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DOTHAÏN — DRACHME


est livrée à la culture, mais la terre est mêlée de nombreuses pierres de construction de modeste appareil et d’innombrables fragments de poterie ; ce sont les témoins de l’existence d’une ville ruinée en cet endroit. Au pied du tell, au sud, au milieu d’un jardin planté d’orangers, de citronniers, de grenadiers, de figuiers, et entouré d’une haie de cactus, se dressent une blanche maison d’origine récente et un moulin. Non loin jaillit une source abondante ; une seconde, un peu plus bas vers le sud, forme un petit ruisseau qui, se dirigeant vers l’ouest, arrose un instant la plaine, puis se perd dans les terres. La verdure persiste assez longtemps en cet endroit, et c’est peut-être ici que les fils de Jacob faisaient paître leurs troupeaux, quand Joseph, leur frère, vint de la vallée d’Hébron pour prendre de leurs nouvelles. « Voici le rêveur, se dirent-ils, tuons-le et jetons-le dans une vieille citerne. — Ne le tuez pas et ne versez pas son sang, répliqua Ruben ; mais jetez-le en cette citerne, dans le désert. » Lorsque Joseph les eut rejoints, ils le dépouillèrent de sa robe aux diverses couleurs, et le déposèrent dans une vieille citerne qui n’avait point d’eau. Gen., xxxvii, 19-24. Les vieilles citernes ne font pas défaut à Tell-Dotàn, sur la colline, dans la plaine et les montagnes qui la bordent. La Société anglaise d’exploration, dans Map of Western Palestine in 26 sheets, Londres, 1880, sheet xi, en signale plusieurs, et l’on m’en a montré d’autres ; il n’est pas possible cependant d’assurer que c’est de l’une d’elles dont parle l’Écriture. Les frères de Joseph s’assirent ensuite pour manger, lorsqu’ils Virent venir des marchands ismaélites se rendant de Galaad en Egypte. Gen., xxxvii, 25. La route suivie par la caravane était selon toute apparence celle qui vient de la plaine d’Esdrelon, passe par Djénin et près des ruines de Bel-’àméh, traverse toute la plaine du nord-est au sud-ouest, pour s’engager dans les montagnes de la Samarie, près de Tell-Dotân, et se diriger vers la mer. Une seconde route vient d’Esdrelon, passe sous le village de Burqin, par une étroite vallée où en plusieurs endroits il est impossible à deux cavaliers de passer de front, traverse le Sahel’Àrrabéh, à l’ouest de l’autre chemin, et entre dans les montagnes non loin du village d"Arrabéh. Le grand prêtre Éliachim semble faire allusion spécialement à cette voie, dans sa lettre aux habitants des villes situées aux alentours de « la plaine qui est près de Dothaïn », pour les engager à garder les passages étroits par où l’on pouvait se diriger vers la Judée et pour en empêcher l’accès à l’armée du roi d’Assyrie, conduite par Holopherne. Judith, iv, 5-7. Si le Dotân actuel doit être identifié avec la Dothaïn biblique, « la plaine qui est prés de Dothaïn, » it), ï]<jiov Au>6ain, ne semble pas pouvoir être différente du Sahel’Arrabéh moderne. Les habitants de Béthulie, dont la ville.était située sur un des côtés de la plaine de Dothaïn, xxtà jtp<Suanrov toû neSCou toO ttXt]<yiov AwfJaiy, s’étant mis en état de résistance, les Assyriens s’avancèrent contre eux et inondèrent la plaine. L’armée d’IIolopherne se composait de cent vingt mille fantassins et de vingt-deux mille cavaliers, sans compter les captifs. Le Sahel pouvait les contenir facilement : dans sa longueur d’est à ouest, il a plus de dix kilomètres d’étendue, et n’en mesure guère moins de six du nord au sud : c’est une surface d’environ trente millions de mètres carrés. Le camp de l’ennemi s’étendit près de la fontaine qui est sous Béthulie, vraisemblablement Blr-Hasan (fig. 504), jusqu’à Dothaïn, jusqu’à Belma et jusqu’à Chelmon ou Kyamon. Judith, vii, 3 (grec et Vulgate). La plaine de Dothaïn devait être le théâtre d’une des plus grandes victoires remportées par le peuple de Dieu sur ses ennemis. La foi et le courage de Judith devaient en être l’instrument. Voir Béthulie, t. i, col. 1751. — Les documents font défaut pour déterminer l’époque de la ruine de Dothaïn ; du récit de Jean de Wurzbourg, cité plus haut, il semble qu’elle n’existait plus au xiie siècle en tant que localité habitée, L. IIeidet.

