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EAU DE JALOUSIE — ÉBAL


roither, Histoire de l’Église, trad. Bélet, Paris, 1886, " t. iii, p. 156-159. Mais si Moïse avait voulu se contenter d’une menace, il n’aurait pas présenté comme certain l’effet de la malédiction ; or il proclame sans restriction que la maladie annoncée se produira si la femme est coupable, tandis qu’au contraire, si cell^-ci n’a rien à se reprocher, elle n’éprouvera aucun mal et aura des enfants. Num., v, 27, 28. Josèphe, Ant. jud., III, xi, 6, dit formellement de la femme adultère qu’à la suite de l’épreuve « elle subit une mort ignominieuse, la jambe lui tombant et l’eau remplissant son ventre ». D’après la Mischna, Sotah, iii, 4, l’effet de l’eau maudite pouvait se faire attendre un, deux ou trois ans. — Il est de toute évidence que Moïse n’entend pas attribuer à l’eau de jalousie la production de la maladie. Celle-ci ne peut être due qu’à une intervention directe de la justice divine. Cette intervention s’est manifestée sous trop de formes diverses, dans l’Ancien Testament, pour qu’on puisse en contester la possibilité, ni surtout en nier la réalité quand la Sainte Écriture l’affirme ou la suppose. Il est à remarquer toutefois que le cas prévu par la loi mosaïque n’a pas dû se produire très fréquemment. Le plus souvent l’adultère, déjà rare par lui-même à raison de la grave pénalité qui le frappait, était manifeste ; ou bien la femme coupable avouait, plutôt que d’encourir la honte d’être traînée publiquement devant les prêtres et d’ajouter un parjure à son premier crime. Le rite mosaïque devait donc s’accomplir le plus souvent en faveur d’épouses injustement soupçonnées. Il est possible aussi que l’Intervention divine, primitivement constatée dans les anciens temps, ne se soit plus produite aussi rigoureusement par la suite, quand d’autres lois graves, par exemple celle de la peine de mort portée contre l’adultère, tombaient elles-mêmes en désuétude ou cessaient de pouvoir être appliquées. Dans les derniers temps, les rabbins s’appliquèrent d’ailleurs à restreindre l’application de cette prescription, en opposant certaines difficultés au témoignage de ceux qui faisaient planer un soupçon d’adultère sur une femme, en exemptant de l’épreuve de nombreuses classes de personnes, enlin en stipulant que le rite mosaïque ne pourrait être célébré qu’en présence du grand sanhédrin. Sotah, i, 4 ; vi, 2-5. Cf. Bàhr, Symbolik des tnosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 441-447.

H. Lesêtre.

3. EAUX DE CONTRADICTION (hébreu : Mê Meribah ; Septante : tô û8a>p àvtiXo-ft’oç ; Vulgate : Aquse contradietionis ), nom d’une des stations des Israélites au désert de Sin. — Parvenus près de Cadès, au désert de Sin, vers le nord-est de la presqu’île Sinaïtique, les Israélites se révoltèrent contre Moïse et Aaron, parce que l’eau leur faisait défaut. Le Seigneur commanda alors à Moïse de frapper un rocher avec sa verge, afin d’en faire jaillir l’eau. Moïse frappa le rocher par deux fois. Ce double coup de verge impliquait certainement un manque de confiance de la part de Moïse, car le Seigneur l’en reprit et lui signifia qu’à raison de sa conduite en cette circonstance il n’introduirait pas le peuple dans la Terre Promise. Quant à l’endroit lui-même, il reçut du Seigneur le nom de Mê Merîbâh, c’est-à-dire « Eaux de la révolte », pour perpétuer le souvenir de l’ingratitude et du soulèvement des Israélites. Num., xx, 1-13, 24. La Sainte Écriture rappelle à plusieurs reprises cet événement. Num., xxvii, 14 ; Deut., xxxii, 51 ; xxxiii, 8 ; Ps. lxxx, 8 ; cv, 32 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28. Sur le site de Mê Merîbàh, voir plus haut, col. 15-22.

