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ÉLATH — ELCANA


grands frais, fut creusé dans le rocher. Une inscription rappelle à quel homme généreux les pèlerins doivent ce bienfait. Dès lors cette descente rapide, ou cette montée pénible, selon qu’on partait d’Ailah ou qu’on y arrivait, resta dans le souvenir des pèlerins, et le mot akabah, qui signifie escarpement, s’unit au nom d’Ailah, qui fut appelé Akabahvilah, puis, en définitive, seulement Akabah ; c’est ainsi que ce lieu est nommé parles Arabes et qu’on le désigne dans les itinéraires modernes de la Mecque. » C’est de là que vient également le nom de golfe d’Akabah. Les ruines occupent en forme de buttes de sable et de décombres l’extrémité du golfe et les deux côtés du ravin creusé par les eaux. À quarante minutes plus bas se trouvé le village, abrité sous des plantations de palmiers (d’où peut-être le nom d’Élath) et entourant un château quadrangulaire, de forme oblongue, flanqué d’une tour à chacun des quatre angles. Ce château, où le vice-roi d’Egypte entretient une petite garnison, n’a d’autre objet que de protéger les pèlerins de la Mecque et de servir de dépôt aux provisions qui leur sont nécessaires. Tout le long de la côte, devant les palmiers, en creusant avec la main dans le sable, on obtient de l’eau qui, bien qu’à peine séparée de celle de, la mer, est cependant d’une douceur complète, lorsqu’on a soin de jeter le premier écoulement encore mêlé à l’eau salée dont le sable était imprégné. « Ces sources d’une espèce nouvelle excitent l’étonnement, mais on s’explique leur écoulement en considérant la côte. On voit alors qu’une croûte de sable couvre depuis l’embouchure des vallées la masse de rochers qui s’étendent en pente jusqu’au bord de la mer, où ils forment des brisants à marée basse. Les sources des différentes vallées à l’est, ainsi que les pluies, n’ont d’écoulement qu’entre cette superposition de sable et le fond solide ; c’est pourquoi elles descendent vers la mer en traversant les plantations de palmiers ; elles entretiennent leur végétation, se montrent au même niveau partout où l’on creuse, soit dans les murs de la forteresse, soit au milieu des palmiers, soit enfin au bord de la mer, où elles sont plus faciles à atteindre. » L. de La-Ijorde, Voyage de l’Arabie Pétrée, in-f°, Paris, 1830, p. 50.

2° Élath apparaît pour la première fois dans le Deutéronome, H, 8, à propos du chemin que suivirent les Hébreux, contournant les montagnes de Séir pour se diriger vers Moab. Elle appartenait alors aux Iduméens. Elle tomba plus tard au pouvoir de David, quand ce roi eut conquis le pays d’Édom. Il Reg., viii, 14 ; III Reg., XI, 15, 16. Son port fut utilisé par Salomon, avec celui d’Asiongaber. C’est de là que partait la flotte du monarque, montée par des marins phéniciens, pour aller à Ophir. III Reg., ix, 26 ; II Par., viii, 17. Elle prit sans doute part à la révolte de l’Idumée contre Joram. IV Reg., vm, 20-22. Mais elle fut reconquise par Azarias, qui « la rebâtit et la rendit à Juda ». IV Reg., xiv, 22 ; II Par., xxvi, 2. Bientôt après cependant, Rasin, roi de Syrie, s’en empara, en chassa les Juifs, et permit aux Iduméens de l’habiter de nouveau. IV Reg., xvi, 6. II portait ainsi un coup terrible au commerce du royaume de Juda avec l’Orient. Elle disparaît ensuite de l’histoire jusqu’à l’époque romaine, où elle devient une ville frontière, la résidence de la dixième légion, et plus tard le siège d’un évêché. — Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 554-558 ; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, 1. 1, p. 169-172 ; E. Hull, Mount Seir, in-8°, Londres, 1889, p. 71. Voir Asiongaber, t. i, col. 1097.

A. Legendre.

EL-BÉTHEL (hébreu : ’El Bêf-’Êl, « Dieu de Béthel » ; Septante : BaifWjX ; Vulgate : Domus Dei ; les deux versions grecque et latine n’ont pas rendu le premier mot’El, « Dieu » ), nom donné par Jacob, Gen. xxxv, 7, à l’autel qu’il érigea à Béthel, à l’endroit où il avait eu la vision de l’échelle mystérieuse qui montait de la terre au ciel, Gen., xxviii, 11-17, lors de son retour de Mésopo tamie, en exécution du vœn qu’il avait fait à l’époque dé son départ, au moment de la vision. Gen., xxviii, 20-22. Cf. Gen., xxxi, 13.

