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DÉSERT — DETTE


et de quelques communes traditions, ils deviennent au pied du Sinaï un peuple admirablement organisé, avec un code de lois religieuses et civiles qui subsistera sans changements à travers de longs siècles. Si Dieu a mis quelque temps sa nation choisie en contact avec la brillante civilisation égyptienne, ce n’est cependant pas au -sein de ce pays merveilleux qu’il la façonnera. Il l’amène -dans le désert, soustraite à toute influence, et la fait vraiment sienne, unique au monde. Il la nourrit d’un pain miraculeux, lui parle à chaque instant, par la voix de la sévérité et des châtiments comme par celle de la douceur et des plus brillantes promesses. Aussi n’est-il pas de souvenir plus profondément gravé dans le cœur des Hébreux, pendant tout le cours de leur histoire, que celui du désert, du Sinaï. La bonté divine d’un côté, leurs prévarications de l’autre, sont présentes à leur mémoire, et, s’ils viennent à les oublier, les poètes sacrés et les prophètes sont là pour les leur rappeler. La vieille génération sema ses ossements sur tous les chemins de cette terre de l’Égarement ; mais du désert sortit une génération nouvelle, forte, unie et prête à la conquête de la Terre Promise, si longtemps attendue.

Ce que le désert a été pour la nation elle-même, il l’a été aussi pour les âmes privilégiées, appelées à quelque grande mission. Il a toujours eu, pour les cœurs religieux en particulier, un attrait irrésistible. La solitude, en effet, rapproche de Dieu, et, en reposant l’esprit dans la méditation et la prière, en épurant le cœur, elle trempe le courage et prépare aux nobles entreprises. C’est là que Moïse vient chercher Dieu et que Dieu se révèle à lui. Exod., iii, 1. David, poursuivi par Saùl, y prend les rudes leçons de l’adversité, mais y apprend aussi d’une manière plus efficace la confiance en Dieu.

I Reg., xxiii, 14, 21, etc. ; Ps. lxii (hébreu, lxiii). Élie y cherche un abri contre les persécutions et s’y entretient avec le Seigneur. I[[ Reg., xix. JeanBaptiste y .grandit, puis il y attire les foules, qu’il baptise, instruit

  • t prépare au royaume messianique. Matth., iii, 1-13 ;

Marc, 1-8 ; Luc, iii, 1-18. Le Sauveur lui-même, au début de son ministère, y vient prier, jeûner, lutter contre .Satan, Matth., iv, 1-11 ; Marc, i, 12, 13 ; Luc, iv, 1-3, comme plus tard il conseillera la solitude, en la pratiquant. Matth., xiv, 13 ; Marc, i, 35, 45 ; Luc, vi, 12. Enfin saint Paul, après sa conversion, s’isole dans les régions inhabitées de l’Arabie, pour y recevoir les enseignements de celui qui l’a terrassé sur le chemin de

— I)amas. Gal., i, 17.

2° Le désert est l’image de la mort et de la désolation. Aussi Dieu s’en sert-il pour peindre le châtiment réservé à certaines villes ou à certaines contrées, et pour plusieurs la prophétie s’est accomplie à la lettre: Babylone, Jer., l, 23 ; Memphis, Jer., xlvi, 19 ; Bosra, Jer., xlix, 13 ; Ascalon, Soph., ii, 4 ; l’Egypte, Ezech., xxix, 9 ; l’Humée. Joël, iii, 19. C’est pour cela également que, dans la Jîible, le désert est représenté comme la demeure des mauvais esprits. Is., xiii, 21 ; Tob., viii, 3 ; Matth., xii, 43 ; Luc, xi, 24 ; Apoc, xviii, 2. Il répond, en effet, à la nature de ces êtres déchus, qui, séparés par leur faute de la source primitive de la vie, n’ont d’autre ambition que de ravager ou détruire l’œuvre de Dieu, semant sur

leurs pas la perdition et la mort,

A. Legendre.
    1. DESSAU##

DESSAU (Aecro-aoù ; Codex Alexandrinus : Ataaaa-i), village (x(i|iïi, castellum) de Judée, près duquel se rencontrèrent les troupes de Judas Machabée et de Nicanor.

II Mach., xiv, 16. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3= édit., Goettingue, 1864, t. iv, p. 419, note, pense qu’il est peut-être identique à Adarsa. I Mach., vii, 40. Nous

n’avons ici aucun renseignement précis.

