Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/735

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1405
1406
DIAMANT — DIANE

c. au ; Sota, c. ix ; Guttim, c. vi; J. Braun, Vestitus sacerdotum hebræorum, in-8°, 1680, p. 618. D’autre part, on sait que l’émeri est un corindon réduit en poudre, qui sert à polir les métaux et les pierres précieuses. Or le nom grec de ce corindon, σμίρις, et son nom égyptien, [Image à insérer] , âsmir, rappellent le šâmîr hébreu d’une façon frappante. Ces raisons permettent de croire que le nom de šâmîr s’applique de préférence à cette espèce de corindon ; mais comme il désigne une pierre très dure, il a pu ensuite se donner également au diamant, parce qu’il lui ressemblait pour la dureté et servait aux mêmes usages. C’est ce qui a eu lieu pour le mot adamas.

Quelques auteurs, à la suite d’Aben-Esta et d’Abarbanel, ont voulu identifier la pierre yaḥalôm avec le diamant. Braun, De vest. sacerd., lib. II, c. xiii, p. 688. Mais cette pierre est plutôt une espèce de béryl ou d’aigue-marine orientale, — Voir Pinder, De adamante commentatio antiquaria, in-8° Berlin, 1829 ; Clément Mullet, Essai de minéralogie arabe, in-8°, Paris, 1868, p. 99-111.

E. Lesveque.

DIANE (grec : Ἄρτεμις ; Vulgate : Diana), déesse grecque honorée dans un grand nombre de villes et en particulier à Éphèse.

1o  Pendant le séjour que saint Paul fit à Éphèse, dans sa troisième mission apostolique, éclata une émeute, excitée par un orfèvre nommé Démétrius, qui fabriquait des petits temples de Diane en argent. Cet homme souleva les artisans qui exerçaient le même métier que lui en leur disant que les discours de saint Paul ruineraient leur commerce. Act, xix, 23-27. Voir Démétrius 3, col. 4364. Ce discours remplit les artisans de colère, et ils se mirent à crier en manière de protestation : « Grande est la déesse des Éphésiens ! » Toute la ville fut remplie de confusion ; la foule courut au théâtre et y entraîna Gaius et Aristarque, compagnons de saint Paul. Lui-même voulait se rendre au même endroit, mais des Asiarques de ses amis l’en empêchèrent. Voir Asiarques, t. 1, col. 1091. Un Juif, nommé Alexandre (voir Alexandre 5, t. 1, col. 350), obtint le silence et voulut défendre ses coreligionnaires ; mais sa nationalité fut reconnue, et pendant prés de deux heures on n’entendit que le cri : « Grande est la Diane des Éphésiens ! » Enfin le secrétaire de la ville calma le peuple et leur dit : « Éphésiens, qui ignore dans le monde que la ville d’Éphèse est néocore, c’est-à-dire vouée d’une façon particulière au culte de la grande Diane tombée du ciel ? Puisque personne ne peut le contester, il faut que vous vous calmiez ; car ces gens ne sont ni sacrilèges ni blasphémateurs de la déesse. » Et il congédia l’assemblée, après avoir fait remarquer que si Démétrius et les artisans qui exerçaient le même métier que lui avaient à se plaindre, ils pouvaient s’adresser au proconsul. Act., xix, 28-40. ;

2o  Le nom de Diane ou plutôt d’Artémis appartient chez les Grecs à plusieurs divinités d’origine et de caractères différents. Ils appelaient ainsi et la déesse de Tauride, à laquelle on offrait des victimes humaines, et la Dictynna des Crétois, et l’Anaïtis des Mèdes et des Perses, et la fille de Latone, sœur d’Apollon, et la grande déesse des Éphésiens et d’autres divinités. P. Decharme, Mythologie de la Grèce antique, 2° édit., in-8°, Paris, 1886, p. 135-148 ; W.H. Roscher, Ausführlisches Lexicon der Griechischen und Römischen Mythologie, in-8, Leipzig, t. 1, 1884-1886, col. 558-608. La déesse d’Éphèse ne rappelait en rien le type élégant de beauté que les arrières grecs ont donné à la fille de Latone. C’était une statue informe, noircie par le temps, et dont la partie inférieure était couverte d’une sorte de maillot ou de bandelettes qui lui donnaient l’aspect d’une momie égyptienne. Selon Pline l'Ancien, H. N., xvi, 79, elle était en bois de vigne et percée de trous dans lesquels on versait un parfum. Cf. E. Curtius, Ephesos, in-4°, Berlin, 1874, p. 30 et 38. M. Wood, Discoveries at Ephesus, including the site and remains of the great temple of Diana, in-8°, Londres, 1877, p. 75, croit que c’était un aérolithe, qui avait une forme humaine. C’est aussi ce que paraît dire le secrétaire de la ville d’Éphèse dans le discours qu’il adresse à la foule. Act., xix, 45. Le sein de la déesse est couvert de nombreuses mamelles. De là l’épithète de πολύμαστος ou multimammia, que lui donnaient les anciens. S. Jérôme, Præfat. in Epistolam ad Ephesios, t. xxv, col. 414. La tête de la statue est couverte d’une couronne de tours ou d’un boisseau. Voir Boisseau, t. i, col. 1841. Derrière la tête est un disque, qui représente la lune. Sur ses bras rampent des lions. Les bandelettes sont ornées de têtes de taureaux, de griffons ou de béliers, de fleurs et de fruits, symboles de la fécondité. Les pieds apparaissent au bas des bandelettes (fig. 495). Voir 3. T. Wood, Discoveries, p. 266, 269, 270 ; M. Collignon, Mythologie figurée de la Grèce, in-8°, Paris, 1883, p. 113, fig. 41 ; Clarac, Musée de sculpture, édit. Salomon Reinach, in-8°, Paris, 1897, pl. 361, 562 B, 563, 1195, 1198 B et C, 1199. Près de la statue se trouvaient souvent des biches. Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, p. 10, 1. 21. Le nom primitif de la Diane d’Ephèse était Oupis. Callimaque Hymnus ad Dianam, 204 ; Macrobe, Saturnal., v, 22. D’après la légende, son culte avait été introduit par les Amazones. Pausanias, II, vii, 4 ; VIII, xi, 1. E. Curtius a démontré qu’elle n’était autre que l’Astarté phénicienne. Die griechische Gôtterlehre von geschichtlichen Standpuncte, in-8°, Berlin, 1875. Cf. G. Perrot, Histoire de l’art antique, t. iii, gr. in-8, Paris, 1885, p. 319.

[Image à insérer] 495. — Diane d’Éphèse, Musée de Naples.

Les Éphésiens considéraient Diane-Oupis comme la fondatrice de leur cité, ἀρχηγέτις. Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 1, col. i. l. 17, p. 4. C’était pour eux la grande déesse, la reine d’Éphèse. Corpus inscriptionum græcarum, n°5 2963 c, 6797 ; Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 1, col. i. l. 9-10, p. 2 ; col. vi, l. 80-81, p. 36 ; cf. col. iv, l. 48-49, p. 16 ; col. v, l. 85, p. 24 ; col. vi, l. 34, p. 30. La piété des Éphésiens à l’égard de leur divinité protectrice est attestée par les inscriptions et les médailles. Wood, Discoveries, Inser. from the gr. Theat., n° 1, col. 11, l. 24-95, p. 6 ; col. vi, l. 78-79, p. 36 ; suscriptions from the Temple of Diana, n° 47, p. 19, etc. Nombreuses sont également les médailles où la ville porte le titre de néocore de la déesse. Lebas-Waddington, Voyage archéologique en Asie Mineure, n° 147 b ; Mionnet, Description des médailles, Supplément, t. vi, p. 164, n° 561 ; cf. p.159, n° 524 ; Revue de numismatique, 1859, pl. xii, n° 4 ; Wood, 'Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 6, p. 50-52 ; G. Büchner, De Neocoria, in-8o,