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ÉCHO — ÉCLIPSE


une ou plusieurs fois, et lieu où se produit cette répétition du son. L’écho est mentionné par l’auteur du livre de là Sagesse, xyn, 18, dans sa description de la plaie des ténèbres en Egypte. Cette plaie, dit-il, avait tellement effrayé les Égyptiens, que tout devenait pour eux un sujet de nouvelle terreur, même l’écho, àvTavaxXw[iÉviri èx xoi-Xotixtuv (xotXdTTjToç, Deane, The Book of Wisdom, in-4°, Oxford, 1881, p. 101, 208) ôpéwv fix**" ; * l’écho répercuté du creux des montagnes. » La Vulgate n’a pas rendu rigoureusement tous les mots grecs ; au lieu de traduire : « du creux des montagnes, » elle dit : « des montagnes très hautes. » — Les Septante ont employé le mot -Jj^û dans deux autres passages de leur version, mais sans qu’il soit question d’un écho proprement dit dans le texte original. III (I) Reg., xviii, 41 (hébreu : hâmôn, « bruit » ), et Job, iv, 13 (hébreu : liazôn, « vision » ).

F. Vigouroux.

    1. ECLAIR##

ECLAIR (hébreu : bârâq, et une fois bâzâq, Ezech., I, 14 ; poétiquement, ’ôr, « lumière, » Job, xxxvi, 32 ; xxxvii, 3, 4, 11, 15 ; liâzîz, « trait, » Job, xxviii, 26 ; xxxviii, 25 ; Zach., x, 1 ; liés, « flèche, » Ps. xvii, 15 ; Hab., iii, 11 ; Septante et Nouveau Testament grec : âorpami ; Vulgate : fulgur), vive lumière produite par le dégagement de l’électricité atmosphérique. — Les éclairs sont fréquents en Palestine, surtout en automne. La Sainte Écriture parle de l’éclair dans un certain nombre de passages, à l’occasion des phénomènes atmosphériques qu’il accompagne. Voir Tonnerre. D’autres fois l’éclair est pris pour la foudre elle-même. — 1° Il est fait mention de l’éclair dans les théophanies où Dieu apparaît entouré de toutes les puissances de la création, comme au Sinaï. Exod., xix, 16. L’éclair accompagne les manifestations de la justice divine. Exod., ix, 23 ; Il Reg., xxii, 15 ; Ps. xvii, 15 ; i.xxvi, 19 ; xcvi, 4 ; cxliii, 6 ; Nahum, i, 3-6 ; Zach., ix, 14 ; Apoc, iv, 5 ; viii, 5 ; xi, 19 ; xvi, 18. — 2° L’éclair est un phénomène naturel qui excite l’admiration de l’homme. Job, xxxvii, 15 ; Dan., m, 73. Sa rapidité est merveilleuse. Job, xxxviii, 3, 4, 11 ; Matth., xxiv, 27 ; Luc, x, 18 ; xvii, 24. Sa lumière est si éblouissante, qu’on lui compare les objets les plus brillants. Ezech., i, 13, 14 ; Nah., ii, 4 ; ïlabac, iii, 11 ; Dan., x, 6 ; Matth., xxviii, 3. L’éclair est ordinairement suivi d’une abondante chute de pluie. Ps. cxxxiv, 7 ; Jer., x, 13 ; Ll, 16. — 3° Ce n’est pas l’homme qui commande à l’éclair. Job, xxxviii, 35. C’est Dieu seul qui le fait briller et le dirige, et l’éclair lui obéit. Job, xxviii, 26 ; xxxvi, 32 ; xxxviii, 35 ; Zach., x, 1 : « le Seigneur donnera frtïzîzîm, » les éclairs ; Septante : çavrccafaç ; Vulgate :

nives ; Bar., vi, 60 ; Sap., v, 22.

H. Lesêtre.
    1. ECLIPSE##

ECLIPSE, occultation momentanée, soit partielle, soit totale, de la lumière du soleil ou de la lune. Quand le soleil, la terre et la lune arrivent à se trouver exactement sur la même ligne droite, une éclipse de soleil peut se produire si la lune est placée entre cet astre et la terre ; on a, au contraire, une éclipse de lune si la terre se trouve entre les deux autres astres. L’éclipsé est partielle ou totale pour un point donné de la terre, suivant que l’astre interposé cache en partie ou en totalité la lumière envoyée à la terre par le soleil ou par la lune. Les anciens Égyptiens ne savaient pas se rendre compte du phénomène des éclipses. L’éclipsé de soleil était à leurs yeux le résultat d’une attaque du serpent Apôpi contre Rà, le dieu-soleil. Ils ne savaient pas prédire le Tetour de ces éclipses solaires ; mais, quand elles se produisaient, ils cherchaient à venir en aide au soleil en effrayant le monstre Apôpi par leurs cris et le bruit de toutes sortes d’instruments et d’ustensiles. La lune avait également ses ennemis qui la guettaient, le crocodile, l’hippopotame, la truie, constellations qui faisaient courir les plus grands périls à l’astre des nuits vers le quinzième jour de chaque mois, et qui parfois l’avalaient gloutonnement, mais étaient obligés par les dieux à le rendre.

