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DIVORCE — DOCH


cation. » Cette interprétation a été fixée sans retour par le concile de Trente, sess. xxiv, cap. 7. Cf. Fillion, Saint Matthieu, Paris, 1878, p. 371-374 ; Knabenbauer, Evang. sec. S. Matlhxum, Paris, 1892, t. i, p. 225-230 ; t. ii, p. 140-145 ; Hurter, Theologise dogmaticæ compendium, Innsprùck, 1879, t. iii, p. 458-463 ; Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, 2 in-8°, Gand, 1884, t. ii, p. 480-488. V. Le cas de l’Apôtre. — On donne ce nom à la décision donnée par saint Paul, I Cor., vii, 12-15 : « Si un frère a une épouse infidèle (c’est-à-dire n’appartenant pas à la foi chrétienne), et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la renvoie pas. Si une femme fidèle a un mari infidèle, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne renvoie pas son mari… Mais si l’infidèle s’éloigne, qu’il s’éloigne ; car ni un frère ni une sœur ne sont soumis à la servitude dans ce cas. » La servitude dont il s’agit est le lien matrimonial ; car telle est bien la servitude par excellence qui peut enchaîner un fidèle à un infidèle. Y a-t-il là une loi divine établie par Jésus-Christ et simplement promulguée par saint Paul, ou un privilège de droit humain formulé par saintPaul en faveur des Corinthiens, étendu ensuite à toute l’Église par l’autorité souveraine et impliquant un pouvoir de dissolution dévolu à cette autorité sur le mariage des infidèles ? Les théologiens discutent encore cette question, mais Benoît XIV, De synod., VI, iv, 3, est pour la première hypothèse. En vertu du principe posé par l’Apôtre, il est admis que le divorce n’est pas plus permis aux infidèles qu’aux autres ; que, quand l’un des deux époux devient chrétien, le mariage subsiste, à condition que la partie infidèle veuille vivre en paix avec le conjoint converti ; que, dans le cas contraire, le mariage est rompu, mais seulement au moment où le fidèle contracte une nouvelle union ; que la première union subsiste en droit, tant que le fidèle n’a pas contracté un nouveau mariage, même si l’infidèle en contracte un second ; que le fidèle ne peut cependant contracter une union nouvelle sans s’être authenliquement assuré que l’infidèle ne consent pas à vivre en paix avec son conjoint converti. Cf. Perrone, Prselect., t. IX, de matrimon. , ii, pr. 2 et 4 ; Gasparri, De matrimonio, Paris,

1893, t. ii, p. 244-277.

H. Lesêtre.
    1. DIZAHAB##

DIZAHAB (hébreu : Dizâhâb ; Septante : KaTotxP’Jiea ; Vulgate : ubi auri est plurimum), nom de lieu appartenant à la péninsule sinaïtique, mentionné une seule fois dans la Bible, Deut., i, 1, et de tout temps resté obscur. Les Septante et la Vulgale l’ont traduit en le décomposant d’après le chaldëen et l’hébreu : dî zàhâb, « qui a de l’or, doré, » ou « lieu de l’or ». Le Targum d’Onkélos a, comme la version latine, rapporté ces mots à Haséroth, avec une paraphrase relative au « veau d’or ». La Peschito en fait plus justement un nom propre ; dans le texte original, en effet, il est uni aux précédents par la conjonction vav, « et. » Il fait donc partie au même titre que Pharan, Thophel, Laban et Haséroth, des localités traversées ou habitées par les Hébreux avant leur campement dans les plaines de Moab, et désignées en abrégé dans le prologue du Deutéronome. Cependant on ne le trouve pas dans la liste des stations des Israélites au désert. Num., xxxiii. La courte énumération de Deut., i, 1, va en remontant la suite des stations, à partir des rives orientales du Jourdain jusqu’au Sinaï, ce qui place Dizahab au delà d’Haséroth, dont le nom survit encore aujourd’hui dans celui d’Ain el-Houdhérah, au nord-est du Djebel Mouça, sur la route d’Akabah. Aussi quelques auteurs, comme K. von Raumer, Palâstina, Leipzig, 1850, p. 443, l’identifient avec « les Sépulcres de concupiscence », qui viennent immédiatement avant dans la liste, Num., xxxiii, 17, et le mettent au sud-est d’Ain el-Houdhérah, à Dahab, sur le bord occidental du golfe Élanitique. Le lieu appelé en hébreu Qibrôt hatta’âvdh, « Sépulcres de concupiscence, » a été d’une manière plus vraisemblable

