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ÉLEGTA — ÉLECTRUM


mais il devrait y avoir dans l’adresse : Kupîa ri) èxXexTîj ; puis., au ꝟ. 5, ce nom paraît un titre plutôt qu’un nom. Aussi d’autres exégètes, comme Cornélius a Lapide, Comm. in Epist. canon., édit. Vives, t. XX, p. 633, pensent que le nom propre n’est pas exprimé, et que l’adresse porte seulement : » à la dame élue. » Cet exégète va même jusqu’à rapporter, d’après la Chronique de Lucius Dexter, une tradition qui lui donnait le nom de Drusia ou Drusiana. Il est bien difficile de croire qu’il s’agit d’une personne privée, quand on voit l’apôtre employer des expressions comme celles-ci : Tous ceux qui connaissent la vérité aiment ses enfants comme lui les aime ; « Je te prie, xjpîa, domina, que nous nous aimions les uns les autres, » jfr. 5 ; et « J’ai trouvé de tes fils qui marchent dans la vérité », j>. 4, quelques versets après s’être adressé à elle et à ses enfants. — 2° Ces difficultés ont amené de nombreux interprètes à penser que saint Jean avait désigné une Église. Saint Jérôme, Ep. cxxm ad Ageruchiam, t. xxii, col. 1053, semble avoir en vue l’Église universelle. Mais plus communément, et avec raison, on entend une Église particulière. Cassiodore, Complex. in Epist. Aposl., t. lxx, col. 1373 ; Serarius, Prolegomena biblica et comm. in Epist. canon., in-f°, 1704, p. 99. L’apôtre s’adresse à une Église qu’il appelle l’élue, et lui envoie en terminant des salutations de la part des membres d’une autre Église, qu’il nomme sa sœur l’élue. De plus.l’Église, comme épouse du Seigneur, Kupîo ; , peut bien porter le titre de Kupîa, domina. Quant au nom d’  « élue » donné à une Église, ne trouvons-nous pas dans saint Ignace, Ep. ad Trait., t. v, col. 673, la même expression ? On peut comparer aussi la façon dont saint Pierre, v, 13, nomme l’Église de Rome : y] èv BaëuXôm (TUvExXexT^. Cf. êxXextoi ; , I, 1. Tout porte à croire que « l’élue », èx^sxt^, dont parle saint Jean est « une Église personnifiée sous la figure d’une femme, avec les enfants qu’elle a mis au monde pour le Seigneur. Cette forme de langage est tout à fait en harmonie avec le style de saint Jean ». H. de Valroger, Introduction historique et critique au Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1861, t. ii, p. 410. Quelle est cette Église ? On a mis en avant Corinthe, Borne, Jérusalem, sans raison valable ; la lettre de saint Jean s’adresse probablement à une des Églises de l’Asie Mineure. Cf. uornely, Introductio specialis in N. T. libros, in-8°, Paris, 1886, p. 682-683. E. Levesque.

    1. ÉLECTION##

ÉLECTION, choix qu’on fait de quelqu’un pour lui confier certaines fonctions importantes. En hébreu, le verbe bâhar, qui signifie « choisir » et « élire », désigne ordinairement la mise à part d’un homme ou d’un objet, à raison de leurs qualités émineiites. Aussi le substantif tnibhar, « élection, » se prend-il toujours dans le sens concret de « chose de choix, chose excellente. » Il faut distinguer l’élection divine et l’élection par le peuple. . I. Élection divine. — Comme les Hébreux sont soumis au régime théocratique, c’est Dieu qui élit directement les hommes qu’il veut mettre à la tête de son peuple, Moïse, Ps. cvi (cv), 23 ; Saùl, II Reg., xxr, 6 ; le Messie, Is., xlii, 1, etc. Chacun d’eux est alors un bâhir, èX^x-réç, electus. De même, sous la Loi nouvelle, Notre-Seigneur fait en personne l’élection de ses Apôtres. Luc, VI, 13 ; Joa., VI, 71 ; xiii, 18 ; xv, 16 ; Act., i, 2. L’appel à la vie surnaturelle et au salut est également appelé « élection », ixXoyri, electio. Rom., xi, 5, 7, 28 ; I Thess., i, 4 ; il Petr., i, 10. Le nom d’  « élus », èxXexroi, est donné à ceux qui obéissent sur la terre à cet appel, Matth., xx, 16 ; xxii, 14 ; xxiv, 22, 24, 31 ; Rom., viii, 33 ; Col., iii, 12 ; II Thess., ii, 12 ; II Tim., ii, 10 ; I Petr., i, 1 ; ii, ? ; Àpoc, xvii, 14, et à ceux qui, en conséquence de leur fidélité, parviennent à la gloire éternelle. Voir Élu. Saint Paul, Rom., viii, 28-34, justifie ce mot d’  « élection » en montrant que toute prédestination, comme toute glorification, vient de Dieu. Voir Prédestination.

