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écriture hébraïque

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pas auparavant l’usage de l’alphabet, les Israélites le prirent durant leur séjour dans la terre de Gessen. Ignorant la langue des Égyptiens, Gen., xlii, 23, ils ne furent guère sans doute initiés aux hiéroglyphes. Ne se mêlant pas avec la population égyptienne, habitant près de la frontière, en contact avec des Chananéens, ils adoptèrent plutôt l’écriture phénicienne, qui servait à reproduire une langue voisine de la leur. D’ailleurs ils comptaient parmi eux, durant la persécution, des chefs d’équipe qui, sous les ordres des officiers royaux, surveillaient les corvées. Exod., v, 6, 10, 15. On les nommait Sôterim, c’est-à-dire « scribes ». Ils savaient écrire et ils notaient la présence de tous les ouvriers, la quantité de matériaux employés et la besogne accomplie. Les quatre derniers livres du Pentateuque nous fournissent d’autres renseignements qui montrent que les Israélites faisaient au temps de Moïse un usage fréquent de l’écriture. Sans

Jud., viii, 14. Lorsque la royauté fut établie en Israël, Samuel rédigea le pacte de la monarchie et le déposa auprès de l’arche. I Reg., x, 25. À partir de cette époque, l’usage de l’écriture fut très répandu. David et ses successeurs eurent auprès d’eux une sorte de secrétaire d’État, qui rédigeait et conservait les actes publics. Les annales du royaume furent tenues régulièrement depuis Salomon. Malheureusement nous ne possédons aucun document de ces temps reculés. Les plus anciennes inscriptions sémitiques sont seulement du ix" siècle avant Jésus-Christ. Nous pouvons suivre dès lors les modifications successives de l’écriture hébraïque.

3° Développement de l’écriture hébraïque. — Au moment où nous la trouvons, cette écriture est encore : presque identique avec l’écriture phénicienne. Cependant les deux alphabets se diversifient déjà dans deux sens divergents, qui donneront deux types différents. Lés diver 519. — Inscription phénicienne sur le bord d’une coupe en bronze dédiée a BaaI-Lebanon. Cabinet des antiques de la Bibliothèque nationale de Paris. — D’après le Corpus inscriptionum semiticaTUm, part. 1, 1. 1, pi. iv, n° 5.

Partie supérieure de-la coupe : n nsma rramnn m » fiab Srab jn> w niiï-bn mn iay rrannmp pDl. « … sôken de Qartahdast, serviteur de Hiram, roi des Sidoniens. Il a donné ceci a Baal - Lebanon, son seigneur, des prémices de l’airain… » — Petit fragment à gauche : « rwrnnp JDD 313, I …tob, Sôken de Qartahdast… » — Petit fragment a droite : >3TN pab Sy[38], « … [à Ba] al -Lebanon, son seigneur. »

parler des tables du Décalogue, gravées par Dieu lui-même, Exod., xxiv, 12 ; xxxi, 18 ; xxxii, 15 et 16, etc., Moïse écrit par ordre divin le récit de la victoire remportée sur Amalec, Exod., xvii, 14 ; les conditions de l’alliance avec le Seigneur, qu’il lut au peuple, Exod., xxiv, 4 et 7 ; la suite des campements depuis Ramessès jusqu’au mont Hor, Num., xxxiii, 2 ; le livre de la Loi, qu’il remit aux lévites et aux anciens. Deut., xxxi, 9. Cf. xxviii, 58 et 61 ; xxix, 20 et 27 ; xxxi, 19-26. Les noms des tribus d’Israël sont gravés surl’éphod d’Aaron. Exod., xxviii, 9-12. Une inscription se lit sur la lame d’or qui servait de coiffure au grand prêtre. Exod., xxviii, 36, et xxxix, 29. Les noms des tribus sont écrits sur douze verges. Num., xvii, 2. Le prêtre devait transcrire les malédictions lancées contre la femme adultère, et les effacer dans les eaux amères que l’accusée devait boire. Num., v, 23 et 24. Chaque Israélite était obligé d’écrire sur sa porte le Décalogue. Deut., vi, 9 ; xi, 20. Le mari qui répudiait sa femme était tenu de lui remettre un acte de divorce. Deut., xxiv, 1. Moïse ordonne au peuple d’écrire sur des pierres une partie de la législation, Deut., xxvii, 2-8, et cet ordre est exécuté après le passage du Jourdain. Jos., viii, 32. Une description du pays de Chanaan est écrite dans un livre pour préparer le partage entre les tribus. Jos., xviii, 6-9. Le renouvellement de l’alliance divine fut rédigé par Josué dans le volume de la Loi du Seigneur. Jos., xxiv, 26. Un jeune homme de Soccoth écrivit pour Gédéon les noms des notables de l’endroit.

gences se produisent sous l’influence de la rapidité du mouvement, qui amène la main à se soulever le moins possible, Le plus ancien spécimen du type phénicien est une inscription tracée sur le bord d’une coupe en bronze, qui a été découverte, vers 1876, dans l’île de Chypre, et qui est dédiée au dieu Liban (fig. 519). Le caractère archaïque de l’écriture oblige à placer cette inscription au plus tard à 800 ans avant notre ère. Quelques pierres gravées, telles que le sceau de Molokram, trouvé sous le pied d’un des grands taureaux ailés du palais de Khorsabad, appartiennent à la même période. Certaines inscriptions de Sardaigne, quoique plus récentes, reproduisent le même type. Dans les épigraphes tracées sur les jambes d’un des colosses du grand temple d’Ipsamboul, entre 650 et 595 avant notre ère (fig. 520), l’écriture phénicienne est en voie de transformation ; quelques lettres ont déjà la forme du phénicien classique. La stèle de Byblos offre l’exemple le plus remarquable de cette écriture de transition. La plupart des caractères y ont une tournure moderne. Les inscriptions les plus récentes (400-100 avant J.-C.) se rapportent à trois types bien distincts : le type sidonien, dans l’inscription du sarcophage d’Esmunazar, vers 380 ; le type cypriote, dont le sommet des lettres s’entr’ouvre, et le type carthaginois, dont l’écriture est plus légère et plus élancée. Par une dernière modification, l’écriture phénicienne aboutit en Afrique, sous la dominatioii romaine, à l’alphabet néo-punique. Ph. Berger, Histoire de récriture dans l’antiquité, Paris, 1891, p. 169-187.