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    1. ECCLÉSIASTIQUE##

ECCLÉSIASTIQUE (LE LIVRE DE L’)

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XX, 29, 30 ; xli, 14, 15, etc, sans qu’on puisse s’expliquer ces répétitions autrement que par la multiplicité des collections, dans certains jugements en apparence contradictoires, etc. Cette opinion remonte pour le fond jusqu’au Pseudo-Athanase, l’auteur de la Synapse de la Sainte Écriture, t. xxviii, col. 1377. Elle peut être soutenue comme la première.

V. Langue originale et histoihe du texte. — L’auteur du Prologue de l’Ecclésiastique déclare que son grand-père avait écrit son livre en hébreu : iêpaïml. Son témoignage est pleinement confirmé par la découverte faite, en 1896, de plusieurs chapitres du texte original. Au Ve siècle, saint Jérôme, Prsef. in lib. Saloni., t. xxviii, col. 1242, avait eu entre les mains le texte hébreu de l’Ecclésiastique. Ce même texte avait été cité aux v « et VIe siècles par divers rabbins ; au vu » et au vm « par les Midraschim ; au IXe par R. Nathan ; au Xe par un gaon de Dagdad, R. Saadyah († 919). À partir du x" siècle, on n’en trouvait plus de trace. Dans un voyage en Palestine fait en 1896, M m8 Agnès Smith Lewis et M me Gibson, sa sœur, firent l’acquisition d’un certain nombre de manuscrits hébreux, la plupart fragmentaires. Au mois de juin 1896, elles les remirent à- M. Schechter, professeur d’hébreu rabbinique à l’université de Cambridge, qui y découvrit deux pages du texte original de l’Ecclésiastique correspondant à Eccli., xxxix, 15-xl, 6. — Presque en même temps un nouveau fragment plus considérable du même manuscrit était arrivé d’une synagogue juive du Caire à Oxford par l’intermédiaire du professeur Sayce. Il correspond à Eccli., xl, 9-xlix, 11. (Voir, fig. 511, le fac-similé des folios 1, recto, et 9, verso, du Bodleian Ms. du texte hébreu de l’Ecclésiastique, reproduits avec autorisation. ) M. Suhechtêr a retrouvé en 1897 dans la même synagogue du Caire une autre partie notable du texte hébreu. D’après M. Neubauer, sousbibliothécaire de la Bibliothèque Bodléienne, à Oxford, le manuscrit remonte au plus tôt à la fin du XIe siècle : il a été probablement composé à Bagdad ou en Perse. Cette dernière conclusion s’appuie sur l’existence de quelques indications qu’on lit dans le manuscrit et’qui sont rédigées en persan. On y remarque aussi un certain nombre de notes marginales qui ont dû être empruntées à des copies différentes. Les variantes proviennent en général d’une série de manuscrits assez bien conservés et présentant souvent la meilleure leçon. Quant au texte (et à quelques rares variantes), il appartient à une famille de manuscrits beaucoup plus altérés. Le manuscrit qui a fourni le texte peut provenir des communautés juives de Babjlonie ; les manuscrits auxquels sont empruntées les variantes peuvent être palestiniens d’origine.

Ben Sirach a écrit en hébreu classique. Sa syntaxe ne renferme aucune trace des constructions particulières au néo-hébreu. Toutefois on rencontre çà et là des expressions et des mots récents ou araméens. Le style, souvent aisé et coulant, est meilleur que celui des Chroniques ou Paralipomènes, etc. Le lexique renferme aussi des particularités : mots anciens employés en des sens nouveaux, verbes à des formes inconnues, expressions que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans la Bible.