DOTHAN. La Vulgate écrit ainsi IV Reg., vi, 13, le nom de lieu qu’elle écrit ailleurs Dothaïn. Voir Dothaïn.

    1. DOULEUR##

DOULEUR (SIGNES DE). Voir Deuil.

    1. DOUZE##

DOUZE (LES) (o : ôwôexa), expression par laquelle les Apôtres sont plusieurs fois désignés par abréviation dans le Nouveau Testament, parce qu’ils étaient au nombre de douze. Matth., xxvi, 14, 20 (la Vulgate, Matth., xxvi, 20, ajoute le mot « disciples » ) ; Marc, iv, 10 ; vi, 7 ; ix, 35 (Vulgate, 31) ; x, 32 ; xi, 11, etc. ; Luc., viii, l ; ix, 12 ; xviii, 31 ; xxii, 3, etc. ; Joa., vi, 67 (Vulgate, 68), etc. ; Act., vi, 2. Après la mort de Judas Iscariote, les Apôtres sont désignés quelquefois sous ce nom : « les onze, » Luc, xxiv, 9, 33 ; mais l’habitude de les désigner par leur nombre primitif était alors si bien prise, qu’on les appelait aussi quelquefois « les douze », comme le fait saint Paul, I Cor., xv, 5, où l’expression serait inexacte, si elle n’avait pas été justifiée par l’usage : les Apôtres n’étaient, en effet, alors que onze ; mais la locution « les douze » désignait tous les Apôtres alors vivants. Voir R. Cornely, In priorem Epistolam ad Corinth., 1890, p. 454. (La Vulgate et quelques manuscrits grecs portent, I Cor., xv, 5, « les onze, » au lieu de : « les douze, » qu’on lit dans le textus receptus et dans la plupart des manuscrits grecs.) — Le nombre douze était comme un nombre sacré chez les Juifs, parce qu’il était celui des tribus d’Israël et aussi celui des mois de l’année. Il avait encore pour eux uue importance particulière à cause du système arithmétique des Chaldéens, qui était, au moins en partie, le système duodécimal. Les Hébreux, originaires de Chaldée, l’avaient conservé et l’appliquaient non seulement aux mois de l’année, mais aussi aux mesures. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., t. i, n° 188, p. 324. Voir Mesures et Nombre.

    1. DRACH Paul Auguste##

DRACH Paul Auguste, exégète français, d’origine juive, né à Paris, le 12 août 1821, mort dans cette ville le 29 octobre 1895. Après avoir étudié à Rome, au collège de la Propagande, il revint à Paris, où il reçut la prêtrise, en 1846, étant professeur au petit séminaire de Saint-Nicolas. Successivement vicaire à Clichy, à Boulognesur-Seine, à SaintMerry, à Saint-Jean-Saint-François, à Saiut-Médard, curé de Sceaux, il mourut chanoine de Notre-Dame de Paris. On a de lui : Épitres de saint Paul, introduction critique et commentaires, in-8°, Paris, 1871 ; Epitres catholiques de saint Jacques, saint Pierre, saint Jean, saint Jude, introduction critique et commentaires, in-8°, Paris, 1879 ; Apocalypse de saint Jean, introduction critique et commentaires, in-8°, Paris, 1879. O. Rey.

    1. DRACHME##

DRACHME (Spoexîiiî), monnaie grecque, en argent, d’un poids et d’une valeur variables suivant les époques, mais valant toujours un peu moins d’un franc de notre monnaie. — I. 1° Dans II Esdras, vii, 70, 71, 72, la Vulgate traduit par drachma le mot hébreu darkèmôn. Il s’agit là de dariques, voir Dariqtje. — 2° Dans II Machabées, xii, 43, il est dit que Judas fit une collecte destinée à offrir des sacrifices pour les morts, et dont le montant s’éleva à douze mille drachmes d’argent. — Dans le Nouveau Testament, Notre -Seigneur, voulant montrer combien est grande la joie que cause dans le ciel la conversion d’un seul pécheur, se sert de la parabole suivante : « Si une femme a dix drachmes et qu’elle en perde une, elle allume sa lampe et cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle retrouve la pièce de monnaie, et, lorsqu’elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et leur dit : Réjouissez-vous, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue. » Luc, xv, 8-9. Dans ces deux passages, il est question de la drachme proprement dite.

IL Le mot « drachme », que les Grecs faisaient venir du verbe Spi-rTojiai, et auquel ils donnaient le sens originaire de poignée de grains, Scholiaste de Théocrite, x, 14,