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EGYPTE


K, 16. Salomon fit aussi le commerce avec l’Egypte et y acheta des chars et des chevaux. III Reg., x, 28-29 ; II Par., I, 16 ; IX, 28. Ce pays était alors divisé entre plusieurs princes ennemis. L’un d’eus, du temps de David, avait donné asile dans la partie de l’Egypte qui était sous sa dépendance à un ennemi d’Israël, l’Iduméen Adad, qui fit plus tard la guerre à Salomon. III Reg., xi, 15-22. Voir 1. 1, col. 166. C’est aussi en Egypte, auprès de Sésac, que se réfugia Jéroboam, pour échapper à la colère de Salomon, lorsque le prophète Ahias, voir t. i, col. 291, lui eut prédit que Dieu lui donnerait dix tribus. III Reg., xi, 28-40 ; Il Par., x, 2. — Lorsque la prophétie eut été réalisée sous fioboam, fils de Salomon, ce fut sans doute Jéroboam qui appela le pharaon Sésac (voir Sésac) en Palestine, afin de mettre le roi de Juda dans l’impossibilité de porter ses armes contre le royaume d’Israël. III Reg., xiv, 25 ; II Par., xii, 2-9. Sésac est le premier pharaon qui soit nommé par son nom dans l’Écriture. Voir Pharaon. Du temps d’Asa, roi de Juda, l’Éthiopien Zara entreprit, mais sans succès, avec les troupes égyptiennes, une campagne contre la Palestine. II Par., xiv, 9-13. Voir Zara.

Sauf l’allusion vague que font les soldats syriens à une alliance de Joram, roi d’Israël, avec les Égyptiens, IV Reg., vu, 6, il n’est plus désormais question de l’Egypte, dans l’histoire du peuple de Dieu, que vers les derniers jours du royaume d’Israël. De graves événements se sontaccomplis alors dans l’Asie antérieure.. À une époque fort ancienne, les royaumes des bords de l’Euphrate et du Tigre avaient été en rapport avec l’Egypte. Les pharaons y avaient conduit leurs armées en conquérants ; de gré ou de force, des relations de commerce s’étaient établies entre eux et les princes asiatiques ; puis les uns et les autres s’étaient renfermés chez eux, et les rapports avaient cessé. Mais maintenant l’Assyrie avait établi sa prépondérance sur les rives du Tigre, elle s’avançait menaçante vers l’ouest et vers le sud, et l’Egypte lui apparaissait comme une riche proie. Les malheureuses populations placées sur là route qui conduisait d’Asie en Afrique, incapables de résister aux rois de Ninive, tournaient leurs regards vers les pharaons et les appelaient à leur secours, puisqu’ils étaient intéressés, eux aussi, à les défendre et à barrer le chemin de leurs États aux redoutables Assyriens. C’est pourquoi Osée, le dernier roi d’Israël, afin d’échapper au joug de Salmanasar, roi d’Assyrie, appela à son secours le pharaon Sua. IV Reg., xvii, 4. Voir Sua. Mais alors, comme souvent plus tard, soit parce qu’ils ne se rendirent pas suffisamment compte du danger qui les menaçait eux-mêmes, soit par négligence ou par manque d’énergie, les Égyptiens ne secoururent pas efficacement leurs alliés. Malgré cette leçon, lorsque, après la chute de Samarie, le royaume de Juda n’eut plus devant lui aucune barrière qui put le défendre contre les attaques de l’Assyrie, il y eut toujours à Jérusalem un puissant parti en faveur de l’alliance égyptienne contre Ninive. Ce parti, lors de l’invasion de Sennachérib, comptait, pour triompher des Assyriens, sur Tharaca, roi d’Ethiopie et d’Egypte ; mais ce ne fut pas ce pharaon qui sauva le royaume de Juda, ce fut l’intervention divine. IV Reg., xix, 9 ; Is., xxxvii, 9. Voir Tharaca. Les prophètes, au nom de Dieu, s’élevèrent constamment contre l’alliance avec l’Egypte, et c’est la pensée qui remplit tous leurs oracles contre ce pays. Ose., vii, 11, 16 ; îs., xviii ; xix ; xx ; xxx, 2-5, 7 ; xxx, 1, 3 ; cf. xxxvi, 6, 9-10 ; Jer., ii, 16, 18, 36 ; ix, 26 ; xxv, 19 ; xxxvii, 4-6 ; xliii, 8, 13 ; xliv ; xlvi ; Lam., v, 6 ; Ezech., xvii, 15 ; xxix-xxxii ; Nahum, iii, 8-10. Malgré leurs protestations, non seulement les enfants de Juda comptaient sur . les secours de l’Egypte, mais plusieurs se réfugiaient dans ce pays. Jer., xxiv, 8. Après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, ils s’y rendirent en assez grand nombre, et ils y entraînèrent malgré lui Jérémie lui-même. Jer., xii, 17 ; xuii, 7-8 ; xuv, 1 ; IV Reg., xxv, 26. Josias fut

