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DIVINATION


nius, Thésaurus, p. 1224 ; Rosenmûller, Ezeckiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 46 ; - Hoseas, 1812, p. 136 ; Bas alte und neue Morgenland, 1818, t. iv, p. 334 ; Hérodote, iv, 67 ; Tacite, Germ., 10. — La divination employée par le roi de Babylone comprend encore l’examen du foie des animaux. Cet examen est appelé r, naro(rxoirta par les Grecs, et extispicium par les Romains. Artémidore, Onirocril.,

II, 74 ; Hérodien, viii, 3, 17 ; Cicéron, De divinat., i, 16 ; il, 12, 13 ; Suétone, August., 95, etc. De l’état du foie des victimes se déduisaient certaines conclusions divinatoires. Diodore de Sicile, II, 29, atteste que l’hépatoscopie était en grand usage chez les Babyloniens. Quelques auteurs anciens ont pensé que les gâzzerin de Daniel, ii, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 11, étaient des hépatoscopes. La Vulgate traduit ce mot par aruspices, et Symmaque par 8ÛTa ; , « sacrificateurs. » Saint Jérôme, In Daniel., ii, t. xxv, col. 502, dit que les gâzzerin sont ceux qui examinent les entrailles des animaux pour en tirer des conjectures. Il est plus probable que ce nom désigne des astrologues. Voir 11°.

— Les conclusions que ces devins tiraient de leurs observations étaient aventureuses, ambiguës dans la forme, Ezech., xii, 24, et trompeuses dans le fond. Les prophètes insistent fréquemment sur ce point. Jer., xiv, 14 ; xxvii, 9 ; xxix, 8 ; Ezech-, xiii, 6, 23 ; xxii, 28 ; Mich.,

III, 6, 7 ; Zach., x, 2. Néanmoins les devins n’exerçaient pas leur art gratuitement. Num., xxii, 7. Michée, iii, 11, accuse les faux prophètes de faire de la divination à prix d’argent, de même que Sophocle, Antig., 1055, dira à son tour : tô (lavtixôv nav çiXàpYUpov YV °S> (< race de devins, race d’argent. » La même cupidité animait les devins de Chaldée. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 780.

5° Le nahas, le présage, l’augure, oiomapidç, augurium, omen, du piel de nâhas, faire la divination, oidivi’ÇeuÔai, ôpv.60<rxo7cstv, augurari. La traduction que les versions donnent du mot nahaS supposerait qu’il désigne la divination par l’observation du vol des oiseaux. Mais ce genre de divination, familier aux Grecs et aux Romains, Xénophon, Memor., i, 13 ; Ovide, Metam., v, 549, etc., ne paraît pas avoir été à l’usage des Orientaux, ou n’a été pratiqué que par des Juifs grécisants de la dernière époque. Quelques auteurs ont pensé que nahaS doit se rattacher à nâhas, « serpent, » et désigner la divination par les serpents ou opliiomancie. Voir Charmeur de serpents, col. 595. Mais le substantif nahaS vient beaucoup plus probablement du verbe nâhas, qui signifie au piel « murmurer, siffler comme le serpent », parce que dans leurs incantations les devins murmuraient leurs formules d’une voix sifflante. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 875. De fait, dans la Bible, nahas n’a jamais le sens d’ophiomancie. Ainsi Laban, déjà connu par ses terâfim, déclare qu’il a appris par nahaS, oîtovurâfiriv, expérimente ) didici, que la présence de Jacob lui est favorable. Gen., xxx, 27. Il a évidemment employé une pratique divinatoire quelconque pour savoir s’il devait permettre ou empêcher le départ de Jacob. La divination attribuée à Joseph est également appelée nahas, Gen., xliv, 5, 15, et, dans ce cas, il s’agit de culicomancie ou divination parla coupe. Voir Coupe, col. 1075 ; S. Augustin, De Civit. Dei, vii, 35, t. xli, col. 223 ; Rosenmûller, Das alte und neue Morgenland, t. i, p. 212. Balaam, qui consulte Dieu par le nahaS, Num., xxiv, 1, exerce la divination au moyen d’un holocauste de veaux et de béliers. Num., xxiii, 1, 2, 15. La divination ainsi nommée reparaît sous Achaz, IV Reg, , xvii, 17, et sous Manassé. IV Reg., xxi, 6 ; II Par., xxxiii, 6. Le mot nahaë est même pris dans le sens très général de bon augure. III Reg., xx, 33. Les augures sont trompeurs, comme toutes les pratiques analogues. Eccli., xxxiv, 5. Voir Augures.

