Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/860

Cette page n’a pas encore été corrigée
1649
1650
ÉLÉALÉ — ÉLÉAZAR


vaste monceau de ruines, qui portent le nom arabe de et-'Al, « l'élevée. » C’est une transformation de son ancien nom d'Éléalé, qui faisait probablement aussi allusion à sa situation, sur une montagne de 334 mètres d’altitude, à larges gradins naturels, d’où l’on a une vue très étendue sur la plaine de toute la Belka méridionale. Elle était située à environ deux kilomètres d’Hésébon. Du temps d’Eusèbe, Onomasticon, Berlin, 1862, p. 182, Eléalé était encore une localité importante, mais quelques siècles après elle fut abandonnée ; car, si l’on y trouve les restes d’une église et d’une tour byzantine, on n’y découvre aucun reste de construction arabe. On y voit encore des pressoirs taillés dans le roc, cf. Is., xvi, 9 ; Jer., xlviii, 33-34 ; des murs de maisons hauts de trois à six mètres, de nombreuses savernes taillées dans le calcaire, dont plusieurs servent aujourd’hui d'étables pour les bestiaux, d’abondantes citernes, des débris de colonnes, etc. « Toute [la] montagne, ses flancs et sa base évasée, ainsi que la vallée [profonde] au-dessous sont couverts d’arbres et d’arbustes. L’humidité qui doit régner longtemps sur ces régions élevées y entretient une végétation abondante pour la contrée. » De Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 146. — Voir II. Tristram, The Land of Moab, in-12, Londres, 1873, p. 339-340 ; The Survey of Eastern Palestine, 1889, t. i, p. 16-19 ; F. Buhl, Géographie der allen Palàstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 266.

F. Vigouroux. ÉLÉAZAR. Hébreu : 'Él'àzâr, « Dieu aide ; » Septante : 'EXsàÇap. Nom de onze Israélites.

1. ÉLÉAZAR, fils d’Aavon et son successeur comme souverain pontife. Aaron avait eu de sa femme Elisabeth quatre fils : Nadab, .Abiu, Éléazar et Ithâmar. Exod. vi, 23 ; Num., iii, 2. Par le fait de la mort de ses deux frères, Nadab et Abiu, qui ne laissaient point de fils, Num., iii, 4, il se trouva l’aîné des enfants d' Aaron et par conséquent l’héritier de sa dignité de grand prêtre. Il avait épousé une des filles de Phutiel, dont il eut Phinées, qui devait plus tard lui succéder dans la suprême sacrificature. Exod., vi, 25. Il reçut en même temps qu' Aaron la consécration sacerdotale des mains de Moïse, avec ses trois frères. Lev., vin ; Num., iii, 3. Nous le voyons, Num., iii, 32, honoré du titre de « prince des princes des Lévites, placé à la tête de ceux qui veillent à la garde du sanctuaire » ; et, Num., iv, 16, il est dit que les fils de Caath seront sous ses ordres, quand il faudra envelopper et transporter les vases et les ustensiles sacrés, et qu'à lui sera confié le soin d’entretenir l’huile des lampes, le parfum de composition, le sacrifice perpétuel, l’huile de l’onction, tout ce qui appartient au service du Tabernacle et tous les vases qu’il renferme. — Le nom d'Éléazar revient assez rarement dans le récit sacré jusqu'à son entrée en fonction comme grand prêtre. Après la mort tragique de Nadab et d’Abiu, il reçut de Moïse, ainsi qu’Aaron et Ithamar, la défense de pleurer sur les coupables et l’ordre d’achever le sacrifice interrompu par cet événement. Lev., x, 1-2, 8, 12-13. Il encourut dans cette circonstance, avec son père et son frère, les reproches de Moïse, parce que, dans le trouble où cette catastrophe les avait jetés, ils avaient mal exécuté les prescriptions du législateur d’Israël. Lev., x, 16-20. — Nous retrouvons plus tard Eléazar dans l'épisode de la révolte de Goré. Après le châtiment des révoltés, Dieu ordonna qu’il dispersât le feu de leurs encensoirs, dont l’airain, fondu et mis en forme de lames par ses soins, serait appliqué par lui à l’autel des holocaustes. Num., xvi, 36-40. Voir Coré, col. 971. Le Seigneur, après avoir confirmé d’une manière éclatante et terrible les droits généraux du sacerdoce aaronique, indiquait ainsi le droit spécial au souverain pontificat qu’il voulait conférer à Éléazar et à sa descendance. Cf. Num., xxv, 13. Bientôt après, il donna encore aux enfants d’Israël une autre marque de la prééminence du futur successeur