— Déjà, au commencement du voyage, une scène analogue s’était produite près de Raphidim, au nord du Sinaï, vers lequel les Hébreux se dirigeaient à ce moment. L’eau manquant, Moïse avait reçu l’ordre de frapper dé sa verge le rocher d’Horeb, et, en souvenir des murmures du peuple, l’endroit avait reçu le double nom de Massâh û-Meribâh, Massah et Meribah, c’est-à-dire « Tentation et Révolte ». Exod., xvii, 1-7. Cf. Deut., vi, 16 ;

rx, 22 ; Ps. xcv (xciv), 9 ; cf. Hebr., iii, 8. Quelques auteurs ont voulu voir dans ces deux récits une double narration d’un même fait. Mais la Sainte Écriture les distingue nettement l’un de l’autre. Près de Raphidim, la localité reçoit deux noms : Massa et Meribali, IIsipairiiô ; xai AotSâpi)niç (la Vulgate ne reproduit que le premier nom, Tentatio), près de Cadès, elle ne reçoit que le nom de Meribah, et, pour bien le distinguer du premier, le texte sacré a soin d’y ajouter la mention « près de Cadès ». Num., xx, 13, 21 ; Deut., xxxiii, 8, etc. D’autre part, il n’est nullement étonnant que, dans un pareil désert, on ait manqué d’eau à plusieurs reprises, et que, pour en procurer à son peuple, Dieu ait accompli par deux fois le même miracle. Le rocher de Massa et Meribah se trouvait à Raphidim, dans l’ouadi Feiran actuel (voir Raphidim), mais on a essayé en vain de le retrouver ; celui que les moines grecs du couvent du mont Sinaï montrent aux pèlerins n’est pas dans la région où le place l’Exode. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 482-486.

H. Lesêtre.

ÉBAL (hébreu : ’Êbâl), nom d’un Jectanide, d’un Horréen et d’une montagne de Palestine.

1. ÉBAL (hébreu : ’Ôbâl, Gen., x, 28 ; ’Êbâl, I Par., i, 22 ; Septante : EùdA, Gen., x, 28 ; TeiJiiâv, I Par., i, 22 ; omis dans ce dernier passage par le Codex Valicanus ; Vulgate : Ebal, Gen., x, 28 ; Hebal, I Par., i, 22), huitième fils de Jectan, descendant de Sem. Gen., x, 28 ; I Par., i, 22. L’orthographe du nom offre des variantes dans le texte primitif et les versions. Ainsi la Genèse écrit : Sa^y, ’Obâl, suivie en cela par la paraphrase chal daïque, les versions syriaque et arabe. Le texte des Paralipomènes, I, 22, porte ba>y, ’Êbâl, imité par la Vulgate ;

on trouve cependant onze manuscrits avec’Obâl. Cf. B. Kennicott, Vet. Testam. heb. cum variis lect., Oxford, 1776-1780, t. ii, p. 644. Les manuscrits grecs ou sont incomplets ou donnent deux noms dissemblables, bien que la première lettre de F£|itàv représente le’aïn ou l’aspiration du mot hébreu. On lit "H6a).o ; dans Joséphe, Ant. jud., i, vi, 4. — Il s’agit ici d’une tribu arabe occupant le sud de la péninsule, mais dont le territoire n’est pas encore exactement connu. Bochart, , Phaleg, lib. ii, cap. xxjii, Cæn, 1646, p. 139-144, guidé par la similitude des noms, l’a identifiée avec celle des Avalites, habitant sur la côte africaine, au-dessous du détroit de Bab el-Mandeb, les environs du golfe appelé d’après eux Sinus Abalites ou Avalites, Pline, vi, 29 ; Ptolémée, iv, 7. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 189, l’assimile avec plus de vraisemblance aux Gébanites de Pline, vi, 32, établis à l’ouest du canton d’Uzal, sur les bords de la mer, avec Tamna pour capitale. Il est facile, en effet, de rapprocher les deux noms. Certaines éditions des Septante et quelques auteurs anciens ont Vmil au lieu de’Êbdl. Même en maintenant l’orthographe hébraïque, on explique par de nombreux exemples la transformation de 1’'aïn en y : c’est ainsi que’Azzâh est devenu Tàja ; ’Amôrâh, rôjioppa ; Sô’dr, Sd-fopa ; Ra’mâh, ’Peyh « i etc. Le mont’Êbâl, qui s’écrit exactement de même, est appelé Taiêik par les Septante, Deut., xi, 29 ; Jos., viii, 30, 33 (Voir Hébai.). D’un autre côté, rien de plus commun que la permutation entre les lettres l et n. On peut donc admettre sans trop de difficulté cette assimilation : ’Êbâl = Geban - Use. Telle est l’opinion de Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1881, t. i, p. 285. Ébal représenterait ainsi une tribu du sud-ouest de l’Arabie ; ce qui d’ailleurs concorde bien avec la situation ou certaine ou probable des peuplades sœurs, Aduram, Uzal, Décla. Voir Décla, Uzal. D’après Halévy, cité par A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 6e édit., 1892, p. 199, ’Abil est encore aujourd’hui dans le Yémen le nom d’un district et de plusieurs localités.