A. Legendre.
    1. DETTE##

DETTE (hébreu : hôb ; massa’, de nâsâ’, « prêter, » d’où nose", « créancier ; » maSsâ’âh, de nâsàh, « prêter, » d’où nôséh, « prêteur ; » neU ; masséh ; Septante : ànai Tïiffiç, Sâvsicv, ScpEtWiiia ; Vulgate : debitum), ce qu’on est obligé de rendre après l’avoir reçu à titre de prêt. L’habitude d’emprunter de l’argent se rencontre chez les Hébreux comme chez les autres peuples. L’Écriture signale les différents usages qui présidaient aux rapports entre le créancier et le débiteur.

1° Le créancier. — Is., L, 1. Il lui était interdit de presser son débiteur et de l’accabler d’usures. Exod., xxil, 25. Il ne pouvait pas exiger plus qu’il n’avait prêté. Lev., xxv, 36, 37. Voir Usure. L’année sabbatique, durant laquelle les terres n’étaient pas cultivées, la législation imposait au créancier certaines obligations. Il pouvait exiger le payement de la dette contractée par l’étranger, mais ne devait rien réclamer à l’Israélite. L’approche de l’année sabbatique faisait hésiter le prêteur, qui redoutait un trop long délai pour le recouvrement de son avance. Mais il lui était recommandé de se montrer charitable envers son frère et de lui prêter même alors la somme dont il avait besoin. Deut., xv, 1-3, 7-10. Plusieurs auteurs ont interprété la loi en ce sens que la dette s’éteignait d’elle-même à l’année sabbatique. Cette interprétation parait excessive. S’il en eut été ainsi, on n’aurait jamais trouvé de prêteur. Il est beaucoup plus probable que l’année sabbatique imposait un simple sursis et que la créance était prorogée d’un an. Josèphe, Ant. jud., III, XII, 3, ne mentionne la remise des dettes qu’à l’année jubilaire. Dans la Mischna, Schebiilh, 10, 1, il est vrai, on prétend que l’année sabbatique éteignait les dettes, et qu’en cela elle valait mieux que l’année jubilaire. Mais on ne trouve rien dans le texte du Deutéronome qui favorise cette idée. La loi défend d’exiger le payement des dettes, parce que, cette année - là, la terre ne produit pas ses récoltes ordinaires ; mais, l’année suivante, la terre est cultivée à nouveau, et le débiteur retrouve le moyen de satisfaire aux obligations qu’il a contractées. Il est donc juste qu’il rende ce qu’on lui a prêté ; il est même dans son intérêt qu’il le fasse, s’il tient à se ménager la même assistance dans une autre occasion. Cf. Rosenmûller, Scholia in Deuleronomium, Leipzig, 1798, p. 427 ; Bâhr, Symbolik des mosaischen, cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 570 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 210 ; Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 118. La loi du Deutéronome fut toujours en vigueur. On en constate l’observation après le retour de la captivité. II Esdr., x, 31. — Dans un moment de détresse, Néhémie fit la remise de ce qu’on lui devait, et décida par son exemple les grands du peuple à en faire autant. II Esdr., v, 10, 12. — Notre-Seigneur parle, dans une parabole, d’un créancier généreux, qui remet à un de ses débiteurs cinq cents deniers et à un autre cinquante. Luc, vii, 41, 42. Il se représente ensuite lui-même comme le créancier divin, qui remet aux hommes leurs péchés. Luc, vii, 47-49. — Dans l’Oraison dominicale, le pardon des péchés est assimilé à la remise d’une dette. Matth., vi, 12. — La parabole du mauvais serviteur met en scène un débiteur à qui l’on a remis sa dette et qui, devenu créancier à son tour, maltraite indignement le compagnon qui lui doit une somme minime. Matth., xviii, 26-30.

2° Le débiteur. — Son devoir est de payer sa dette. Eccli., iv, 8. Mais il ne le peut pas toujours. Quand David se dérobait aux poursuites de Saûl, il fut rejoint à Odollam par bon nombre de débiteurs insolvables, que harcelaient leurs créanciers. I Reg., xxii, 2. Dans les temps de calamité, le créancier n’était pas-en meilleure situation que le débiteur. Is., xxiv, 2. Les relations de créancier à débiteur n’étaient pas toujours agréables. Jérémie, xv, 10, se plaint que tout le monde le maudit, bien qu’il ne soit ni créancier ni débiteur. Le débiteur chargeait de malédictions le créancier trop pressant, le créancier traitait de même le débiteur négligent.

3° Le gage. — Le créancier pouvait exiger un gage de celui auquel il prêtait. La loi prévoyait le cas, pour empêcher que la garantie fournie par l’emprunteur pauvre