d’Aaron. Il régla que, pour mettre le grand prêtre à l’abri de la souillure légale résultant de l’immolation de la vache rousse, Num., XIX, 7, ce serait Éléazar qui immolerait cet animal, ferait avec son sang sept aspersions sur les portes du Tabernacle et enfin le livrerait aux flammes. Num., xix, 1-7. — Ce fut apparemment peu de temps après l’institution de ce rite qu’arriva la mort d’Aaron. Sur le sommet du mont Hor, où il était monté par ordre de Dieu, Aaron fut, avant d’expirer, dépouillé de ses vêtements sacerdotaux par Moïse, et celui-ci en revêtit aussitôt Éléazar en signe de l’investiture de la charge de grand prêtre, qu’il allait désormais exercer. Voir Aaron, t. i, col. 8.

Dans la seconde période de la vie d'Éléazar, qui commence ici, non plus d’ailleurs que dans la première, nous ne trouvons aucun trait personnel, comme on en rencontre dans l’histoire de son père Aaron ou de son fils Phinées. Tout ce que l'Écriture nous raconte de lui se rapporte exclusivement à ses fonctions et aux faits auxquels sa dignité l’appelait à prendre part. C’est d’abord l’ordre qu’il reçoit, conjointement avec Moïse, de procéder au recensement du peuple après le châtiment des Israélites prévaricateurs. Num., xxvi, 1-63. Plus tard, les filles de Salphaad adressent à Éléazar, à Moïse et aux anciens leur requête concernant l’héritage de leur père, mort sans enfants mâles. Num., xxv, 1-3. Peu après le règlement de cette affaire, Moïse, averti par Dieu de sa mort prochaine, amena, selon les prescriptions divines, Josué son successeur à Eléazar. Cette présentation eut lieu en présence de tout le peuple, que son nouveau chef devait conduire d’après les instructions que le Seigneur donnerait en réponse à la consultation faite par le grand prêtre. Num., xxvii, 12-23. Dans l’intervalle entre ce dernier fait et la mort de Moïse, Éléazar nous apparaît encore associé à celui-ci dans quelques circonstances mentionnées au livre des Nombres. La première est la répartition, après la défaite de Madian, du butin qui leur est amené, et dont une partie déterminée est prélevée comme prémices à offrir à Dieu. Num., xxxi, 12-54. La seconde est la demande des terres situées au delà du Jourdain par les tribus de Gad et de Ruben, xxxil, 1-2, au sujet de laquelle il reçoit avec Josué les instructions de Moïse. Num., xxxii, 28-33. Enfin en ce qui concerne le pays en deçà du Jourdain, dont le partage ne devait être fait que plus tard, Dieu désigna à Moïse Éléazar pour être placé avec Josué à la tête des répartiteurs, désignés aussi par leurs noms, et qui étaient les chefs de leurs tribus respectives. Num., xxxiv, 16-29. Ce partage eut lieu en conséquence, quand le moment fut venu, sous la direction du grand prêtre Éléazar et de Josué, et par la voie du sort, comme Dieu l’avait prescrit. Jos., xiv, 1-2, cf. xix, 51. — C’est le dernier renseignement que la Bible nous donne sur Éléazar. Sa mort est mentionnée à la fin du livre de Josué : « Éléazar, fils d’Aaron, dit l'écrivain sacré, mourut aussi, et on l’ensevelit à Gabaath, [ville] de Phinées, son (ils, qui lui fut donnée en la montagne d'Éphraïm. » Jos., xxiv, 33. Il eut pour successeur dans la charge de grand prêtre son fils Phinées. Num., xxv, 13.

E. Palis.

2. ÉLÉAZAR, fils d’Aminadab. Quand l’arche du Seigneur, renvoyée par les Philistins, fut portée dans la maison de son père, sur la colline (hag-gib'âh ; Septante : ev tù Pouvû ; Vulgate : Gabaa) de Cariathiarim, Éléazar fut chargé de la garder. I Reg., vii, 1. Le texte dit qu’il fut consacré, c’est-à-dire exclusivement appliqué à cette fonction. Probablement il était lévite, bien que le texte n’en dise rien : au moins rien ne s’y oppose, et Josèphe, Ant.jud., VI, I, 4, lui donne cette qualité.

3. ÉLÉAZAR, fils de Dodo l’Ahohite, c’est-à-dire descendant d’Ahoë, dans la tribu de Benjamin. II Reg., xxill, 9 ; I Par., viii, 4. Il est compté parmi les trois gibbôrini ou vaillants guerriers qui se trouvaient avec David à Éphesdammim, dans la guerre contre les Philis-