indiqué par les explorateurs anglais à Erouéis-el-Ebéirig, à quarante-huit kilomètres du Djebel Mouça. Mais, quoi qu’il en soit de l’assimilation proposée, un certain nombre de voyageurs et d’exégètes, à la suite de J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 523, ont cru reconnaître Dizahab dans le cap de Dahab (Mersa-Dahab ou Mina-Dahab, « havre d’or » ), que nous venons de mentionner. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1855, t. ii, p. 187, note 1 ; Gesenius, Thésaurus, p. 334. D’autres trouvent cette position trop loin vers le sud, et L. de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode et les Nombres, Paris, 1841, p. 8, rejette cette hypothèse comme fondée sur un trop faible rapport onomastique. Au fait, nous ne sommes ici que dans les conjectures, et l’on se demande en outre si ce chemin n’offrait pas aux Israélites de grandes difficultés. Cf. Keil, Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 409.

A. Legendre.

DOCH (grec : Atox ; dans Josèphe : Aiytiv). La forme originale hébraïque ou araméenne semble avoir été Dûq ou Dûqâ, mot conservé en syriaque avec le sens de spécula, scopus, « lieu de garde. » — Ce nom, qui ne se lit qu’une seule fois dans la Sainte Écriture, désigne un petit fort (munitiuncula, J-^uptonaTcov), bâti par Ptolémée, fils d’Abob et gendre du grand prêtre Simon Machabée. Cet homme, lisons-nous I Mach., xvi, étant constitué par son beau-père Simon gouverneur du district de Jéricho, « son cœur s’enorgueillit, et il voulut s’emparer de [tout] le pays ; et il méditait une trahison contre Simon et contre ses fils pour les perdre. » Simon étant venu à Jéricho avec ses deux fils Mathathias et Judas, « le fils d’Abob les accueillit avec perfidie dans un petit fort appelé Doch, qu’il avait fait bâtir, et il leur prépara un grand festin… Et quand Simon fut enivré, ainsi que ses fils, Ptolémée se leva avec les siens…, et ils le tuèrent, ainsi que ses deux fils et quelques-uns de ses serviteurs. » ꝟ. 13-16. C’est ainsi que périt Simon, le dernier survivant des Machabées, fils de Mathathias, au mois de sebât de l’an 177 de l’ère des Séleucides, c’est-à-dire en février 135 avant J.-C. — Peu de temps après, Ptolémée fut assiégé dans son fort de Doch par un troisième fils de Simon, Jean Hyrcan, dont la mère était aussi tombée aux mains de Ptolémée. La piété filiale, qui amena Jean à entreprendre ce siège, le força aussi de le lever bientôt ; car Ptolémée fit flageller la mère sur les murs, et menaçait de l’en précipiter toutes les fois que Jean se préparait à donner l’assaut. Quand celui-ci se fut retiré, Ptolémée n’en finit pas moins par faire périr la mère. Mais, ne se croyant plus en sûreté à Doch, il se réfugia au delà du Jourdain, chez Zenon Corylas, tyran de Philadelphie (’Amman). Ces détails nous sont donnés par Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 1 ; Bell, jud., i, ii, 3-4.

Des savants du moyen âge ont cherché le petit fort de Ptolémée à quelques lieues au nord de Jérieho. Ainsi Brocard, Descriptio Terrm Sanctee, ch. vii, dans UgClini, Thés, antiq. sacr., t. vi, col. mxlii, le place à une lieue de Phasellum (Phasaëlis, Khirbel Fasâil). Cette opinion est suivie dans les cartes de l’époque. Celle de Marino Sanuto, publiée par Tobler, Descriptiones Terne Sanctse, Leipzig, 1874, a un Dotum au nord-est de Phasaëlis. Une autre carte, de l’an 1300 environ, conservée à Florence et reproduite par Rôhricht, dans la Zeitschrift des deutschen Pâlastina-Vereins, 1891, t. xiv, pi. i, montre au même endroit une localité qu’elle appelle Dothaim ; mais avec cette légende : Hic captus fuit Simon Machabeus, qui évidemment n’a rapport qu’à Doch. Il nous semble donc qu’ils ont cherché le fort de Ptolémée à Dômeh, qui est à huit kilomètres ouest-nordouest de Khirbet Fasâil. D’après Conder, Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 387 ; t. iii, p. 173, ils auraient eu en vue la haute montagne appelée Qurn Sartabeh. Mais peu importe ; car, en tous cas, ils se sont, égarés trop loin vers le nord. En effet, le texte sacré nous