Les Chaldéens possédaient des notions plus précises sur la nature des éclipses et sur les lois qui régissent ces phénomènes. Les nombreuses observations faites chez eux de longue date sur l’état du ciel leur avaient permis de découvrir la période de deux cent vingt-trois lunaisons, au bout de laquelle les éclipses lunaires se reproduisent dans le même ordre. Ils prédisaient donc ces dernières, sinon à coup sûr, du moins avec un succès habituel. Il n’en était pas de même pour les éclipses de soleil. Les éclipses de lune sont visibles de tous les points de la terre d’où l’on peut apercevoir la lune ; les éclipses de soleil, au contraire, tout en ayant la même périodicité et une plus grande fréquence, n’affectent pas toujours le même point du globe terrestre. Aussi, comme les observations des Chaldéens étaient nécessairement locales, par conséquent très incomplètes, les astronomes de ce pays ne pouvaient saisir la loi qui préside à la périodicité de ces phénomènes. Ils prédisaient néanmoins les éclipses solaires, qui précèdent ou suivent à environ quatorze jours et demi d’intervalle une éclipse lunaire ; mais leurs prédictions ne se réalisaient pas toujours, au moins pour la contrée où ils vivaient. Cf. Oppert, dans le Journal asiatique, 1871 ; t. xviii, p. 67 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 91-93, 776. — L’hébreu n’avait aucun mot spécial pour désigner les éclipses. L’Écriture ne s’en est occupée que pour y faire allusion directement ou indirectement. Il en est question dans plusieurs passages. — 1° Amos, IV, 13, dit que le Seigneur « change l’aurore en ténèbres », ce qui s’entend plus naturellement d’une éclipse que d’un temps couvert (Septante : « il fait l’aurore et l’obscurité ; » Vulgate : faciens malutinam nebulam).

— 2° II dit encore, viii, 9 : « Le soleil se Couchera en plein midi ». La comparaison des ténèbres qui succèdent inopinément à la clarté du soleil semble empruntée au phénomène des éclipses, et figure l’adversité succédant tout d’un coup à la prospérité. On a supposé qu’Amos faisait allusion à une éclipse totale de soleil qui fut visible à Jérusalem, un peu après midi, le 9 février 784 avant J.-C, ou à une autre éclipse qui se produisit le 6 août 803 ; mais rien ne prouve que le prophète ait en vue une éclipse spéciale. J. Knabenbauer, Comment, in proph. min., t. i, 1886, p. 324. — 3° Joël, ii, 32, décrivant les signes précurseurs de la venue du Seigneur, dit que « le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang », c’est-à-dire qu’elle prendra cette teinte d’un rouge obscur qu’elle a durant les éclipses. Ces phénomènes inspiraient toujours l’effroi aux anciens ; c’est pour cela que le prophète les range au nombre des signes terribles de la venue de Dieu. — 4° Michée, iii, 6, annonce qu’en punition des péchés du peuple, « le jour sera obscurci. » Certains commentateurs ont pensé qu’il s’agissait là de l’éclipsé de soleil qui eut lieu le 5 juin 716 avant J.-C, et dont il est question dans Denys d’Halicarnasse, ii, 56 ; mais c’est là une hypothèse sans fondement. Le prophète s’exprime métaphoriquement, et il est même douteux que sa métaphore soit empruntée à une éclipse. — 5° Il en est de même du passage de Zacharie, xiv, 6 : « En ce jour, il n’y aura pas de lumière. » — 6° On doit également expliquer au sens figuré l’expression de Jérémie, xv, 9 : « Son soleil s’est couché pendant qu’il était encore jour. » Le soleil est ici l’image de la vie, qui, comme dans une éclipse, s’éteint prématurément. On ne doit donc pas voir dans ce prophète la mention de l’éclipsé du 30 septembre 610, dont Hérodote, i, 74, 103, a conservé le souvenir. — Les ténèbres qui se produisirent à la mort de Notre -Seigneur, Matth., xxvii, 45 ; Marc, xv, 33 ; Luc, xxiii, 44, ne furent point l’effet d’une éclipse de soleil. On célébrait alors la Pàque juive, et par conséquent on était au quatorzième jour de la lune, c’est-à-dire à la pleine lune. Exod. xii, 6. Or la pleine lune est l’époque possible des éclipses de lune, parce qu’alors la terre se trouve placée entre cet astre et le soleil ; les éclipses de