspect blanc jaunâtre de l’électrum. Cf. le personnage du disque ailé dans V. Place, Ninive et l’Assyrie, t. iii, pi. 21. — Bochart, Hierozoicon, Opéra, Leyde, 1692, t. iii, col. 870-888, dans sa longue et savante dissertation sur le htaSmal, montre bien que c’est un métal ; mais, sur une étymologie peu fondée, il s’arrête à un alliage de cuivre et d’or, l’aurichalcum. Cependant d’après Pline, H. N., xxxiii, 23 ; Pausanias, V, xii, 6, et de nombreuses autorités qu’il cite lui-même, l’électrum était certainement un alliage d’or et d’argent. 3° Plus récemment quelques auteurs ont cru pouvoir identifier le hasmal et rîjXEXTpov des Septante avec l’émail. On a plusieurs fois même rattaché comme étymologie le mot émail au nom hébreu. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 233, note 1. Quoi qu’il en soit de cette étymologie, il est certain qu’au moyen âge on s’est servi du mot ëlectrum pour désigner l’émail. Berthelot, Un chapitre de l’histoire des sciences, dans la Bévue des Deux Mondes, 1 er sept. 1892, p. 54. Mais en était-il de même du mot ëlectrum chez les Latins et surtout de l’ijXexTpov des Septante ? Dans ses Recherches sur la peinture en émail dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1856, p. 77-92, J. Labarte le prétend. F. de Lasteyrie soutient le contraire : L’électrum des anciens était-il de l’émail ? Dissertation sous forme de réponse à M. Jules Labarte, in-S", Paris, 1857. Sans doute les Assyriens et les Chaldéens ont connu l’émail ; ils ont orné leurs palais d’émaux aux couleurs vives et éclatantes, représentant des personnages, des scènes diverses, qui ont dû vivement frapper les yeux des Hébreux captifs. Ézéchiel, au chapitre xxiii, , 14-16, paraît bien les avoir en vue. Voir Émail. C’est ce qui a incliné plusieurs exégètes à voir l’émail dans le #aS » iaî. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iv, p. 233-237. On objecte que le contexte paraît difficilement permettre cette identification. Ézéchiel, viii, 2, indique une différence d’aspect entre la partie supérieure du personnage et la partie inférieure : celle-ci avait l’aspect rougeâtre du feu, celle-là l’aspect du haSmal. Or ce serait désigner cette différence d’une manière bien vague que de la comparer à l’émail, celui-ci n’ayant par lui-même aucune couleur spéciale. On ne pourrait voir l’émail dans le haSmal qu’à la condition que ce mot désigne un émail spécial, soit l’émail blanc, soit l’émail polychrome, ou bien encore si le prophète entendait l’éclat fixe de l’émail en opposition au mouvement de la flamme. E. Levesque.

    1. ÉLÉHANAN##

ÉLÉHANAN, guerrier, II Reg., xxiii, 24, dont le vrai nom est Elchanan. I Par., xi, 26. Voir Elchanan 2.

EL-ELOHÉ-ISRAEL (hébreu : ’El’Ëlohê-Jsrâ’êl, « Dieu, Dieu d’Israël » ; Septante : ô ©eôç’Iopai]X ; Vulgate : Fortissimus Deux Israël), nom donné par Jacob à l’autel qu’il érigea près de Sichem, dans le champ qu’il acheta aux fils d’Hémor. Gen., xxxiii, 20. « Et il éleva là un autel, dit le texte hébreu, et il l’appela (vayyiqrâ’) El-ÉlohéIsraël, » ce que la Vulgate traduit, en donnant un autre sens â vayyiqrâ : « Ayant érigé là un autel, il y invoqua le Dieu très fort d’Israël. » Jacob érigea sans doute cet autel et lui donna ce nom en mémoire de la lutte qu’il venait de soutenir contre l’ange et des paroles qu’il lui avait dites : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais