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DIBON — DICTIONNAIRES DE LA BIBLE

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très reculée. Il n’y a que peu de traces de culture romaine. Cependant Schick y trouva une pierre marquée de deux croix. Et récemment Bliss, Expédition to Moab and Gilead, dans le Pal. Explor. Fund, Quart. Slatement, juillet 1895, p. 227-228, y a exploré une grande caverne naturelle, appelée Magaret Abu Nathi, où il a trouvé des niches sépulcrales et un sarcophage, et une autre chambre souterraine, dont les murs étaient bâtis en belles pierres de taille légèrement bossées, et ornés en haut d’une moulure romaine. J. van Kasteren.

2. DIBON, une des villes qui furent habitées par les Juifs après le retour de la captivité de Babylone. Il Esd., xi, 25. C’est vraisemblablement la ville de Juda appelée Dimona, Jos., XV, 22. Voir Dimona.

    1. DIBON GAD##

DIBON GAD (hébreu : Dibôn Gâd ; Aaiêwv râS), station des Israélites se rendant dans la Terre Promise, Num., xxxhi, 45, 46, identique avec Dibon. Voir DlBON 1, col. 1409.

DICTIONNAIRES DE LA BIBLE. Si Ion s’en tient à l’étymologie, un dictionnaire est un recueil des mots d’une langue ou des termes d’une science, rangés par ordre alphabétique et accompagnés de leurs différentes significations. Il a pour synonymes vocabulaire, glossaire ou lexique. Mais on appelle aussi dictionnaires des encyclopédies qui contiennent par ordre alphabétique des mots ou des matières tous les éléments d’une science ou d’un art. On a fait au sujet de la Bible des dictionnaires de ces deux sortes : les uns concernent les mots des langues dans lesquelles les Livres Saints ont été composés ; les autres sont des recueils alphabétiques des matériaux de la Bible. Voir Glose III, t. iii, col. 253.

I. Dictionnaires des langues saintes. — On pourrait en distinguer autant d’espèces qu’il y a de langues saintes. Mais comme les mots du chaldéen biblique sont en petit nombre et ont une grande ressemblance avec les termes hébreux, on les a ordinairement réunis à ces derniers. Nous n’avons donc à- parler que : 1° des dictionnaires hébreux et chaldéens de l’Ancien Testament, et 2° des dictionnaires grecs des Septante et du Nouveau Testament.

I. DICTIONNAIRES HÉBREUX ET CHALDÉENS DE L’ANCIEN

testament. — 1° Ces livres, qui sont maintenant d’un emploi universel et qui facilitent tant l’étude de la langue hébraïque, sont d’origine relativement récente. Les anciens n’en possédaient pas, et dans tout le cours du moyen âge les chrétiens n’eurent à leur disposition que deux opuscules de saint Jérôme, le Liber de nominibus hebraicis et le Liber de situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 771-928. Ces opuscules contiennent la série alphabétique des noms propres et des noms de lieux de chacun des livres de la Bible. Le premier n’est que l’édition latine d’un glossaire grec, commencé par Philon et continué par Origène. Le second est la traduction d’un écrit d’Eusèbe de Césarée. Saint Jérôme n’a donc pas fait un travail original. Aussi a-t-il conservé des étymologies singulières et des allégories fantaisistes, qu’il a rejetées et réprouvées dans ses autres ouvrages. Cf. R. Simon, Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. i, p. 301-310. — Les interprétations de saint Jérôme ont été retouchées et augmentées dans des glossaires hébreux-latins, hébreux-grecs-latins ou hébreux-français, dont il reste des spécimens du XIIe siècle. Leurs auteurs parcouraient les œuvres de Philon et d’Origène et enrichissaient les traités de saint Jérôme de nouvelles explications hébraïques. Cf. A. Darmesteter, Glosses et glossaires hébreux-français du moyen âge, dans Reliques scientifiques, Paris, 1890, t. i, p. 165. —Au xm « siècle, les docteurs de l’Université de Paris refondirent les interprétations hébraïques de saint Jérôme. Au lieu de les laisser disposées livre par livre, ils les rangèrent dans l’ordre

alphabétique. Ils y ajoutèrent des « glosses i>, extraites des deux opuscules de saint Jérôme, De aliquot Palsestinm. locis et Liber hebraicarum qusestionum in Genesim, t. XXIII, col. 929-1010, ou des Qusestiones hebraicœ in libros Begum et Paraliponienon, ibid., col. 1329-1402, faussement attribuées au saint docteur. Cette compilation est faite sans ordre et sans critique ; elle reproduit même les explications que saint Jérôme avait rejetées. Cf. S. Berger, Quam notitiam linguse hebraicse habuerint c.hristiani medii sévi temporibus in Gallia, Paris, 1893, p. 1-4, 16-25.

