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ÉGYPTIEN — ÉGYPTIENNE (LANGUE)


où le même historien ne mentionne que 400 des partisans de l’Égyptien comme ayant été tués et 200 pris) ; il les conduisit sur le mont des Oliviers, en annonçant qu’à son seul commandement les murs de Jérusalem tomberaient comme autrefois ceux de Jéricho. Jos., y, 13yi, 21. Félix les fit poursuivre par ses troupes et les dispersa ; mais l’Égyptien parvint à s’échapper, ce qui explique comment Lysias put d’abord prendre saint Paul pour cet Égyptien. Le nombre de « quatre mille sicaires », qui ne concorde pas avec les chiffres donnés par Josèphe, peut être celui des hommes armés que le tribun compte seul, tandis que l’historien juif compte tous les adhérents du faux prophète. F. Vigouroux.

2. ÉGYPTIENNE (LANGUE). La langue égyptienne avait des relations avec les langues sémitiques ; mais comme elle n’avait pas atteint le même degré de développement de ces dernières, on l’appelle langue subsémitique. Elle fut parlée pendant toute la période pharaonique et même à l’époque des Ptolémées, dont l’idiome officiel était le grec. Parlé toujours par le peuple, l’égyptien dut certainement se modifier sous l’influence grecque, de manière qu’il en résulta la langue copte, mélange de grec et d’égyptien. L’écriture de l’ancienne Egypte fut - employée même après la chute des pharaons, sous la domination perse, sous les rois grecs et aussi pendant la domination romaine. Le dernier exemple que l’on connaît appartient à l’époque de l’empereur Dèce (249-251 de J.-C.). Après le triomphe "du christianisme, elle fut abandonnée, et elle resta un mystère jusqu’à la découverte de l’inscription bilingue de Rosette (en 1799) et du texte bilingue de Philæ qui permirent à Champollion de faire le déchiffrement de quelques hiéroglyphes par la comparaison du texte égyptien avec la traduction grecque.

I. écriture. — L’écriture hiéroglyphique, employée dès l’époque la plus reculée, est formée de signes qui représentent des figures d’hommes et de femmes, des animaux, des plantes, des objets différents d’usage religieux, militaire et domestique, et aussi des objets dont l’usage est tout à fait inconnu. Voir Alphabet, t. i, col. 403. Ces signes, dont le nombre des plus usuels est de près d’un millier, étaient employés ou comme signes idéographiques ou comme signes phonétiques. — On peut distinguer les signes idéographiques en représentatifs, comme © = Râ = soleil, qui sont l’image même de la chose, et en symboliques, qui expriment la chose d’une manière conventionnelle, comme, par exemple :

H = neter = Dieu ; I = suten = roi. — Les signes

phonétiques (qui peuvent être aussi pour la plupart à leur tour idéographiques) sont ceux qui sont employés pour exprimer un son syllabique ou alphabétique contenu dans la prononciation du signe même, par le système appelé de Vacrophonisme. De cette manière, le signe déjà indiqué,

1 (suten), peut être employé pour la syllabe su, et le

signe de l’aigle, ^^, exprime la lettre A, c’est-à-dire

l’initiale du mot akoni, qui veut dire « aigle ». — Enfin on emploie très souvent des signes qui sont aussi à leur tour idéographiques, mais sans les prononcer et tout simplement pour indiquer la nature du mot précédent ; par exemple, une divinité pour un dieu, un homme ou une femme, un animal, un arbre, une pierre, un liquide, une ville, etc. Ce sont les signes « déterminatifs », qui sont d’une grande utilité dans l’étude des textes égyptiens. — On doit lire les hiéroglyphes en commençant par le côté vers lequel regardent les figures des animaux, et on les lit en conséquence quelquefois de gauche à droite et quelquefois de droite à gauche.