le seul roi de Juda qui se déclara contre les Égyptiens. Il essaya d’arrêter le pharaon Néchao dans sa marche contre l’Asie, mais il périt dans la bataille qu’il livra contre lui à Mageddo. IV Reg., xxiii, 29 ; II Par., xxxv, 20-24. Voir Néchao. Son fils Joachaz, qui lui avait succédé’sur le trône de Jérusalem, fut chargé de chaînes et emmené en Egypte par Néchao, qui fit régner à sa place un autre fils de Josias, Joakim. IV Reg., xxiv, 31-34 ; II Par., xxxvi, 3-4. Le pharaon ne tarda pas lui-même à être battu par le roi de Babylone, Nabuchodonosor, « et, dit le texte sacré, le roi d’Egypte (Néchao) ne sortit plus de son pays. » IV Reg., xxiv, 7. Pendant que Jérusalem était assiégée par Nabuchodonosor, le pharaon Éphrée essaya, mais inutilement, de lui porter secours. Voir Éphrée. C’est le dernier des pharaons mentionné dans les Saints Livres.

3° Après la captivité de Babylone. — Peu après la chute de l’empire de Chaldée, l’Egypte ne tarda pas à perdre son indépendance. Elle devint d’abord la proie des Perses, puis d’Alexandre et de ses successeurs. Sous ces derniers, les Juifs furent de nouveau à plusieurs reprises soumis aux nouveaux maîtres de l’Egypte. Les Lagides et les Séleucides se disputèrent souvent la Palestine et la Syrie ; le prophète Daniel, xi, avait prédit leurs compétitions, et les livres des Machabées y font plus d’une fois allusion. I Mach., i, 17-21 ; x, 51-57 ; xi, 1-13 ; II Mach., IV, 21 ; v, 1 ; ix, 29. Voir les articles sur les Piolémées. Sous leur domination, les Juifs s’établirent en grand nombre en Egypte, surtout à Alexandrie. Voir t. i, col. 355, 359. Cf. Esth., xi, 1 ; Eccli., Prol. ; II Mach., I, 1, 10 ; cf. Act., ii, 10 ; vi, 9. J. P. Mahaffy, The Empire of the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, p. 85-89, 216, 267, 353, 381. C’est probablement à Alexandrie et certainement en Egypte que fut composé et écrit en grec le livre de la Sagesse. — Le pays où les enfants d’Israël étaient devenus un peuple fut enfin visité par la Sainte Famille. Joseph et Marie s’y réfugièrent avec Jésus enfant, pour se mettre à l’abri de la fureur du roi Hérode. Matth., ii, 13-15, 19-21. Le lieu où ils habitèrent et le temps qu’ils y séjournèrent nous sont inconnus. — Dans l’Apocalypse, xi, 8, la grande ville (Rome sans doute) où gisent les corps des saints est appelée symboliquement l’Egypte.

VI. Bibliographie. — Outre lès sources grecques, déjà connues par les anciens orientalistes, nous possédons aujourd’hui des sources égyptiennes, c’est-à-dire les nombreuses inscriptions qu’on est maintenant en état de déchiffrer et qui sont réunies dans les différents ouvrages d’égyptologie. — 1° Les listes de pharaons que nous possédons, outre les célèbres listes grecques de Manéthon, sont les suivantes : Le papyrus royal de Turin, publié par J. G. Wilkinson (The fragments of the hieratic Papyrus at Turin, in-8°, Londres, 1851). — La première table d’Abydos, découverte en 1818, et conservée aujourd’hui au British Muséum. — La nouvelle table d’Abydos, plus complète, découverte en 1864 (fig. 535). Voir Mariette, Revue archéologique, 2e série, t. xiii, 1866, p. 73-99. — La table de Saqqarah, découverte en 1863 et publiée aussi par Mariette, Revue archéologique, 2 « série, t. x, 1864, p. 169-186. Elle est au musée du Caire. — 2° Collections principales des textes originaux : Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, 4 in-f », Paris, 1835-1845 ; Roselhni, Monuments dell’Egitloe délia Nubia, 3 in-f°, Florence, 1833-1838 ; R. Lepsius, Denkmâler aus Aegypten und Aethiopien, 12 in-f°, Berlin, 1850-1858 ; Select Papyri of the BHtish Muséum, Londres, 1844-1860 ; E. de Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques copiées en Egypte, in-4°, Paris, 1877-1879, etc. — 3° Ouvrages modernes principaux d’histoire égyptienne : E. de Rougé, Recherches sur les monuments qu’on peut attribuer aux six premières dynasties, in-4°, Paris, 1866, Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 6 iu-8%