6° Les keSâfîm, les incantations, que fait le devin kaîSaf, çapixoxô ; , maleficus. Les mekassefîm que Moïse trouve en face de lui à la cour du pharaon, Exod., vii, 11, sont des espèces de magiciens qui ne se contentent pas

de chercher les secrets de l’avenir, mais exécutent des prodiges. Voir Magie. Saint Paul, II Tim., iii, 8, nomme deux des principaux, Jannès et Mambrès. Cf. Pline, H. N., xxx, 2. Les pharaons comptaient au nombre de leurs officiers les plus importants les khri-habi, « hommes au rouleau » ou « maîtres des secrets du ciel », qui possédaient à fond toutes les recettes des devins, des prophètes et des magiciens. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 281. La divination du kassaf est aussi trompeuse que les autres. Jer., xxvii, 9. Les kesâfîm sont mentionnés comme employés par Jézabel, IV Reg., IX, 22 ; à Ninive, Nah., iii, 4 ; à Babylone, Is., xlvii, 12, et même à Jérusalem, d’où le Seigneur les bannira. Mich., v, 11.

7° La nécromancie, pratiquée par le’ôb. Le mot’ôb, qui tout d’abord signifie « outre », désigne aussi le nécromancien et l’esprit qui l’inspire. Ainsi est-il dit que Saùl a chassé les’ôbôf, les magiciens qui évoquent les morts, et qu’ensuite il cherche une femme ayant un’ôb, nû6wv, pytho. I Reg., xxviii, 3, 7, 9. Voir Évocation des morts. Manassé rassemble autour de lui des nécromanciens. IV Reg., xxi, 6 ; II Par., xxxiii, 6. Isaïe, viii, 19, parle des consultations qu’on leur adresse, et il montre Jérusalem désolée faisant entendre sa voix de terre, comme les’ôbôf. Is., xxix, 4. Les Septante traduisent ordinairement le mot hébreu par lYYa<rtpt(i.u90î, « ventriloques ; » Vulgate : magi, pythones. Beaucoup d’anciens devins se servaient de la ventriloquie pour abuser ceux qui les consultaient. Ils faisaient croire qu’ils voyaient les morts sans les entendre, tandis que leurs clients les entendaient sans les voir. Les traducteurs grecs se sont sans doute référés à cette supercherie quand ils ont vu dans les’ôbôf de simples ventriloques. Il est à remarquer que la nécromancie était à la fois une pratique de magie et un moyen de divination ; car, si l’on évoquait les morts, c’était pour obtenir d’eux la révélation de l’avenir.

8° La science du yîdd’onî, mot qui vient de yâda’, « savoir ; » YvuMrdjc, èitaoï’îo ;  ; ariolus. Les yedd’onim sont des espèces de sorciers qui rendent de prétendus oracles et que la Bible associe ordinairement aux’ôbôf. I Reg., xxviii, 3 ; IV Reg., xxi, 6 ; II Par., xxxiii, 6 ; Is., vm, 19 ; xix, 3, etc.

9° L’art du me’ônên. Le verbe’ônên (forme pohel), d’où vient ce mot, paraît désigner l’exercice de la divination sous diverses formes. Les Septante traduisent ordinairement par xXr)Sovi<j[i.ô ; , présage tiré de ce qu’on entend, x>7j-Stov ; une fois par opv160<jxoné&>, « observer les oiseaux, » Lev., xix, 28, et une autre fois par oîwvtirjia, présage tiré du vol ou du cri des oiseaux. Jer., xxvii, 9. La Vulgate traduit par augurari, augures, Is., ii, 6 ; lvii, 3 ; divinationes, Mich., v, 11, et ailleurs par observans somnia. On a donné à ce mot différents autres sens : le présage d’après les nuées, de’innên, « assembler les nuages ; » le mauvais œil, de’ayîn, « œil ; » l’observance des temps, etc. Le plus probable est que l’art du me’onên est une divination quelconque, ordinairement jointe à des pratiques idolâtriques. Le genre de divination qu’indique ce mot se rencontrait fréquemment en Syrie. On la signale chez les peuples de Chanaan, Deut., xviii, 14, et chez les Philistins. Is., ii, 6. Il est question, au temps d’Abimélech, Jud., ix, 37, d’un chêne des augures, me’ônenim, ainsi nommé probablement parce qu’on venait y chercher des présages. L’origine chananéenne des me-’ônenîm les rendait particulièrement odieux aux vrais Israélites. Isaïe, lvii, 3, appelle les impies « fils de devineresse », ’onenâh. Michée, v, 11, annonce que le Seigneur chassera ces devins du milieu de son peuple.

10° Le lahaS, de lâhaê, « siffler, » l’incantation imitant le sifflement du serpent. Elle sert à charmer les serpents. Eccle., x, 11 ; Jer., viii, 17. Voir col. 597, 2°. Isaïe, m, 3, nomme parmi ceux que le Seigneur chassera de Jérusalem le nebôn lahaS, « l’habile dans l’incantation, » qui se fait en sifflant doucement ; Aquila : tov auve-rôv ifiifluptup. j> i « l’habile au chuchotement ; » Vulgate : prur