En général, les mots égyptiens ont été écrits par les scribes avec une combinaison compliquée de signes idéo graphiques et de signes phonétiques, soit syllabiques soit alphabétiques. Exemples : "1 ^ J ( neter = Dieu) ;

X — (suten = roi) ; T À Q (men-nofer = « la bonne place », la ville de Memphis). Les noms des pharaons, pour les distinguer des autres, étaient renfermés dans des cartouches et précédés de titres spéciaux. Il y avait deux cartouches, le premier du prénom ou nom d’intronisation et le second du vrai nom royal, et chacun était précédé d’un titre religieux ou de dignité, par exemple :

{ * 0î3 ¥ ŒEEMS

Suten seket Ra-user-ma-sotep-en-Ba se Ra Bamessu meri Amun.

Roi de la Haute et de la Basse -Egypte, RausermasotepenRa

Sis du Soleil Bamessu merl Amun.

Cartouches royaux du pharaon Ramsès II.

L’écriture hiéroglyphique était employée dans les inscriptions et aussi dans quelques papyrus religieux, comme, par exemple, dans le Livre des morts. Mais comme elle était d’une exécution toujours difficile, on adopta une écriture cursive dérivée des hiérogyphes et appelée écriture hiératique. Elle est employée dans presque tous les manuscrits à partir de l’Ancien Empire. Enfin, vers l’époque saïtique, en continuant encore l’usage de l’hiératique, on introduisit, surtout pour les documents privés, une forme d’écriture plus abrégée, à laquelle on donna le nom d’écriture démotique ou populaire.

II. grammaire. — La grammaire égyptienne est bien simple, et elle a des relations étroites avec la grammaire des langues sémitiques, comme, par exemple, l’hébreu, surtout pour l’usage des pronoms personnels et des possessifs. — 1° Article et pronoms. — 1. Article défini : singulier : pa (masculin) ; ta (féminin) ; pluriel : na (commun). — 2. Article indéfini : « a = un ; pa àtef, <s. le père ; » ta mât, « la mère ; » duel : na son-ui, « les deux frères ; » pluriel : na son-u, « les frères. » — 3. Particules de relation : em (de, en, a, du) ; en (du) ; en àtef, « du père ; » em son, « au frère ; » em per, « de la maison. » — 4. Pronoms personnels isolés : sing. : ànuk, « je » (comm.) ; entuk, « tu » (masc) ; entul, « tu » (fém.) ; entuf, « il ; » entus, « elle ; » plur. : anun, « nous » (comm.) ; entuten, « vous » (comm.) ; entusen, « ils » (comm.). — 5. Pronoms personnels sujets : sing. : 1™ pers., à (comm.) ; 2°, k (masc) ; t (fém.) ; 3e, /’(masc) ; s (fém.) ; plur. (comm.) : 1° pers., an ; 2°, ten ; 3e, sen. Celte série de pronoms sert pour former les possessifs après les substantifs ou après l’article défini, en intercalant une voyelle d’union, par exemple : pa-ik atef, « ton père » (de toi homme) ; pa-it mât, « ta mère » (de toi femme), etc. ; per- à, « ma maison ; » per-k, « ta maison » (masc) ; per-t, « ta maison » (fém.) ; per-f, « sa maison » (masc) ; per-s, « sa maison » (fém.). Cette série sert aussi pour la conjugaison des verbes, comme on le verra tout à l’heure. — 6. Pronom régime, qui sert dans la composition des phrases avec les verbes : sing. : Ire pers., ua (comm.) ; 2e, tu (comm.) ; su (masc) ; set (fém.) ; plur. (comm.) : 1™ pers., nu ; 2e, ten ; 3e, sen.

— 7. Pronoms démonstratifs : i™ série : àp, « ce ; » àpt, « cette ; » àpu, « ces ; » 2° série : pen, « ce ; » ten, « cette ; » nen, « ces. » — 8. Pronoms relatifs : sing. : enti, « qui » (comm.) ; plur. : entu, « qui. »

2° Le verbe. — Le temps simple du verbe consiste dans l’application de la série des pronoms personnels sujets à la racine verbale, très souvent avec l’intercalation d’une voyelle auxiliaire, par exemple : dr= faire ; sing. : ari-à, « je fais ; » ari-k, « tu fais » (masc) ; ari-t, « tu fais » (fém.) ; arif, « il fait ; » ari-s, « elle fait ; » plur. : ari-nu, « nous faisons ; » àri-ten, « vous faites ; » àri-sen, « ils font. » — Les temps composés sont formés avec la com-