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ÉCOLE


celle de la ville où ils habitaient. Le jour du sabbat, le maître pouvait surveiller la lecture des enfants et énoncer les premiers mots des chapitres que ses élèves devaient lire. Mais, en raison du repos sabbatique, il ne pouvait lire lui-même. Talmud de Jérusalem, Schabbath, i, 3, trad. Schwab, t. iv, 1881, p. 13 et 16. Nul célibataire, homme ou femme, ne devait exercer la profession d’instituteur. Talmud de Jérusalem, Qiddouschin, iv, 10 ; trad. Schwab, t. ix, 1887, p. 287 et 289. En somme, l’instruction primaire des jeunes Israélites se bornait à savoir lire et écrire et à répéter par cœur les passages essentiels de la Loi mosaïque.

IL Écoles supérieures des scribes. — Les scribes, dont il est si souvent parlé dans l’Évangile, tenaient des écoles où ils distribuaient aux jeunes gens, leurs disciples, et aux Israélites qui assistaient à leurs leçons, un haut enseignement religieux. Leur école était appelée

Les auditeurs restaient debout ; après la mort de Gamaliel seulement, ils purent s’asseoir. Quelquefois on comparait poétiquement les rangs d’auditeurs aux rangées des ceps dans une vigne, et on appelait l’école « la vigne ». Le mailre se tenait sur un siège élevé ou dans une chaire. Il exerçait sur ses élèves un très grand empire. Il se faisait nommer Rabbi, « mon maître. » Matth., xxiii, 7. Les rabbins prétendaient passer dans le respect et l’affection de leurs disciples avant les parents de ceux-ci. Talmud de Jérusalem, Baba Mecia’, ii, 11, trad. Schwab, Paris, 1888, t. x, p. 99. « Le respect de ton maître touche au respect de Dieu. » Pirké Aboth, xiv, 12. Les rabbins prenaient partout la première place et se faisaient saluer jusqu’à terre par leurs disciples. Matth., xxiii, 6 et 7 ; Marc, xii, 38 et 39 ; Luc, xi, 43 ; xx, 46. Leur enseignement était gratuit, et ils exerçaient tous un métier qui leur permettait de gagner leur vie. Cependant quelques 516. — École grecque. À droite, leçon d’écriture ; à gauche, leçon de musique. — Le pédagogue, qui a conduit le Jeune Greo

il ses deux maîtres, est assis, a droite, sur nn siège ; il tient un bâton de la main gauche.

Coupe peinte de Duris. Musée de Berlin.

bet ha-midras, (’maison de recherche ou d’étude. » Ils y interprétaient l’Écriture et la tradition au point de vue légal ou juridique, suivant la méthode dite plus tard halaka. Ils faisaient de véritables cours de casuistique. Les réunions avaient lieu spécialement le jour du sabbat, après le service au temple ou à la synagogue. Elles se tenaient dans un des parvis ou dans une salle intérieure du Temple, ou à la maison d’école, quelquefois en plein air. D’après le Pirké Aboth, les hommes de la Grande Synagogue auraient dit : « Formez beaucoup d’élèves. » Par application de cet ordre et sous l’influence du mouvement d’idées qui accrut leur importance, les scribes multiplièrent les écoles. Ils avaient une haute estime de leurs fonctions. « On trouve l’Éternel dans les maisons d’étude aussi bien que dans les temples, » disaient-ils. Les hommes d’étude contribuent à la paix de l’univers. R. Nechounia ben Hakana faisait une courte prière en entrant à l’école et en en sortant. À l’entrée, il demandait de ne pas s’irriter contre ses disciples et de ne pas leur fournir de sujet d’irritation contre lui ; il demandait surtout de ne pas se tromper dans son enseignement, aCn de n’être pas méprisé en ce monde et en l’autre. A la sortie, il remerciait Dieu de son sort ; car il préférait fréquenter les écoles et les synagogues plutôt que les théâtres et les cirques. Talmud de Jérusalem, Berakhoth, trad. Schwab, 1. 1, Paris, 1871, p. 80-81, 97 et 176.

uns prenaient un salaire, mais c’était seulement en raison du dérangement que l’enseignement apportait à leurs occupations ordinaires. Talmud de Jérusalem, Nedarim, iv, 3, trad. Schwab, t. viii, 1886, p. 190. Ils exigeaient de leurs élèves une bonne mémoire et une grande fidélité à répéter leurs leçons. Chacun doit enseigner dans les termes mêmes dont son maître s’est servi. Le plus bel éloge d’un élève était de le comparer à une citerne enduite de ciment, qui ne perd pas une goutte de ses eaux. Cf. Talmud de Jérusalem, Haghiga, trad. Schwab, t. vi, 1883, p. 271-272. Comme chaque docteur avait son enseignement propre, des discussions s’élevaient souvent à la maison d’école et dégénéraient parfois en injures et en coups.

Les rabbins rattachent les écoles des scribes à la Grande Synagogue par l’intermédiaire de Siméon le Juste et d’Antigone de Soccho, et ils mentionnent, depuis les Machabées jusqu’à Hérode le Grand, une double série non interrompue de docteurs de la Loi, des zougoth, « couples, » de chefs d’écoles. Ces duumvirs sont José ben Joéser et Joseph ben Jochanan ; Josué ben Perachia et Nittaï d’Arbelles ; Siméon ben Schétach et Juda ben Tabbaï ; Schemaïa et Abtalion ; Hillel et Schammaï. Nous ne savons presque rien sur leur histoire, et Josèphe ne les nomme même pas, sauf les derniers. Ilillel s’instruisit à l’école de Schemaïa et d’Abtalion.