II. Élection par le peuple. — 1° Dans l’Ancien Testament, on ne voit guère en usage l’élection populaire proprement dite. Saùl, le premier roi, est désigné directement par le Seigneur, I Reg., IX, 17, bien que les anciens du peuple aient pris l’initiative dé l’établissement de la royauté. I Reg., viii, 5, 18. Mais plus tard, même quand David a été choisi par le Seigneur, I Reg., XVI, 12> les tribus rassemblées à Hébron confirment son élection, II Reg., v, 1-3, et ensuite les anciens de Juda la ratifient de nouveau après la révolte d’Absalom. II Reg., xix, 11-14. Les rois suivants se succèdent ordinairement par voie d’hérédité ; mais assez souvent c’est la violence qui se substitue au droit, et dans le royaume d’Israël plusieurs rois ne sont que des usurpateurs. — 2° Dans le Nouveau Testament, les Apôtres préparent par voie d’élection la désignation du successeur de Judas. Joseph Barsabas et Mathias sont élus parmi les disciples ; mais c’est au Seigneur qu’est réservé le choix définitif entre ces deux candidats. Act., i, 23-26. — Les sept premiers diacres sont élus par l’assemblée des fidèles et présentés aux Apôtres, qui leur confèrent l’ordre et la mission en leur imposant les mains. Act., vi, 5, 6. — L’assemblée de Jérusalem, composée des Apôtres, des anciens et des fidèles, élit Judas Barsabas et Silas pour accompagner Paul et Barnabe à Antioche. Act., xv, 22, 25. Ces deux derniers exemples montrent l’élection en usage pour désigner des hommes auxquels doivent être confiées des missions spéciales. Mais on ne la voit jamais employée pour la désignation

des pasteurs de l’Église.

H. Lesêtre.
    1. ÉLECTRUM##

ÉLECTRUM (hébreu : haSmal ; Septante : fy.exxpov), expression latine, calquée sur le grec ?, Xexrpov, qui a servi à désigner l’ambre jaune, un alliage d’or et d’argent et même, dans la basse latinité, l’émail. Ce mot se lit dans les Septante et la Vulgate pour rendre le terme hébreu hasmal, qui se rencontre seulement dans deux chapitres d Ézéchiel. Dans la vision dite des chérubins, le prophète aperçoit d’abord dans le lointain s’avancer vers lui une nuée sombre, et, au milieu de la nuée et projetant son éclat sur elle, un globe de feu, au centre duquel brillait comme l’éclat du hasmal. Ezech., i, 4. Quand la vision, rapprochée de lui, se laissa voir dans ses détails, Ézéchiel remarqua comme une sorte de firmament d’un éclat éblouissant étendu sur la tête des chérubins, et au-dessus un trône de saphir, occupé par une apparence d’homme. J. 26. Au verset suivant et au chapitre vm, 2, il décrit ainsi ce personnage : Depuis les reins jusqu’en bas, on aurait dit l’aspect du feu, dont l’éclat rejaillissait tout autour, et depuis les reins jusqu’en haut, on apercevait quelque chose de plus éclatant encore, comme l’aspect du haSmal. Sur la nature de ce hasmal trois opinions ont été émises.

1° Quelques commentateurs ont pensé qu’il s’agissait de l’ambre jaune ou succin. Il est certain que les Grecs du Ve et iv « siècle avant J.-C. donnaient à l’ambre le nom d’i^ExTpov, et que c’était même alors la signification la plus usitée de ce mot. Cette substance était bien connue, car on a trouvé dans de nombreux tombeaux antiques de la Grèce et de l’Italie des colliers en grains d’ambre et divers objets ornés avec cette substance servant de matière incrustante. En particulier, on a rencontré en Étrurie l’ambre mêlé à des objets d’importation phénicienne ou carthaginoise. Saglio, . Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, in-4°, Paris, 1892, t. ii, p. 534. De plus, M. Oppert, L’ambre jaune chez les Assyriens, dans le Recueil de travaux relatifs à la philologie égyptienne et assyrienne, t. ii, 1880, p. 33, croit pouvoir lire le nom de l’ambre dans une inscription cunéiforme ; mais cette lecture a été contestée, et jusqu’ici les fouilles de Chaldée ou d’Assyrie n’ont jamais découvert le moindre morceau de cette substance. G. Perrot, Histoire de Vart, t. ii, p. 768-769. Cette raison ne permet guère d’identifier le haSnial avec l’ambre, bien