2° Les premiers lexiques hébreux proprement dits furent l’œuvre des docteurs juifs du Xe siècle. On trouve, il est vrai, dans les Talmuds les rudiments de la lexicographie hébraïque, puisque les rabbins y comparaient l’hébreu aux autres dialectes sémitiques. Mais l’histoire des véritables lexiques s’identifie avec celle de la grammaire. Or les premières études grammaticales régulières chez les Juifs furent faites par les caraïtes, qui s’attachaient au texte biblique seul (voir col. 242-245), et elles sont dues à l’influence des Arabes. On ne peut affirmer avec certitude que l’ordonnance alphabétique du lexique hébreu soit une imitation arabe ; cependant les docteurs juifs citent le dictionnaire arabe Kitàb el-’Aïn. Les docteurs caraïtes avaient fait plusieurs lexiques sous le nom de Igaron, « Collection de mots. » Nous manquons de renseignements sur la nature et la disposition des premiers lexiques hébreux. Quoique la date de leur publication ne soit pas certaine, ils sont du Xe siècle et presque contemporains. Le plus ancien est celui de Rabbi Saadia ha-Gaon. Il était écrit en hébreu, et il a dû être perdu de très bonne heure, ou du moins il n’est pas parvenu en Espagne, où il n’est cité que par ouï-dire et sous des titres différents : Tanns nsD ou rnana. Quatre autres lexiques ont été composés en arabe. Le premier, dont M. Neubauer a découvert un manuscrit dans la synagogue caraïte de Jérusalem (bibliothèque Bodléienne d’Oxford, Opp. add., fol. 25), est de R. David ben Abraham, de Fez. Ce manuscrit a 360 folios, écrits eh beaux caractères hébreux carrés. L’ouvrage, précédé d’une introduction, est divisé en deux parties, dont la première va jusqu’au > inclusivement, et la seconde du ; au n. C’est un vaste commentaire, comprenant des explications de genres très différents, et en particulier la signification géographique et ethnographique de beaucoup de noms propres de la Bible. L’auteur n’admet que des racines d’une seule lettre ; il suit l’ordre alphabétique des racines, excepté pour les noms propres. Trois autres lexicographes arabes ne nous sont connus que par la mention qu’en a laite Aben-Ezra. Ce sont : 1. un grammairien anonyme de Jérusalem, v qui admettait des racines de deux lettres et dont le dictionnaire était intitulé Al-Mouschtamil ; 2. Dounasch ben Tamim ou Adomim, en arabe AUSchefalghi, né à Kairouan, qui comparait l’hébreu aux autres langues ; 3, Jehouda ben Koreïsch, de Tàhort, en Barbarie, dont l’œuvre était très considérable.

Ces lexiques, écrits en arabe, ne pouvaient servir aux Juifs qui vivaient en dehors des pays musulmans. Dans les contrées où l’arabe n’était pas parlé, les Juifs avaient deux dictionnaires, composés en hébreu : celui de Mena’hem ben Sarouk, intitulé nruD rnana, et celui de Dounasch ben Labrat, intitulé ûm rvuwn. Ils ont été édités à Londres, en 1856, par Filipowski. Menahem était Espagnol et reconnaissait des racines bilittères. Sous chaque racine il indique d’abord ses significations diverses, puis il les explique par un autre mot, ou bien il cite seulement les passages bibliques correspondants. Dounasch avait déjà quelque notion dij système trilittère des racines hébraïques. Un caraïte, Abou Saïd Hal-levi ben Al -’Hassan al-Baçri, abrégea le grand dictionnaire de David ben Abraham. — Abou Zacarya Ya’hya ben Daoud ou Yehouda’Hadjoudj, né à Fer, mais habitant Cordoue, fut le chef d’une nouvelle école et développa