ELCANA. Hébreu : ’Ëlqânâh, « Dieu a créé ; » Septante : ’EXxavà. Nom de huit Israélites.

1. ELCANA, lévite, second fils de Coré, de la branche de Caath. Exod., vi, 24. Aser (Asir) et Abiasaph sont donnés comme ses frères, tandis que dans I Par., vi, 22, 23 (hébreu, 7, 8), Asir, l’alné des fils de Coré, semble être le père d’Elcana, et celui-ci le père d’AbiasaphIl y a là une apparente contradiction, qui a été expliquée de deux façons. On bien l’expression de l’Exode : fils de Coré, doit s’entendre au sens large de descendants, et Elcana, Abiasaph après Asir seraient, comme dans I Par., vi, 22, 23 (hébreu, 7, 8), non pas ses frères, mais son fils et son petit-fils. li faut avouer cependant qu’il est étrange de voir mentionnés comme vivant à la même époque les trois familles du père, du fils et du petit-fils. Aussi est-il plus naturel de regarder la liste de l’Exode comme donnant les vrais fils de Coré, ce qui va bien au contexte, tandis que dans les Paralipomènes, I Par., VI, 22-28 (hébreu, 7-13), et 33-39 (hébreu, 19-25), on présente la généalogie de Samuel d’une façon plus ou moins complète. Alors Elcana de I Par., vi, 22 (hébreu, 8), n’est que I’Elcana du ^. 36 (hébreu, 22), c’est-à-dire un descendant d’Abiasaph, le frère du premier Elcana. Voir P. de Broglie, Les généalogies bibliques, dans Congrès scientifique international des catholiques, 1888, t. i, p. 143.

2. ELCANA, père du prophète Samuel et fils de Jéroham, d’après la généalogie de I Reg., i, 1, et les deux généalogies de I Par., vi, 27 (hébreu, 12, 13), et ^ ꝟ. 33, 34 (hébreu, 19, 20). Ces listes, malgré quelques altérations de noms ou omissions, peuvent être mises d’accord. Voir de Broglie, Les généalogies bibliques, loc. cit. Il habitait la montagne d’Ephraim, à Ramathaïm-Sophim. IReg., I, 1. Le même livre des Rois le dit Éphratéen et ne parle pas de sa descendance lévitique. Aussi des critiques modernes ont-ils prétendu que l’auteur des Paralipomènes avait imaginé une origine lévitique à Samuel pour justifier le droit d’offrir des sacrifices que le prophète prétendait avoir. Mais dans ce cas il n’eut pas suffi d’en faire un lévite ; il aurait fallu en faire un prêtre descendant d’Âaron. Cf. Ps. xcviii, 6. De plus, « Éphratéen » du livre des Rois peut marquer simplement un habitant d’Éphraïm, et non pas nécessairement un membre de cette tribu. Enfin cette expression peut aussi désigner un homme d’Éphrata, c’est-à-dire Bethléhem, d’où les ancêtres d’Elcana ont pu sortir. Cf. Ruth, i, 2 ; I Reg., xvil, 12. — Elcana vivait à l’époque du grand prêtre Héli ; chaque année il se rendait à Silo, pour adorer Dieu et offrir un sacrifice ; mais on ne voit pas qu’il ait rempli quelque fonction lévitique, soit qu’il eût passé l’âge de cinquante ans, où l’on cessait d’y être astreint ; soit qu’à cette époque troublée les obligations des lévites fussent tombées en désuétude, jusqu’à la restauration du culte par David. Elcana avait deux femmes : l’une, Anne, qu’il traitait avec prédilection, était stérile ; l’autre, Phénenna, avait plusieurs enfants. Les prières d’Anne lui obtinrent Samuel. Elcana en remercia Dieu par un sacrifice, I Reg., 1, 19-21, et selon leur promesse ils offrirent l’enfant au Seigneur, ꝟ. 25. Elcana eut encore de sa première femme, Anne, trois fils et deux filles. I Reg., ii, 21. Voir Anne et Samuel.

3. ELCANA, fils de Joël, descendant d’Asir, et par conséquent de Coré par Abiasaph. I Par., VI, 22, 36 (hébreu. 8, 18). Voir Elcana. 1.

4. ELCANA, descendant du précédent par Amasai et Achimoth (ou Mahath). I Par., vi, 25, 35 (hébreu, 10, 20).