VI. Version grecque. — Elle a été faite par le petit-fils de l’auteur ; son nom est inconnu ; une tradition ancienne, mais de peu de valeur, lui donne le nom de Jésus fils de Sirach, comme à son grand-père. — La version grecque de l’Ecclésiastique, pas plus que le texte hébreu, n’a été exempte des altérations auxquelles donnent lieu les transcriptions fréquentes des copistes. La comparaison des manuscrits nous fournit de nombreux exemples de ces corruptions : changement de cas, substitutions de noms ou d’adjectifs, suppressions de mots, parfois de vers entiers, interversion dans l’ordre des mots, déplacement de phrases et de distiques. Voici, d’après Westcott, toute une série de passages qui figurent dans le Codex Atexandrinus, le Codex Vaticanus et l’édition de Cam plute, et qui manquent dans les meilleurs manuscrits : 1, 5, 7, 18’, 21 ; iii, 25 ; iv, 23^ ; vii, 2C ; x, 21 ; xii, 6 « ; xiii, ’25* ; xvi, 15, 16, 22 « ; xvii, 5, 9, 16, 17°, 18, 21, 23s 261> ; xviii, 2 b, 3, 27’, 33’; xix, 5'> > 6>, 131>, 14 « , 18, 19, 21, 25° ; xx, 3, l4 b, l7 b, 32 ; xxii, 9, 10, 23s xxiii, 3 « , 4 « , 5<>, 28 ; xxiv, 18, 21 ; xxv, 12, lfc ; xxvi, 19-27 ; l, 29>>. Parfois les désordres sont allés plus loin encore, et des chapitres entiers ont été bouleversés. Le tableau suivant, emprunté aussi à Westcott, donne une idée de ces changements :

Edit. Compl. lai. syr. E. V. Edit. Vat. A. S. C.

xxx, 25 xxxiii, 13, XapKpà-xa^ôss

y., t.), .

XXXI, XXXII XXXIV, XXXV.

xxxiii, 16, 17, Y)Yp-jjrïr, oa. xxxvii, $1-$20. xxxiii, 10 et suivants, ù ;

xa).a(i.(D ; j.eyo ; xxx, 25 et suivants.

    1. XXXIV##

XXXIV, XXXV XXXI, XXXII.

xxxvi, 1-11, çuXà ; ’laxiôo. XXXIII, 1-13. xxxvi, 12 et suivants, xaî

xaTîx).ï)pové(i.7|o<x xxxvi, 17 et suivants.

Les manuscrits ne suffisent pas toujours à rétablir la teneur primitive de la version grecque ; il faut assez souvent avoir recours à la conjecture critique.

Fritzsche, dans son commentaire sur l’Ecclésiastique, estimait qu’entre tous les manuscrits grecs le Codex Vaticanus était celui qui représentait le plus fidèlement le grec primitif. La comparaison que l’on peut établir entre ce Codex et les fragments hébreux paraît confirmer cette conclusion. Les autres codices portent des traces évidentes de relouches, de corrections après coup, et souvent par ailleurs ils sont plus altérés. Entre ces derniers toutefois, Fritzsche attribuait une importance toute spéciale au Codex 248 : ce manuscrit, corrigé d’après l’hébreu, a ceci de remarquable, que les corrections qu’il présente sont du même auteur et que plusieurs d’entre elles étaient déjà connues de Clément d’Alexandrie : ce qui montre que ce manuscrit représente un travail de correction déjà fort ancien, et est par conséquent précieux pour le rétablissement du texte hébreu.

En comparant le grec avec les fragments hébreux, on remarque que la traduction est en général plus conforme aux variantes qu’au texte ; et quand elle s’écarte de ces variantes, c’est souvent pour suivre une leçon hébraïque meilleure. Ce n’est pas à dire que la version reproduise toujours fidèlement la variante ou l’autre leçon ; mais même si la traduction est fautive, on peut reconnaître la leçon qui lui a donné naissance et conclure que la version grecque représente un texte moins altéré que les meilleurs d’entre les manuscrits dont les particularités sont consignées dans les fragments hébreux.

D’ailleurs la traduction est généralement fidèle ; le petit-fils de Ben Sirach connaissait la langue hébraïque et la langue grecque assez bien pour que son travail ne laisse pas trop à désirer de ce chef. Il traduit servilement, rendant chaque mot dans l’ordre où il se trouve dans le texte ; les exemples de traduction large sont rares en somme. Les différences qui existent entre le texte et les versions sont dues à des lectures différentes, quelquefois meilleures que celles du texte hébreu nouvellement découvert. En un mot, cette version présente des ressources très précieuses, pourvu qu’on sache, en la consultant, user de toutes les précautions que suggère la critique et ne donner qu’à bon escient créance aux renseignements qui portent sur de petits détails.

VII. Version latine. — Des auteurs tels que Cornélius a Lapide, Sabatier, G. Bengel, frappés des divergences qui existent entre le grec et le latin, ont prétendu que la version latine avait été faite sur l’hébreu. Celte hypothèse, contre laquelle de Wetle, B. Welte et Westcott n’avaient pas osé se prononcer, était regardée par Fritzsche comme inadmissible et contraire à toutes les vraisem-